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12ème Salon des Séries et du Doublage (samedi 21 novembre 2015)

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Faute de temps, je ne co-organise pas cet événement cette année, en revanche j'ai arrangé la venue de mon amie Béatrice Delfe et serai présent sur place comme bénévole. Voici le programme:


Le Salon des Séries et du Doublage  fait cette année sa 12èmeédition ! Samedi 21 novembre 2015 à la Maison des Mines (Paris Vème), les fans clubs (Friends, Les Mystères de l’Ouest, Star Trek, etc.) se réuniront en nombre pour présenter sur leurs stands ou lors de rencontres conviviales leurs séries préférées au grand public.


INFOS PRATIQUES :

Lieu : Maison des mines, 270 rue Saint-Jacques, 75005 Paris
Accès : RER Luxembourg ou Port-Royal, lignes de bus 21, 27 (arrêt Feuillantines) et 38 (arrêt Val de Grâce)
Horaires d’ouverture :Samedi 21 novembre 2015, de 10h à 18h
Prix : 3,50€ par débat
Renseignements : 06 33 69 35 45 ou www.serialement-votre.fr


PROGRAMME DES DEBATS :

-La Demoiselle d’Avignon (11h-12h30) avec le comédien Louis Velle (François Fonsalette), Frédérique Hébrard (scénariste de la série) et Michel Wyn (réalisateur de la série)

-Histoire du doublage : Apollo 13 (11h-12h30) avec le comédien Jean-Philippe Puymartin (voix de Tom Hanks), Claudio Ventura (directeur artistique) et Pierre Davanture (ingénieur du son)

- Actualités James Bond (14h-15h30) avec Philippe Lombard (Le Petit Livre de James Bond, éd. First)

-Doublage : les voix de vos séries « cultes » (14h-15h30) avec les comédiens Laëtitia Lefebvre (voix de Diane Neal dans New York, unité spéciale), Nicolas Marié (voix de Michael T. Weiss dans Le Caméléon), Patrick Messe (voix de John Noble dans Fringe) et Patrick Noérie (voix de George Clooney dans Urgences)

-Séries d’aventures françaises (16h-17h30)avec les comédiens Edward Meeks (Bob dans Les Globe-Trotters), Alain Mottet (Toussaint dans Les Compagnons de Jéhu) et Bernard Tiphaine (Adler dans Les Compagnons de Jéhu)

-Légendes du doublage (16h-17h30) avec les comédiens Michèle Bardollet (voix de Barbra Streisand, Claudia Cardinale, Bette Midler), Béatrice Delfe (voix de Susan Sarandon, Diane Keaton, Farah Fawcett) et Dominique Paturel (voix de Michael Caine, Larry Hagman, Robert Wagner)


-Invités présents sous réserve. Accès aux rencontres dans la limite des places disponibles.
-Les rencontres sont animées par Vincent Chenille (Sérialement Vôtre) et François Justamand (La Gazette du Doublage)
-Chaque rencontre sera suivie d’une séance de dédicaces d’une vingtaine de minutes.

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Adieu André Valmy...

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C’est avec une certaine tristesse que j’ai appris hier par sa famille le décès d’André Valmy mercredi 18 novembre à l’âge de 96 ans. André était une grande « gueule » du cinéma et de la télévision et une inoubliable voix du doublage français (Walter Matthau, Rod Steiger, George C. Scott, etc.). Accompagné par mon amie Christine Maline (fille du regretté Georges Aminel) j’avais eu le bonheur de déjeuner chez lui à Nice l’année dernière et de l’interroger sur sa carrière.

5 août 2014. Accueillis par la famille d’André Valmy dans le salon de son appartement niçois, nous attendons l’un des grands doyens du cinéma. Il arrive en chantant du Maurice Chevalier, œil et sourire espiègles. Une fois les présentations faites (présentations qui étaient pour Christine de lointaines retrouvailles, car elle l’avait connu étant enfant, son père et lui étant très amis), André nous ouvre en continu pendant presque trois heures le livre de ses souvenirs, parfois digressifs mais toujours vifs et précis.

« Je suis né à Paris en 1919. J’étais un vrai Montmartrois.  Montmartre à l’époque  c’était la capitale du monde, dès que vous vous trouviez dans le IXème arrondissement c’était déjà la province. »
Adolescent passionné d'ébénisterie et de peinture, André étudie aux Arts Déco. C’est un copain de collège qui le traîne un jour au Cours Mihalesco, rue de Douai. André ne veut absolument pas devenir comédien, mais Mihalesco insiste et lui propose même de venir gratuitement. Il intègre ce cours et y reste deux ou trois ans, aux côtés notamment de René Arrieu.
« Je suis donc devenu comédien absolument par hasard. Mon père était concierge au Théâtre Antoine –d’où mon deuxième prénom- mais ne voulait pas de comédiens dans la famille. Gaby Morlay qui passait en vedette au théâtre lui avait proposé de m’aider mais il avait refusé ».
Lors de l’une de ses premières participations artistiques, André Dugenet change de nom. « On m’a demandé comment je m’appelais. Je trouvais que Dugenet était un nom de vieux con, alors j’ai dit au hasard « Valmy » car j’étais passionné par l’Histoire. ».  « J’ai même mon quai »ajoute-t-il avec malice.

A. Valmy, jeune élève au Cours Mihalesco
Repéré lors d’une audition du Cours Mihalesco devant des professionnels, il tourne à la piscine de la Jonquière (Paris) le rôle d’un juif assassinant un officier allemand dans le film Mein Kampf, mes crimes (1940), pamphlet anti-Hitler qui sort peu de temps avant l’invasion allemande.
Au début de la guerre, André se marie avec Lorette Gallant, jeune comédienne qui est peut-être l’une des toutes premières « speakerines » de l’histoire de la télévision française car elle présentait cette invention lors de l’Exposition universelle de 1937. « Nous nous sommes mariés sous Pétain, donc sous l’Etat Français. Cinq ou six ans plus tard, après-guerre, je suis allé voir l’adjointe au maire et lui ai dit « Je veux être marié sous la République » ».

En 1944, il va voir René Simon et lui demande de l’aider à passer le concours d’entrée du Conservatoire qui a lieu quelques semaines plus tard, travaille L’école des femmes et Tartuffe. Il est admis comme auditeur et y reste trois mois. « On m’a proposé d’entrer au Théâtre de l’Odéon et au TNP mais j’ai refusé, pas pour rester « indépendant » mais parce que j’étais dépendant à une autre vie. »
Il fréquente le groupe Octobre : Yves Montand, Simone Signoret, et Gérard Philipe, avec qui il tourne dans la baie de Somme dans Une si jolie petite plage (1949) et qui devient l’un de ses meilleurs amis.
« Je suis venu à son chevet alors qu’il était mourant après avoir chopé sa maladie au Mexique. Quand il est mort nous sommes recueillis auprès de lui. Sa femme ne voulait pas qu’on sache qu’il était enterré dans le costume du Cid. Dans la chambre on avait piqué un mec qui essayait de prendre une photo, et on l’avait foutu dehors. En bas de chez lui il y avait un bar. Je vois Maurice Herzog qui me demande « Alors, il était dans le costume du Cid ?  Tu sais que si tu arrives à prendre une photo comme ça, ça vaut un million ! » Je lui ai répondu « Ne compte pas sur moi ». »

André Valmy, joue beaucoup au théâtre, pour les plus grands metteurs en scène (Raymond Rouleau, Jean-Louis Barrault, Jean Vilar).  Son meilleur souvenir : Antigone d’Anouilh au Théâtre de l’Atelier. « C’était intéressant, et puis c’est là que j’ai appris que je venais d’avoir une petite fille. »

Il se considère plutôt comme un acteur instinctif : « J’avais eu un prix, la Sirène d’or, au festival de Monte-Carlo. Le soir au théâtre, mon copain William Sabatier avait noté sur le tableau de service : « Valmy, le con d’or déplumé ». J’ai toujours eu l’air d’un con, je ne raisonnais jamais comme un acteur intelligent, une fois j’en ai parlé à Simone Signoret, elle m’a dit « Du moment que tu t’en aperçois ». »
A propos de notre ami William, André raconte : « Il avait créé Rhinocéros de Ionesco. Un jour, son imprésario l’appelle : « Dites-moi, Sabatier, vous êtes spécialiste des rôles d’animaux ? » ».

Au cinéma, il joue le patron de pêche Le Guellec dans Si tous les gars du monde (1956), tourné en studio mais aussi en bateau, au large pour ne pas qu’on voie la côte. Outre sa première réplique de tournage (« Occupe-toi de ton treuil ! ») les anecdotes ne manquent pas.
« Lorsque nous sommes partis pour la première fois en mer, un comédien qui jouait un matelot a dit « Le premier qui dégueule paye son verre »… et c’est lui qui a payé ! ». André tient bon, et c’est en rentrant qu’il a le mal de terre. « On puait tout le temps le poisson. Un jour on tournait en studio. Les marins triaient le poisson sauf qu’avec la chaleur les ventres étaient gonflés et éclataient, ils ont dû prendre du poisson  plus frais. »
Sur le bateau, les conditions sont difficiles, mais heureusement l’humour est au rendez-vous. « Un jour, l’ingénieur du son demande qu’on coupe le moteur pour capter le son des mouettes. Evidemment quand le moteur s’éteint, les mouettes se barrent. Et là on l'entend crier : « Revenez, connasses ! » »
André garde aussi un souvenir ému de la fois où ils ont hissé pour le tournage des signaux de détresse et qu’un bateau s’est détourné pour leur porter secours.

En dehors de ce rôle marquant (mais son meilleur souvenir de tournage est Les démons de l’aube avec Georges Marchal et Jacques Dynam), André enchaîne les rôles de flics et de gangsters pour la télévision et le cinéma, notamment dans Maigret tend un piègeavec Jean Gabin. « On attendait en studio dans une espèce de hangar et Gabin me dit « -Mais tu es marié toi ? » «- Oui » « -T’as des gosses ?» « -Deux » « -Moi aussi. Ca coûte cher » ».
André Valmy côtoie tous les grands personnages de cette époque comme Julien Carette. « Dans Une si jolie petite plage, on avait laissait Carette faire un tour lors d’une pause, et il s’était mis à faire tous les bistrots à trente kilomètres à la ronde. Il mettait un temps fou à revenir. On l’avait retrouvé en train d’embêter des religieuses « Vous allez vous faire enculer, ma sœur ! ». Il aimait faire des « tartines » aux prêtres. »

Chez André Valmy, cinéma et vie, fiction et réalité, se mélangent toujours dans ses anecdotes… « Un jour je tournais un clochard dans un film au bord de la Marne . A la pause déjeuner, en costume, je trouve enfin un resto. Il n’y avait pas un chat. Je dis « Y a quelqu’un ? ». Le restaurateur arrive stupéfait « -C’est pourquoi ? » « -Déjeuner » «-Vous avez de l’argent ?» ».
Une autre fois, habillé en douanier belge avec son copain Yves Deniaud pour un tournage, il passe la frontière dans une 2 CV immatriculée à Paris, à la stupéfaction des vrais douaniers.
Autre souvenir : celui de ce tournage dans une authentique prison espagnole. « Je jouais le directeur de la prison, au Carcel modelo. Je me trouvais avec des lunettes noires au milieu de vrais prisonniers. A un moment on nous a dit « Ne venez pas demain matin ». Il y en avait un qui avait été tué par d’autres prisonniers et tous faisaient du bruit avec des casseroles pour ne pas que les gardiens l’entendent crier. »

A la télévision, outre les éternels rôles de policiers, il narre Les Enigmes de l'Histoire et joue dans de nombreux téléfilms historiques, fier d'incarner -entre autres- Georges Clémenceau. 

Montage des voix d'André Valmy (réalisé par Le Monde du Doublage Français)


C’est par son ami comédien Jean Brochard qu’André Valmy se lance dans le doublage au début des années 50. « A l’époque, on faisait du doublage avec du gasoil » blague-t-il.
Walter Matthau
On lui confie des grands seconds rôles, pour des personnages souvent durs et autoritaires, mais non dénués de fantaisie. Il prête sa voix grave notamment à Walter Matthau (qu'il a adoré doubler dans une quinzaine de films dont Drôle de couple, et L’amour en équation où il emploie un accent juif plein de subtilité pour doubler Albert Einstein), George C. Scott (qu’il a un jour retrouvé sur un tournage), Rod Steiger (Il était une fois la révolution), Karl Malden (La Conquête de l’Ouest), Robert Shaw (Les dents de la mer), Alberto Sordi (« acteur difficile à doubler »), Lee Van Cleef, etc.

Il garde un souvenir particulier de cette scène du Bon, la brute et le truand (1966) dans lequel il double le Capitaine (Aldo Giuffrè) qui veut voir sauter le pont avant de mourir. « C’est énorme que vous soyez assis à ma table alors que je fais sauter des ponts ! »
André double également Anthony Quinn dans plusieurs films. « Pour La Bataille de San Sebastian, Jacques Willemetz qui dirigeait le doublage me dit « Je ne veux absolument pas de Djanik ». Je téléphone à Djanik, qui me dit « Fais ce que tu veux ». J’accepte après avoir négocié mon cachet et re-demandé l'avis de Djanik. Et pendant tout le doublage le metteur en scène du film, Henri Verneuil, faisait la gueule car il voulait Henry Djanik qui était arménien comme lui. »

André Valmy se souvient des directeurs artistiques de doublage de sa génération: Richard Heinz (qu'il aimait beaucoup), Maurice Dorléac (« Le père de Catherine Deneuve et Françoise Dorléac. Chiant comme la pluie, il disait tout le temps « ferme le sens ». ») ou encore Gérald Castrix qui le dirigeait dans Bons baisers de Russie (1963): « Ils’absentait souvent en urgence pour envoyer des courriers, tout le monde le soupçonnait de travailler pour les renseignements Russes. ». Preuve une fois de plus que dans la vie d’André Valmy, la réalité et la fiction n’ont jamais cessé de se croiser.

Même s’il prête sa voix à plusieurs personnages de dessins animés (le Chasseur dans Blanche Neige et les sept nains (doublage de 1962), le Morse dans Alice au pays des merveilles (doublage de 1974), McLeach dans Bernard et Bianca au pays des kangourous (1990), etc.), ce type de doublage l’intéresse moins, et il préfère rendre hommage au maître en la matière, à savoir Roger Carel. « Un jour j’ai fait un doublage au milieu de Roger et d’un autre comédien qui prenaient l’accent chinois, je n’ai pas pu m’empêcher d’éclater de rire. »

Quand on lui demande ce qui lui a apporté le doublage : « Je ne m’embêtais pas au doublage, j’avais des rôles intéressants. J’obéissais complètement au jeu de l’acteur que je doublais, en essayant techniquement de lire à chaque fois à l’avance les répliques pour que ça s’enchaîne. Ma carrière c’est à peu près 70% de doublage, 20% de théâtre et 10% de cinéma/télévision ».
A propos des acteurs et du doublage: « Un jour, je parle de doublage à Michel Bouquet, comédien extraordinaire, que j’ai vu applaudi par toute une salle  alors qu’il apparaissait en officier SS. Il est entré avec moi dans un studio de doublage, a regardé comment ça se passait, et m’a dit « non je ne ferai jamais ça » ».

En cinquante ans d’activité (« A mes début au Syndicat des acteurs, on n’était que dix »), il a vu le métier évoluer, les conditions d’enregistrement se détériorer « Avant on mettait au moins une semaine pour doubler un film, maintenant c’est de plus en plus court ». Quand j’évoque avec lui l’existence d’ « écoles du doublage » (et notamment celle de Jenny Gerard), il se souvient que l’exploitation de jeunes comédiens a toujours existé. « Un jour en arrivant au studio d’Epinay je vois au moins trente inconnus dans la salle d’attente, des jeunes des vieux. Je vois sortir Jean Droze de l’auditorium « Vous ! vous ! vous !-ah non, pas toi, Valmy- Vous ! » et désigner au hasard des acteurs pour faire des ambiances. Ils étaient traités comme des chiens, venus dès 9h du matin tout en n’étant même pas sûr de toucher le moindre cacheton dans la journée »

Fin des années 90, André Valmy arrête progressivement le doublage, de moins en moins sollicité et souffrant de problèmes de vue de plus en plus importants. Il se retire à Nice auprès de sa fille Jane.

C’est à elle, ainsi qu’à Pierre, Marie-Frédérique, Sébastien et toute la famille que je pense en ces moments difficiles.


Votre serviteur avec André Valmy
(Nice, août 2014)
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A voir à Paris avant ou pendant les fêtes...

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Quelques "bons plans" de sorties pour applaudir des artistes amis de "Dans l'ombre des studios" avant ou pendant les fêtes...


-Il ne reste plus que quatre dates pour assister à la Comédie Bastille à la pièce Adolf Cohen de et avec l'ami Jean-Loup Horwitz, accompagné par la formidable Isabelle de Botton. Une magnifique fable humaniste qui raconte à la fois avec gravité et légèreté l'histoire d'un enfant juif des années 30, baptisé pendant la guerre puis militant pacifiste en Israël. 

-C'est l'une des plus merveilleuses chanteuses de comédies musicales et de doublages (Blanche Neige et les sept nains, Il était une fois, etc.), Rachel Pignot est à l'affiche dans plusieurs spectacles en ce moment, parmi lesquels:
  • Les Frangines chantent les Soeurs Etienne, dans lequel elle s'attaque avec sa soeur Rosalie Symon au répertoire frais, swing et délicieusement désuet des Soeurs Etienne, qui ont enchanté la France de l'après-guerre. Accompagnées par trois excellents musiciens, avec des harmonies et un style fidèles aux enregistrements de l'époque. Un spectacle qui fait beaucoup de bien...
  • Dans Au bar de l'Estran, Rachel revisite avec Emmanuel Depoix tout un répertoire de chansons méconnues ou oubliées rendant hommage aux marins et à la mer. Un beau et fort spectacle...
-Ténor américain incontournable des productions internationales d'opéras et de comédies musicales, Scott Emerson est également chanteur soliste du Spirit of Chicago Orchestra, orchestre dont la particularité est de reprendre des grands airs américains des années 20/30 dans leur orchestration d'époque, avec ce son si particulier. C'est incroyablement bien réalisé, et leur prochain concert présente les airs de Singin'in in the rain (dans leurs tous premiers arrangements, bien avant le film de 1952 avec Gene Kelly). Vendredi 18 décembre au Petit Journal Montparnasse.

-Singin' in the rain est justement à l'affiche du Théâtre du Châtelet actuellement dans une sublime production, et l'ami Michel Mella fait partie de la distribution (comme doublure du rôle de Roscoe Dexter), ainsi qu'Emma Scherer.

-Patrick Floersheim reprend (en alternance avec Jean-François Vlérick) avec Céline Duhamel au Théâtre du Ranelagh Le Manuscrit de Rembrandt qu'il avait créé il y a quelques mois à l'Essaïon. Un très beau spectacle sur la vie et les questionnements d'un immense artiste.

-Il a réalisé les arrangements et accompagné au piano les artistes de ma soirée Mélodie Cocktail: Hommage aux grandes voix des doublages Disney, le brillant Mathieu Serradell est actuellement dans la fosse d'orchestre de Cats au Théâtre Mogador comme clavier et directeur musical adjoint.

-Révélée par "The Voice" il y a quelques mois (mais déjà reconnue depuis plusieurs années par les amateurs de jazz, de comédies musicales et de belles voix), Mathilde chante un Noël aux rythmes swing avec l'excellent Clément Brajtman le 21 décembre à la Péniche Marcounet. 

-Les 28, 29 et 30 décembre, Mathieu Becquerelle (qui a chanté en duo avec José Germain, Michel Prud'homme et Bénédicte Lécroart lors de mon Mélodie Cocktail) chante avec le groupe Opus Jam au Vingtième Théâtre. Les grands titres de la Motown interprétés a cappella.

-Mon ami Jean-Luc Jelery, grand historien de la comédie musicale, sort la 2ème édition de son excellent livre Le Musical - Propos sur un art total. Une belle idée de cadeau pour les fêtes.

-Enfin, Broadway Melody, projet que j'ai accompagné dès ses débuts et programmé à L'Auguste Théâtre a bénéficié dimanche dernier d'un concert à la Maison de la Radio, diffusé en direct sur France Musique. Vous pouvez réécouter l'émission ici. Les oeuvres de Leonard Bernstein à l'honneur, avec la participation de Lauren Van Kempen, Scott Emerson, Christine Buffle, Maxime de Toledo et Mathieu Serradell dans une émission présentée par Laurent Valière.


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A voir en ce moment...

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Actualités scéniques de quelques talentueux amis de "Dans l'ombre des studios":

Sa voix et sa présence sur scène sont exceptionnelles. Marie Ruggeri est à partir du 25 janvier à l'affiche de Femmes en dangerà l'Essaïon. La comédienne et chanteuse, qui a prêté sa voix à de nombreuses versions françaises (voix chantée d'Audrey dans La Petite Boutique des Horreurs, de Peg dans La Belle et le Clochard, de Georgette dans Oliver et Compagnie, etc.) nous propose un spectacle musical engagé contre les violences faites aux femmes.

Christine Buffle et Lauren Van Kempen seront à l'affiche de Kiss me Kate au Théâtre du Châtelet du 3 au 12 février. Un spectacle qui promet d'être particulièrement réussi, comme la plupart des récentes productions du Châtelet (The King and I, An American in Paris, Singin' in the Rain, etc.). Par ailleurs Patrick Niedo (historien de la comédie musicale) présentera le 28 janvier à 13h une conférence (gratuite) sur le spectacle.

Clotilde Chevalier, toute la troupe de la comédie musicale Cabaret Jaune Citron et leurs invités vous proposent deux représentations exceptionnelles d'Un nouvel an jaune citron (extraits du spectacle et nombreuses surprises) dimanche 7 février (15h et 18h) à L'Auguste Théâtre, pour fêter le Nouvel An vietnamien.

Elle a conquis le public avec son interprétation d'"Au bout du rêve" (La Princesse et la Grenouille) lors de la soirée Dans l'ombre des studios: Mélodie Cocktail, Candice Parise sera en tête d'affiche du nouveau spectacle d'Holiday on Iceà partir de mars.

Comédienne rayonnante mais aussi sculptrice et artiste peintre inspirée, Hélène Otternaud expose trois de ses sculptures à l'ACERMA (22 quai de Loire, Paris) jusqu'au 22 janvier.

Elle est l'une des plus grandes actrices françaises, mais c'est aussi une amie et un soutien. Françoise Fabian est à l'honneur dans un cycle qui lui est consacré sur la chaîne Ciné+ Classic. Ce soirà 20h45, ne ratez pas L'Américain (1969), film qui avait été réalisé par son mari Marcel Bozzuffi et qui n'a jamais (ou presque) été diffusé à la télévision. Outre Françoise, vous pouvez y voir d'autres amis (comme Philippe Dumat) et grandes voix du doublage français (Marcel Bozzuffi, Nicole Vervil, Georges Aubert, Jacques Chevalier, etc.).

A la télévision également, Alain Chennevière (voix de basse du groupe Pow woW) sera dans Les années bonheur (de Patrick Sébastien) samedi 16 janvier pour annoncer le retour de Pow woW sur scène. Le groupe accueillera un nouveau membre (pour remplacer Ahmed Mouci, mobilisé dans d'autres projets): Laura Mayne, chanteuse du duo Native et voix chantée de Pocahontas.

Enfin, je ne l'avais pas mentionné lors de mon dernier article, mais une compilation CD des plus belles chansons de Lucie Dolène (éternelle voix de Blanche Neige et de Madame Samovar) est sortie chez Marianne Mélodie.



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2ème Printemps des Séries et du Doublage

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Samedi 9 avril 2016 se tiendra à Paris le 2ème Printemps des Séries et du Doublage, organisé par mes amis de l'association Sérialement Vôtre.

Au programme, deux rencontres:

-15h: Engrenages (animée par Vincent Chenille) avec Fred Bianconi (comédien), Virginie Arnaud (cascadeuse) et Frédéric Jardin (réalisateur)

-16h45: Les belles voix du doublage (animée par François Justamand) avec les comédiens Marie-Martine, Laura Préjean et Xavier Fagnon

Chaque rencontre sera suivie d'une séance de dédicaces.

Horaires d'ouverture: 14h-19h
Lieu: Centre d'animation Paul Valeyre, 24 rue de Rochechouart, 75018 Paris
Prix: 4,24€ par débat 
Réservation conseillée ici


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Dans l'ombre des studios fête son non-anniversaire

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J'ai l'immense bonheur de vous annoncer que la prochaine soirée-concert "Dans l'ombre des studios" en hommage aux grandes voix des doublages Disney se tiendra lundi 18 avril 2016 à 20h au Vingtième Théâtre (Paris). 
Une grande partie des invités du "Mélodie Cocktail" de mars 2015 sont de retour, rejoints par quelques nouveaux venus de grand talent. Voici toutes les infos:

Blog consacré aux « voix de l’ombre » du disque et du cinéma (comédiens et chanteurs de doublage, choristes studio, etc.), « Dans l’ombre des studios » vous propose une soirée-concert  exceptionnelle en hommage aux grandes voix des doublages Disney.

Présentés par Rémi Carémel et accompagnés au piano par Mathieu Serradell, une vingtaine d’interprètes (voix françaises des dessins animés de votre enfance et talents de la comédie musicale) vous entraînent dans un tourbillon musical, convivial, culturel et multigénérationnel.  En un mot : supercalifragilisticexpialidocious !

« Rémi Carémel a organisé une telle osmose que tout producteur devrait en être jaloux ou, plus fraternellement, être en admiration devant un tel travail, une telle imagination et finalement une telle envie de partager. […] Voir les artistes aussi heureux d'être sur scène est encore plus vivifiant que dix jours dans une thalasso de luxe! »(Patrick Niedo, historien de la comédie musicale)


Avec, par ordre alphabétique, la participation de 
Mathieu Becquerelle (groupe Opus Jam), 
Quentin Bruno ("Next thing you know", The Highlander Pub), 
Jacques Ciron (voix du Chapelier Toqué dans "Alice au Pays des Merveilles"),
Jean-Claude Donda (voix de Winnie l'Ourson dans "Winnie l'Ourson"), 
Michel Elias (voix de Pumbaa dans "Le Roi Lion"),
Paule Emanuèle (voix de la Reine de Coeur dans "Alice au Pays des Merveilles"), 
Scott Emerson ("Into the woods", Théâtre du Châtelet),
Sophie Faguin ("In short", L'Auguste Théâtre),
José Germain (voix de Scat Cat dans "Les Aristochats"), 
Vincent Gilliéron ("Alice la comédie musicale", Vingtième Théâtre), 
Bénédicte Lécroart (voix de Belle dans "La Belle et la Bête"), 
Mathilde (The Voice 2015), 
Michel Mella (voix de La Rocaille dans "Le Bossu de Notre-Dame"), 
Julien Mior ("Aladin le musical", Théâtre Comedia),
Dominique Paturel (voix de Robin dans "Robin des Bois"), 
Christophe Peyroux (voix de Sébastien dans "La Petite Sirène"), 
Rachel Pignot (voix de Blanche Neige dans "Blanche Neige et les sept nains"), 
Patrick Préjean (voix de Tigrou dans les "Winnie l'Ourson"), 
Michel Prud’homme (voix de Zazu dans "Le Roi Lion"), 
Claude Rollet (voix du Lièvre de mars dans "Alice au Pays des Merveilles"), 
Manon Taris (Belle dans "La Belle et la Bête", Théâtre Mogador), 
Barbara Tissier (voix de Jessie dans les "Toy Story")
et Lauren Van Kempen ("Kiss me Kate", Théâtre du Châtelet)

Direction artistique et présentation : Rémi Carémel
Direction musicale et piano : Mathieu Serradell
Remerciements particuliers à Pascal Martinet et Emilie Guitton (Vingtième Théâtre), Greg Philip (captation, bande-annonce et montages sonores), Philippe Timmerman (captation), Stéphane Parphot (graphisme et photos), Gilles Hané (collaboration artistique), Marie Hasse (L’Auguste Théâtre) et Richard Darbois (voix-off bande-annonce)

Lundi 18 avril 2016 à 20h
Vingtième Théâtre
7 rue des Plâtrières
75020 Paris

Tarif unique : 21€
Réservation conseillée (SRC Spectacles au 01.48.65.97.90 ou points de vente habituels)

Coréalisation : Vingtième Théâtre et Dans l’ombre des studios
http://danslombredesstudios.blogspot.fr/



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Mémoires de José Bartel (Partie 1)

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Musicien, chef d'orchestre, directeur artistique, comédien, chanteur, etc. José Bartel (voix de Guy dans Les Parapluies de Cherbourg et du Roi Louie dans Le Livre de la Jungle) était un artiste à multiples facettes. 
Quelques mois avant sa disparition en 2010, il avait fini d'écrire ses souvenirs (intitulés: Faire comme si... Ou l'enrichissante mais peu lucrative balade d'un mec qui avait les dents trop courtes), que je vous propose de découvrir ici en exclusivité sous la forme d'un "feuilleton", publié avec l'aimable autorisation de sa veuve, Norma, et de son fils, David.


"Afin de célébrer son anniversaire et ses soixante quinze années de Musique, nous sommes heureux et fiers d’accueillir ce soir, accompagné de sa grande formation,  une authentique Légende du Jazz.  Un incomparable musicien et chef d’orchestre qui, il y a bien des années, nous a fait l’honneur de bien vouloir donner son nom à ce club.   
Mesdames, Messieurs, Ladies and Gentlemen, Monsieur…. LIONEL HAMPTON !"

Sous les chaleureuses ovations du public,  l’orchestre attaque aussitôt les premières mesures de « Flying Home » l’indicatif fétiche de Lionel Hampton tandis que la salle entière, debout, accueille le nonagénaire qui aidé  par sa secrétaire/infirmière, traverse l’assistance en chaise roulante pour rejoindre ses musiciens sur le podium. Tout au long de cette émouvante réception s’opérera,  là,  sous nos yeux, une impressionnante métamorphose.  
Avec pour apothéose l’instant où, retrouvant son inséparable vibraphone, le vieil homme va sourire, (et quel sourire !) saisir ses mailloches .. et se mettre à jouer.  Littéralement en extase, « Hamp » a retrouvé ses 30 ans !  Il est heureux, nous aussi, et le concert peut vraiment commencer….
Il est près de 23 heures ce soir de mars 1999 au Jazz Club Lionel Hampton du Méridien Etoile, mais pour moi, directeur artistique et programmateur du Club à l’époque, si l’endroit, l’heure, le son et surtout, le Swing phénoménal du Big Band font parties du présent, d’autres images me reviennent simultanément en mémoire.  Des images du passé, de la Libération de Marseille.  Des bouffées de musique aussi. Evoquant « Little Joe » la mascotte des black G.I’s du Sixth Port Battalion U.S. Ces « américaings » de Marseille qui m’ont fait connaître le Jazz et appris à le chanter. Sans parler d’une initiation à la batterie qui par la suite, leur a permis d’occasionnellement me laisser jouer avec le Big Band,  des adaptations de succès de l’époque. Comme justement Hey ba-ba-re-bop ou bien  Flying Home !   

Marseille… beaucoup d’amitié, beaucoup d’espoir…. 
Près de douze années avant ma période  américano-marseillaise d’initiation à la musique,  il y eût Lille où je suis né en février 1932 pour presque aussitôt, me retrouver à Strasbourg. Strasbourg, un souvenir cher à mon cœur,  que j’associerai toujours à mes grands parents maternels auprès desquels, je passerai la plus grande et plus heureuse partie de ma petite enfance … Je ne dois donc pas avoir loin de sept ans lorsque Papa, Maman et moi, sommes enfin réunis à Paris comme une « vraie famille ».  Hélas, ces retrouvailles ne se révéleront que temporaires  puisque bientôt ce sera la Guerre, l’Occupation et en 1941, le départ de papa en zone dite "libre". C’est-à-dire pour Lyon, où il se devait  d’assurer un contrat de plusieurs mois avec son orchestre . Ce qui inévitablement, s’est traduit pour maman et moi, par un nombre imprévisible de semaines d’attente avant d’être à nouveau réunis tous les trois.   Autant pour l’équilibre de la famille …  
Bien que malheureusement justifiés par la difficulté de trouver du travail en France durant l’occupation, ces éloignements forcés et répétés contribueront pour une part importante à l’inévitable détérioration de nos liens et fatalement, selon la formule consacrée - loin des yeux etc.. - Papa rencontrera finalement « quelqu’un » et très vite, ce sera le prévisible et implacable éclatement de notre petite famille. Mes parents se quittent.. Nous sommes en 1941.

Près de trois ans après la séparation, en 1943, nous vivrons une autre péripétie  Mamele et moi. Un bouleversement dû au fait que bien qu’étant établis à Marseille, Papy et sa compagne ont à présent l’intention de remonter sur Paris et proposent à Mamele de reprendre la location de leur appartement situé à deux pas de la Canebière. Et pourquoi pas ? Peut-être est-il temps maintenant d’accéder tant que faire se peut, au statut de marseillais d’adoption ?  Le quotidien se chargeant quant à lui, de doucement mais sûrement transformer le Gone que je suis, en Niston  presque authentique ? En dépit d’un léger handicap imputable à mon accent « pointu »,  je n’ai toutefois jamais ressenti comme absolument indispensable de prétendre avoir « l’assent de la Belle de Mai » pour me faire adopter par les collègues de la rue Paradis. Alors c’est parti !  
De toute façon et sans  « galéjer » (blaguer, en marseillais),  décrire ce début de vie suivi d’un parcours relativement mouvementé me paraît si difficile à  raconter, comme ça, en quelques pages, qu’il est peut-être préférable d’en rester là ....Quoique….  Vous avez un moment ? 

JOSE , JEANNE …ET PETIT JOSE !!!

Quelles circonstances, quel lien le destin a-t-il choisi pour faire se rencontrer une jeune alsacienne, Jeanne Bartel, fille de Max Bartel, maître ouvrier en ferronnerie d’art,  et José Bandéras,  fils d’un ancien esclave, le Général Quintin Bandéras, devenu l’un des héros de la Guerre d’Indépendance Cubaine ?  Il semblerait que se soit la musique qui ait rempli cet office. En effet, rien ne serait arrivé si le futur auteur de mes jours, au lieu de partir pour l’Europe en 1931 (comme saxophoniste dans un orchestre devant se produire à Paris à l’occasion de l’Exposition Universelle) s’était sagement contenté de  rester à Cuba ? Et si par la suite maman n’était pas venue avec ses copines vendeuses, danser au son de cette « formation exotique » lors de sa tournée en France et son passage à Strasbourg ?   Eh bien ma petite musique à moi n’aurait jamais existé !  
Mais au contraire, tout ne faisait que commencer puisque le bateau du retour reprit le  chemin de Cuba avec à son bord, tous les éléments de l’orchestre moins un :  José Bandéras !  Jeanne pour sa part, ne tarda pas à rejoindre son « fou de musique » à Paris où José tentait de monter sa propre formation. Comment ne pas prévoir que l’ ensemble de ces « circonstances » aurait  pour résultat, la venue au monde le 24 février 1932 d’un « petit José » et par la suite, Josele pour les intimes connaissant l’alsacien ! 
Concernant l’Etat Civil, se sera un peu plus compliqué car mes parents étant d’incorrigibles célibataires, je porterai pour le reste du monde (bien qu’officiellement reconnu par mon cubain de père) le nom de : Bartel Jean José, fils de Jeanne Bartel  (vendeuse) et José Quintin Bandéras (musicien).   
Quoiqu’il en soit, dès les années 1933, la toute première formation musicale de papa s’étant acquis une honnête réputation dans le métier, une rapide succession d’engagements s’ensuivit. nécessitant pour mes parents, de fréquents déplacements en France comme à l’étranger. Fâcheusement , ces absences trop répétées eurent cependant pour conséquence un manque pratiquement permanent de cellule familiale. Un besoin affectif heureusement compensé par le fait qu’une partie importante de ma toute première enfance se soit passée à Strasbourg chez mes très chers grands parents maternels. Tout deux Français de fraîche date du fait que grand père (d’origine prussienne) et grand mère (native du Duché de Bade) avaient chacun choisi d’opter pour la France à la fin de la guerre de 1914/18. Une option qui à la fin du conflit, était offerte aux allemands de souche afin qu’ils puissent maintenir en tant que nouveaux citoyens français, leurs patrimoine et leur famille en Alsace.
Une heureuse disposition qui plus tard,  permit à mes parents (les engagements à l’étranger étant devenus trop fréquents) de me confier sans souci à la garde de mes merveilleux « Papapa » et « Mamama » ! C’est ainsi qu’entre cinq et sept ans, à Strasbourg,  je pratiquerai le plus naturellement du Monde :  le français à l’école, l’alsacien dans la rue … et  l’allemand  à la maison ! 
 Une situation d’exception ne pouvait cependant pas devenir la règle sous peine d’altérer tôt ou tard, les relations entre mes parents et la famille. Il devenait donc important d’écarter toute éventualité d’embarras. Et surtout, je pense, stabiliser « petit José » tant sur le plan scolaire qu’affectif. En raison de quoi, Papy et Mamele (Mamele : Petite Maman en alsacien. Papy : Comme nous appelions papa à la maison !) optèrent finalement (sage décision) pour une diminution raisonnable des tournées à l’étranger et notre installation définitive à Paris. 

Il était temps car nous étions en 1939. C’est-à-dire la période précédant la Deuxième Guerre Mondiale, la défaite et finalement, l’occupation de la France par l’armée allemande. Un mauvais rêve qui pour moi, aurait pu se terminer en cauchemar si les origines cubaines et spectaculairement africaines de ma famille paternelle avaient été connues des tenants de l’idéologie nazie ou de leurs zélés collaborateurs… Par bonheur, la chance voulut qu’un hasard génétique fasse que je naisse avec le teint clair et des cheveux bruns mais « seulement » ondulés. Alors, va pour le type méditerranéen !

Paris, juillet 1941… Ce sera tout de même l’Exode tant redouté car avec Mamele,  nous allons devoir quitter la rue des Trois frères pour rejoindre Papa à Lyon.  Est-il besoin de le dire, la perspective d’être tous trois réunis à nouveau provoque chez Mamele un sentiment de joie et de bonheur.  Tout en ayant conscience sachant qu’il lui faudra bientôt, dominer un autre sentiment. Désagréable celui-là : La Peur. 
La sourde appréhension d’avoir pour cela à franchir clandestinement et à travers prés, la ligne de démarcation accompagnée d’un enfant d’à peine neuf ans.
              
Véritable frontière divisant la France en deux, la ligne de démarcation s’avérait de plus en plus risquée à passer pour qui voulait quitter la partie occupée par les allemands dans le but d’accéder à la zone sous contrôle du Gouvernement de Vichy. 

Notre départ de Paris m’inspira également des sentiments mitigés, bien que n’ayant bien sûr aucun rapport avec les réalités. D’une part,  la déception de ne plus voir mes copains de la rue Foyatier  (la communale située en bas, juste à coté du funiculaire du Sacré Cœur) et de l’autre, l’excitation de la découverte de l’inconnu et de ce que je pensais être : L’Aventure.
Seulement voilà. Avec l’inconscience des mômes de mon âge, je ne savais pas encore que la Guerre, c’est particulièrement dégueulasse et surtout pas une « Aventure »... comme au cinoche.


LYON…  

Est-ce parce qu’elle déconcerte par un premier aspect froid et austère vite démenti, par un humour, une générosité et particulièrement, un accueil convivial et chaleureux (pour ceux qui ne la regardent  pas « de haut »),  que j’aime cette ville ? Je ne saurais le définir avec précision. Quoiqu’il en soit,  Lyon évoquera toujours pour moi, une immense « traboule » (Dédales connus des seuls lyonnais, permettant de pénétrer dans un immeuble et de passer dans
une autre rue sans être vu grâce à l’utilisation de couloirs et de courettes intérieures) grâce à laquelle, pour éviter la pluie, on franchira le porche d’une maison pour re-sortir plusieurs immeubles plus loin dans une autre rue bénéficiant  (avec un peu de chance) d’un petit brin de soleil ! En fait, la partie lyonnaise de mon enfance semble avoir été conforme à ce schéma : La pluie suivie du soleil.  
Pour la pluie :  La séparation de mes parents et les « galères » que subissait Mamele.  La nécessité plusieurs soirs par semaine de traverser le Pont de la Guillotière accompagné de mon ukulélé (sorte de mini-guitare hawaïenne à quatre cordes), pour  faire la « manche »  dans les restaurants « marché noir ». Le contact avec les trafiquants parvenus, les collabos ou les militaires allemands en goguette, n’était certainement  pas une expérience des plus enrichissantes  pour un gamin de dix ans. Encore moins l’ingurgitation forcée  de schnaps qui me fut infligée une fois par des S.S. saouls comme des vaches et particulièrement « amusés »  par ce gosse chantant des chansons d’adultes du genre "Elle était Swing, Swing, Swing !  Je la trouvais divine… je devins son amant, en deux temps, trois mouvements ! " etc.. Quoi qu’il en soit, ces pénibles expéditions peuvent malgré tout être considérées comme une chance car en fonction des circonstances, elles auront contribué à notre survie. Même si après être rentré assez tard dans la soirée, il m’était plutôt difficile de me lever pour aller en classe le lendemain matin ! 
La pluie ce sera aussi l’entretien des bains / douches municipaux, les ménages et le courage qu’il aura fallu à Mamele  pour faire face à nos besoins essentiels, à la solitude et l’adversité. Tout cela, en dépit de l’angoisse générée par une Guerre Mondiale à l’issue imprévisible et le fait que pour le système dans lequel nous vivions, je n’étais pas suffisamment blanc…

Parlons de la partie Soleil maintenant. Par exemple de l’ école de la rue de la Guillotière et de mon assez rapide assimilation de la langue anglaise ! Cette subite et miraculeuse aptitude  pour l’étude  de cette matière s’étant surtout manifestée, grâce aux films américains (encore autorisés en zone toujours « libre » de l’époque). Des super-productions hollywoodiennes que nous allions voir en douce avec les Gones, nous glissant par les issues de secours ! Soleil aussi, les chouettes ballades qu’on se payait l’été au parc de la Tête d’Or. Sans oublier non plus nos rafraîchissantes baignades dans la Saône. De bon souvenirs, bien sûr, mais ce sera surtout mon séjour chez les Louveteaux et les Eclaireurs Unionistes qui en vérité, s’imposera comme une providentielle une très profonde et révélation :  La chance d’avoir bénéficié dès l’enfance, d’une forme d’équilibre qui par la suite, veillerait  à ce que je ne m’égare pas trop. dans ma tête comme dans mes actes. Je ferai hélas, bien des années plus tard,  une décevante exception à la règle lorsque disparaîtront Papa puis Maman.  Par irresponsabilité ? Par égoïsme ?  Plutôt par lâcheté je crois.  Lorsque  pour un temps j’oublierai mon rayon de soleil, et me conduirai comme un con. Aujourd’hui seulement, suis-je en mesure de réaliser  à quel point ma conduite d’alors s’est avérée immature. Mais ceci est et restera une autre histoire. Que je n’oublierai jamais …   

***

Mais revenons en 1942 .  Au revoir Gary Cooper, Errol Flynn ou autres Bogart .  Il n’y aura plus - et pour longtemps - de projection de films américains en France . La raison étant qu’après l’attaque de Pearl Harbor par le Japon suivie d’une déclaration de guerre aux forces de l’Axe proclamée par les U.S.A.,  la « zone dite libre » est à présent entièrement occupée par l’armée allemande. Par conséquent et bien entendu à une bien plus modeste échelle,  le bouleversement créé par ces événements aura pour répercussion une situation financière catastrophique pour Mamele. Pratiquement sans ressources, il ne lui restera alors plus d’autres solutions que de m’expédier à Marseille où je serai recueilli par mon père et sa compagne Colette (dite Coco) qui je dois le souligner, a toujours su m’aider de ses conseils et m’accorder sa véritable amitié.  Mais pour l’instant, j’ai le cœur brisé  de savoir Mamele toute seule à Lyon.. « Pas pour longtemps »  m’a-t-elle assuré dans ses lettres. Alors j’attends… et Papa et Coco remontés à Paris, je ne la reverrai qu’en 1943. Pas très loin de la Canebière. 


SHOE SHINE JOE !

Le 16 août 1944, les forces alliées débarquent en Provence. C’est le début de la reconquête de la France du Sud et très vite, s’engageront les combats pour la libération de Marseille  Les Tirailleurs algériens et les goumiers Marocains de la D.F.L. participent principalement et de haute lutte à la reprise de Notre Dame de la Garde alors qu’une autre partie des Forces Française Libres après de féroces affrontements, débarrasse la ville des derniers points de résistance allemands. Suspendus depuis des semaines en raison des combats, les cours du lycée de la rue de Paradis  viennent de reprendre mais j’ai bien peur que pour moi, l’école soit terminée pour de bon… Cette saleté de Guerre se poursuit et les temps devenant de plus en plus difficiles, les petits boulots demeureront encore pour Mamele et moi, l’unique moyen d’assurer notre survie. Enfin, grâce à Dieu, Marseille est enfin libérée . L’avenir va-il bientôt se remettre en marche ? Il semblerait bien que cela ne saurait tarder puisque postés tout au long de la Canebière,  nous sommes déjà une quinzaine de « nistons » (gamins marseillais) à proposer nos services comme cireurs de rangers  à une clientèle principalement composée de soldats américains  fraîchement débarqués des Liberty Ships! Pour la petite histoire, il faut préciser que nous étions tous déjà équipés de brosses et de cirage dernier cri grâce à l’utile collaboration de «jeunes et dynamiques entrepreneurs locaux » qui négociaient ( ?) sur le port avec les marins américains, l’achat de marchandises primitivement destinées aux armées mais fortuitement tombées des camions… 

Bien que ce ne soit plus le cas de nos jours, l’armée U.S. de l’époque  (non intégration oblige) ne comportait (à quelques exceptions près) généralement pas de soldats noirs dans ses unités combattantes. Cependant, cette forme de ségrégation s’accommodait  (cette fois-ci, sens pratique oblige) de la formation de régiments du Génie composées en majorité d’éléments « de couleur », encadrés d’officiers blancs et de sous officiers (Blacks de préférence) pour assurer le débarquement puis le transport de matériel sur la ligne de front située dans le Nord de la France.  Le 6th Port Battalion,  était l’un de ces « éléments de couleur », provisoirement installé à proximité de la zone portuaire. Pour nous les « Shoe-shine boys », la présence de ces effectifs à Marseille était donc vitale car susceptible de nous fournir un nombre appréciable d’habitués U. S. D’autant plus qu’ajoutée aux quelques civils et aux troupes en transit vers le Nord, cette clientèle potentielle non négligeable justifiait ô combien, nos espoirs les plus fous quant à la continuation  de notre activité gagne-pain.
Très vite j’ai par exemple, pu compter sur les musiciens du 6th Port Division. Big Band  parmi mes principaux habitués. Des clients qui par la suite, deviendront de grands frères et ne sauront jamais à quel point leur amitié aura été déterminante pour mon avenir. Parmi eux  (en dépit de ses 37 ans) mon meilleur ami Jimmy Robinson, que je soupçonne néanmoins d’avoir en tête, l’idée de nous ramener avec lui aux USA après la guerre Mamele et moi !  Ce qui n’était qu’un vœu irréalisable car la ségrégation de fait régnait toujours de façon implacable dans le pays de Lincoln.  De surcroît, l’intolérance caractéristique des communautés de couleur différente n’aurait certainement pas épargné  le noir Jimmy Robinson, ni la française Jeanne Bartel accompagnée de son fils au prénom hispanique !  Il faudra patienter longtemps encore avant que les Droits Civiques, l’intégration et la tolérance soient reconnus  par la société légale américaine. Toutes origines confondues… en principe. Musicien professionnel dans le civil,  Jimmy jouait depuis sa mobilisation, dans la section de trombones des Jolly Rogers et c’est à lui que je dois l’opportunité de rencontrer les autres membres de l’orchestre et de finalement devenir pour eux : « Little Joe », la mascotte du 6th Port Battalion !   
Pour Little Joe, ce premier coup de pouce du destin c’est tout d’abord matérialisé par du lait en poudre, des œufs en poudre, du savon, du beurre de cacahuète, des boîtes de corned–beef , du sucre et des cigarettes venant  du P.X  (Foyers gérés par la Croix Rouge américaine et réservés exclusivement aux troupes U.S. en uniforme). Des denrées précieuses offertes par mes nouveaux copains américains et fièrement ramenées à la maison . Ce qui, ajouté au peu d’argent  gagné par Mamele avec ses ménages, nous permettait parfois, de nous faire une petite fête tous les deux.  
Puis c’est  un autre heureux coup du sort.  En effet,  peut-être favorablement inspiré par ma bonne assimilation de l’américain mais plus certainement parce qu’il était de bonne humeur, l’officier commandant le 6th Port Battalion autorise officiellement ma libre circulation dans le cantonnement. Le rêve se réalise pour Little Joe. Son initiation au Jazz par les musiciens  l’orchestre des Jolly Rodgers  va pouvoir continuer et se développer.

***

Désormais, en tant que mascotte « officielle » du Battalion je serai placé sous la protection de ceux qu’en argot de l’époque on appelait  The Hip Cats in kaki -  les Branchés en kaki !  A moi donc les leçons de  batterie et de piano « Boogie woogie », la découverte du Blues et de son influence sur le Jazz, la forme d’expression musicale qui s’en est inspiré par la suite. Indispensable aussi à mon initiation,  la connaissance des standards de base écrits par Georges Gershwin, Cole Porter, Irving Berlin ... Accessoirement, il pouvait être utile aussi, de ne pas ignorer ce qui était alors, représentatif de la musique de danse populaire aux USA. : le « Jitterbug ». Repris plus tard à Paris par les Rats de caves de Saint Germains des Prés !  Parallèlement,  pour ce qui est de ma nouvelle vie de « niston » momentanément transformé en « presque américain»,  tout s’accélère. Pensez donc, je porte maintenant en permanence, un uniforme de G.I. ajusté à mes mesures par le fourrier-tailleur du Régiment et j’accompagne les Jolly Rogers partout où ils se produisent pour les troupes américaines de passage. Je frime aussi à l’occasion de Bals organisés pour la population civile et les G.I.’s sur le Vieux  Port. Où aux Salons Pélissier, à La Plaine ! 
Enfin, pour couronner le tout, en raison des menus travaux effectués dans le camp pendant les répétitions du Big Band ou en concert, m’était versé une petite « solde » hebdomadaire récoltée  auprès des musiciens de l’orchestre. Un pécule auquel contribuaient également les autres soldats du Bataillon. Ca marche donc très bien pour moi, lorsque durant un concert au camp de Calas, me tombe dessus un autre coup de pouce déterminant pour ma carrière. 
A l’origine de ce nouveau clin d’œil du sort  : « The  Duke », notre sergent et chef d’orchestre que je ne verrai pourtant jamais  jouer d’un instrument . Quoiqu’il en soit - probablement  en raison d’une vague ressemblance physique avec le vrai Duke Ellington –  the Duke  dirige la grande formation des Jolly Rogers et les concerts se succèdent sans surprises. Jusqu’à ce soir à  Calas ou en pleine représentation, « The Duke » stoppera l’orchestre et à ma grande stupéfaction, me demandera de les rejoindre sur scène ! 
Ce n’est plus la mascotte en uniforme qui roule des mécaniques en descendant La Canebière avec ses copains en kaki, mais un « minot » de treize ans  paralysé de trouille qui  s’avance vers  le micro. Qu’à cela ne tienne, après m’avoir présenté, Le Duke, tout sourire (le faux jeton) propose qu’après avoir chanté, je m’installe à la batterie pour jouer « One O’Clock Jump »  avec les copains de l’orchestre !!!
La réponse du public ? Un massif Yeahhhhh bien entendu ! « One o’clock jump » . Un grand classique  des années 40 qu’heureusement  j’ai eu la chance de répéter avec l’orchestre il y a quelques semaines. Alors malgré mes jambes flageolantes je m’exécute et… c’est le triomphe !  En fait, ma modestie maladive dût-elle en souffrir,  j’ai cassé la baraque ! Si, je vous le jure ! A tel point qu’il m’a fallu chanter « Hey ba- ba- re- bop »  (un des autres gros succès du moment) avant de retourner en coulisses. Aux anges, complètement béat. Mais aussi légèrement frustré car il me faut bien l’avouer, si l’occasion de continuer s’était présentée, il aurait probablement été nécessaire de faire appel à la Military Police pour me faire sortir de scène…
Parlant de sorties et de M.P’s. (Military Police),  il m’arrivait occasionnellement  de  suffisamment tanner le cuir aux copains musiciens pour qu’ils m’emmènent avec eux en virée après un concert à l’Alcazar, cours Belzunce. L’ennui, c’est qu’à l’époque, les bars à putes de la rue Thubaneau n’étaient pas vraiment le lieu de fréquentation idéal pour un adolescent ! Surtout si une bagarre éclatait entre GI’s blancs, GI’s noirs ou les M.P.’s (Police Militaire). Auquel cas, il était prévu lorsque la situation dégénérait, que mes « gardes du corps » forment immédiatement un cordon de protection et me ramènent à toute vitesse à la maison chez Môman !  
Sans aucun doute, c’est bien grâce à la vigilance de ces anges gardiens mobilisés par « Oncle Sam »  (des « vieux  mecs » d’au moins vingt cinq / trente ans ! ) qu’il m’a été possible en dépit de mon jeune âge et ma vulnérabilité, d’échapper aux pièges classiques du genre :  Je fume du shit et bois de l’alcool pour faire comme les copains etc..

***

Arrive 1945. “ I’m splittin’ man, gimme some skin !” La Guerre est finie. J’ai encore droit à quelques leçons de piano Boogie Woogie , à quelques derniers concerts,  et l’orchestre des Jolly Rogers est dissous pour cause de démobilisation. Les Hip Cats du 6th Port Batallion rentrent au Pays et Little Joe redevient un niston paumé et triste d’avoir perdu ses grands malabars de copains.  Gime some skin man ! Avec mes plus précieux souvenirs,  ces années à Marseille resteront à jamais, soigneusement rangées dans ma mémoire .
 Le bilan positif de cette première confrontation avec les réalités ? Une certaine capacité de survie en période difficile et la confirmation de ma passion pour la Musique. Bien entendu, les aspects négatifs doivent également être pris en considération. Ne serait-ce que  l’arrêt de  ma scolarité. Cette coupure prématurée avec l’école et mon manque « d’instruction » comme on 
disait alors, ont  très certainement eu pour conséquence le développement d’un indéniable complexe d’infériorité. Un manque  de confiance en moi qui a peut-être suscité mon aversion pour les chiffres, les comptes et l’administratif en général. Disons un rejet quasi instinctif des tâches qu’il est indispensable d’accomplir pour un adulte.  Comme par exemple la gestion attentive des problèmes concrets et matériels accompagnant l’ennuyeuse routine du quotidien. Mes excuses ou plutôt, mes prétextes ?  Les clichés habituels comme : Le système étant ce qu’il est,  un artiste ne peut subsister qu’au jour le jour .. L’ambition n’est qu’une autre version du pêché d’envie ..  et si demain, éclatait la troisième Guerre mondiale ?  à quoi  bon ?  Bla-bla-bla… Des foutaises quoi ! 

***

Pour en revenir à la Libération et la fin du cataclysme, tout Marseille reste en fête et continue de rigoler. Pour moi  aussi c’est la Libération  mais je ne rigole plus. Mes grands frères sont retournés chez eux et une partie heureuse de mon enfance vient de s’achever.  Devant moi, je sais que seuls l’inquiétude et de nouveaux soucis m’attentent. Des soucis de grande personne cette fois...   L’agacement instinctif provoqué par les problèmes « terre à terre » ?  Je guérirai sur le tard de cette affligeante façon de fonctionner. Mais juste à temps. Pour l’instant nous sommes en 1946 et la vie continue. Après avoir demandé à Papa le gîte et le couvert, le moment est venu de remonter à Paris pour trouver un boulot.



Partie 1 (enfance, Marseille), Partie 2 (débuts avec Aimé Barelli, caves de jazz à Saint-Germain-des-Prés), Suite à venir...

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Mémoires de José Bartel (Partie 2)

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Musicien, chef d'orchestre, directeur artistique, comédien, chanteur, etc. José Bartel (voix de Guy dans Les Parapluies de Cherbourg et du Roi Louie dans Le Livre de la Jungle) était un artiste à multiples facettes. 
Quelques mois avant sa disparition en 2010, il avait fini d'écrire ses souvenirs (intitulés: Faire comme si... Ou l'enrichissante mais peu lucrative balade d'un mec qui avait les dents trop courtes), que je vous propose de découvrir ici en exclusivité sous la forme d'un "feuilleton", publié avec l'aimable autorisation de sa veuve, Norma, et de son fils, David.

Dans le précédent épisode (Partie 1), José raconte son enfance: un père musicien cubain, et un apprentissage du chant, de l'anglais et des claquettes auprès du big band d'un bataillon militaire noir-américain basé à Marseille à la Libération.

L’AUDITION !

1946 -  Encore quelques marches et nous serons au bas de l’escalier qui chaque soir, mène les clients de l’entrée sur rue à la piste de danse du Caroll’s, le célèbre « night-club à la mode »  de la rue de Ponthieu. Cet après-midi là, l’orchestre maison est en pleine répétitions et d’après Papa - qui a pris l’initiative d’organiser cette rencontre- le moment est idéal pour me présenter et pourquoi pas,  passer une audition pour la place de chanteur dans l’orchestre d’Aimé Barelli. La formation « qui monte » comme on disait alors ! 
Une audition, en tant que tel, n’a généralement rien de particulièrement exceptionnel mais en l’occurrence, les quatorze ans du postulant chanteur d’orchestre professionnel semblent pour le moins intriguer Aimé et les membres de l’orchestre. A-t-il tout d’abord été amusé par mon culot ? Etonné par une certaine facilité dans ma pratique de l’américain ? Etait-ce dans la façon de chanter les standards ou bien, des éléments de style révélant une initiation au Jazz, inattendue chez un gamin de mon âge ?  
Je ne le saurai jamais, mais qu’importe. Quelques pas de claquettes, un « Hey ba ba re bop » et un « Caledonia » plus tard, l’affaire était dans le sac.  Aimé Barelli était convaincu de mes capacités et  j’étais engagé.  Je serai dorénavant pour le public (dixit Aimé) :  « Notre chanteur mascotte : Jo Bartel » ! 
Enfin devenu un vrai professionnel avec un vrai job et une vraie paie, je pouvais à présent envisager la  venue de Mamele sur Paris. Ce qui se réalisa courant 1947 et rendit possible notre installation dans un studio de peintre rue de Navarin, tout près de la place Pigalle. Un changement de vie qui grâce à Dieu me permit également, d’entamer sérieusement l’étude du solfège, du piano, de l’harmonie et du contrepoint. Une formation de base indispensable au développement et pourquoi pas, à la réussite de ma future carrière musicale. 
Non loin de la rue des Martyrs et à proximité de l’avenue Trudaine, notre studio, doté d’une  grande verrière était lumineux et calme, à souhait mais pour ce qui concerne la convivialité traditionnelle des  parisiens, mis à part Madame Mauzeret la crémière d’à côté, nous ne connaissions pas grand monde dans le quartier ! De même pour la bohème et les artistes censés hanter Montmartre de jour comme de nuit.  A une exception près cependant : Un jeune auteur compositeur avec lequel je finis par sympathiser après que nous nous soyons croisés à maintes reprises rue de Navarin. Ses chansons ont depuis fait le tour du Monde mais Charles (Aznavour) lui, est toujours resté le même.  C’est chaque fois un plaisir que de le rencontrer à nouveau en fonction des hasards du métier… Rue de Navarin, il y eut également  notre très chère voisine madame Mauzeret qui  très vite, deviendra une véritable amie et veillera sur  Maman comme une sœur. Jusqu’au bout…  Je ne la remercierai jamais assez  d’avoir toujours été là pour aider Mamele de son affection et lui apporter son soutien. En particulier lorsque j’aurai  quitté notre studio pour louer une chambre à la  Pension Résidence Sainte Marie dans le 17eme, dans le but de « vivre seul et m’émanciper ». Malheureusement,  je  prendrai également la regrettable habitude « d’oublier » de passer voir Mamele de temps à autres. Ou bien, lorsque nous étions en tournée avec l’orchestre, je ne pensais pas tout à fait indispensable d’écrire pour donner des mes nouvelles. Enfin, j’étais persuadé qu’il m’était possible de bénéficier de circonstances atténuantes comme entre autres,  ma préparation au concours d’entrée au Conservatoire National de Musique. Alors qu’honnêtement,  je me doutais bien qu’aucune de ces soi-disant obligations ne tenaient vraiment route .

***

Le concours d’entrée au Conservatoire National de Musique – Classe d’Harmonie supérieure et Contrepoint ? Tiens,  parlons-en !  Une interminable journée au cours de laquelle, quelques heures à peine après l’entrée en loge du matin, une poignée de sur-doués de 15 /16 ans se payaient le luxe de tranquillement dévisser leur thermos, boire leur café, et même, quelquefois, se taper un léger casse-croûte.  Ensuite, après avoir mis au propre le fruit de leur cogitations, ces petits génies remettaient le tout à l’examinateur bien avant l’heure limite. Révoltant non ? Quant à votre serviteur, après avoir sué sang et eau, c’est en début de soirée qu’avec les clés, il rendait sa copie. Sachant déjà qu’elle était nulle à pleurer. Résultat final : J’ai fini par me retrouver (pardon Mr Falk, mon prof d’Harmonie et de Contrepoint) recalé par deux fois. Adieu donc mes prétentions classiques et la direction de prestigieuses formations symphoniques De toute façon, savez-vous qu’un habit « queue de pie » une paire d’escarpins et une baguette de chef d’orchestre philharmonique coûtent une fortune de nos jours ? Pour revenir aux choses sérieuses, parmi les excuses suffisamment valables pour que je m’abstienne de prendre le temps de faire un saut chez Mamele plutôt que de gambader dans la nature, il y avait bien sûr les fréquentes répétitions, émissions de radio ou enregistrements discographiques de l’orchestre Barelli qui sans aucun doute, se justifiaient par eux mêmes. Par contre,  d’autres engagements s’avéraient bien plus futiles et délicats à évoquer. A savoir, les sorties innombrables et prolongées  avec les copains après le travail et il va sans dire, aux aurores, l’indispensable petit câlin aux  copines. Bref, un emploi du temps trop chargé pour que je puisse penser à autre chose qu’à moi-même… Jusqu’au jour, comme hélas à beaucoup de mes semblables, il m’est arrivé de connaître la solitude et la tristesse. En un mot : de me sentir « largué »… Ce n’est que petit à petit, grâce au support d’amis pourtant perdus de vue depuis trop longtemps, qu’à nouveau j’ai vu les choses s’arranger. Tout en bénéficiant au passage, d’une enrichissante leçon de vie qui pourrait se résumer comme ceci :  « Tu ne te retrouveras jamais tout à fait seul si tu n’oublies jamais que ceux que tu aimes et qui t’aiment, ont aussi envie de te voir de temps à autre. Pas seulement de se contenter de savoir que tu penses à eux »  Recevoir va de pair avec donner.  Oui je sais, je deviens peut-être un brin pompeux mais il fallait que je m’en débarrasse ! Quoique que pour ce qui concerne  Mamele et Papy, il soit un peu tard maintenant pour rattraper ces «oublis »…
Avant d’aller plus avant dans le récit de mes pérégrinations, peut-être serait-il utile d’y ajouter quelques précisions concernant le contexte social et artistique des années 46/47 durant laquelle,  pour « bouffer » j’ai dû patiemment aborder mes problèmes avec beaucoup d’humilité. Tenir compte des contraintes qui accompagnent le parcours de ceux pour qui la musique, la scène ou le spectacle  sont la vocation et le métier.. Un métier qui se développera tout au long des années qui suivirent la Libération, grâce à l’ouverture d’un certain nombre de nouveaux night-clubs sur la rive droite de la Seine. Proposant la formule magique du moment à une clientèle généralement aisée mais par dessus tout, animée d’une fringale phénoménale de musique et de distractions, pratiquement tous ces établissements connaissaient déjà un grand succès. Que l’aisance de la clientèle soit récente ou qu’elle soit « de famille ». Jeune ou moins jeune, « Chic » ou pas, la jeune génération des années 40 ne pensait qu’à une chose : oublier les années noires de l’occupation pour retrouver ou découvrir, l’insouciance et les plaisirs d’avant guerre... La formule magique permettant de séduire le public d’alors ? Un bon orchestre et comme ont disait à l’époque, de bonnes 
attractions  D’où la prolifération de dîners dansants avec spectacles et de nombreux « piano bars » pour finir la nuit… 


   José Bartel "scat" pour l'orchestre d'Aimé Barelli
(extrait des Joyeux pèlerins (1951))

En avril 1947 nous jouons aux « Ambassadeurs ». Un de ces clubs « nouvelle formule » où  l’orchestre Barelli se produit six jours sur sept de 17 à 19 heures pour le thé dansant et en soirée, de 21 heures à 1 heure du matin. Situé Avenue Gabriel, l’établissement  tenait sa réputation de la qualité de sa table, de l’ambiance créée par ses orchestres (bien sûr!), et la grande diversité de ses Shows. Elément important : Les spectacles, le volume et la configuration scénique de la salle des Ambassadeurs permettaient la présentation de vedettes ou bien, de spectacles de classe internationale. Comme par exemple le tour de chant d’Yves Montand ou l’accueil à Paris d’un des premiers Shows sur glace américains à évoluer sur la piste de danse rétractable d’un night club. L’originalités de cette présentation résidant dans le fait que quelques instants seulement après le spectacle,  le public pouvait à nouveau danser sur cette même piste grâce à des panneaux coulissants permettant, une fois le Show sur Glace terminé, la remise en place automatique de la piste de danse. Le  renouvellement de la surface glacée nécessaire pour le show du lendemain s’opérant simultanément par en dessous. 
Les « Ambassadeurs » étaient en quelque sorte, parmi les tout premiers Restaurants-Night Clubs à présenter une série de programmes artistiques originaux parfaitement adaptés aux besoins d’un public avide de nouveautés. Une horloge bien réglée ? Sans aucun doute. 
Du moins jusqu'à l’inévitable grain de sable qui bloquera très brièvement la machine quand probablement mal informée,  la Direction commit un léger faux pas en présentant un programme peut-être un peu trop « inhabituel » cette fois-ci !  En effet, bien que le Be-bop soit la musique « branchée » du moment,  il faut reconnaître le choix d’offrir le  Dizzy Gillespie Big Band comme attraction, paraît pour le moins « décalé » par rapport aux habitués plutôt B.C B.G. des Ambassadeurs !  De même que l’on peut être en droit de penser, qu’un répertoire comportant des compositions be-bop d’inspiration afro-cubaines telles que  “Things to come », « Manteca“ ou “Round’ about midnight », ne soit pas tout à fait comparable aux « In the mood », Moonlight serenade et autres danses à la mode « swing » du moment !
Et pourtant,  il se trouve qu’à notre grand étonnement ,   l’opération Gillespie s’imposera (élément de surprise ? qualités de showman de Dizzy?) comme un incontestable triomphe auprès du public. Initié ou non.     

Quant à nous autres, les musicos de «  l’orchestre maison » , nous eûmes la « banane » de circonstance lorsqu’il fut confirmé que pendant trois jours, nous allions nous repaître en « live », de la plus exceptionnelle grande formation be-bop du Monde : Dizzy Gillespie le visionnaire,  Dizzy, l’incomparable et vertigineux trompettiste, accompagné de ses dix sept fous furieux en veste rouge et Lavallière noire !
Fous furieux peut-être, mais la modernité du Be Bop et de l’Afro-Cuban Jazz qu’ils jouaient ne les rendaient pas pour autant inaccessibles au Grand Public ! En dépit de leur grande notoriété (du timide et savant pianiste John Lewis au souriant mais énergique drummer Kenny Clarke, en passant par l’impressionnant Chano Pozo aux congas et le calme du plus jeune trompettiste de la section cuivres  Quincy Jones , nous sommes tous rapidement devenus de véritables amis. A tel point qu’il n’y aura aucun malaise lorsqu’un soir à la suite d’un différent avec certains de ses musiciens,  Dizzy tenant à assurer le concert malgré tout, demandera à Aimé Barelli (et à notre grande stupéfaction) l’autorisation « d’ emprunter » au pied levé des éléments  de notre propre formation !  
Cette requête ne posera pour Aimé aucune question puisqu’en un éclair, il se retrouvera lui-même déchiffrant chaque arrangement au sein de la section de trompettes américaine. Un sax et un trombone de chez nous alterneront  également entre les pupitres. Quant à petit moi , j’aurai le privilège suprême de remplacer momentanément Kenny Hagood! Kenny Hagood, le vocaliste et partenaire de Dizzy dans les duos chantés et les scat improvisés d’ « Oop-Pap-A-Da » et « Ool- Ya-Koo » !  
Si mes souvenirs sont exacts, je crois même que la semaine suivante on a remis ça, à l’occasion d’un concert Salle Pleyel !


CHAMPS – LATIN  et  QUARTIER – ELYSEES …

Comme on peut le constater, le fait d’être installé en permanence à Paris procurait bien des plaisirs. Il me suffisait par exemple la nuit après le travail avec l’orchestre, de traverser la Seine pour plonger dans l’extraordinaire bouillonnement intellectuel, artistique et musical qui secouait la Rive Gauche et le quartier Latin à ce moment là. Est-il besoin toutefois, de préciser que l’aspect littéraire de ce bouillonnement (La Rose Rouge, la Compagnie Grenier Hussenot, les Frères Jacques, Juliette Greco ou  Mouloudji .. ) me passait légèrement au dessus de la tête ? La musique jouée dans les caves  du Quartier était de toute évidence, beaucoup plus dans mes cordes. Ce qui à l’âge de seize ans, ne semble pas particulièrement surprenant non ? 
Ah les Caves du Quartier ! Des lieux magiques où se succédaient des pointures du Jazz  comme James Moody, Roy Eldrige, Django Reinhardt,  Kenny Clarke, Don Byas, Bud Powell, Bernard Peiffer, Hubert Rostaing, André Persiany, Stéphane Grapelli,  les frères Hubert et Raymond Fol, Claude Bolling, Roger Guérin, Daniel Humair, Georges Arvanitas, Pierre Michelot,  André Paraboschi, Géo Daly, Maurice Vander ..  et aussi  Boris Vian  qui souvent, amenait sa « trompinette » pour faire le bœuf ! 
Pas très loin, se trouvait également « Le Lorientais » où la tradition New Orleans était superbement représentée par le talentueux clarinettiste Claude Luter, soutenu à la batterie par Moustache.  Bien avant que celui-ci soit promu au grade de sergent Garcia par Alain Delon dans son remake de Zorro ! Quant au célébrissime Club Saint Germain, sa particularité était aussi d’offrir en prime, une exhibition de  *« Jitterburg » (Danse acrobatique populaire aux U.S. durant les années 40.  Récupérée en France, plus tard, sous le nom de « Bop »( ?) puis de « Rock") présentée par les fameux « Rats de Cave de Saint Germain des Prés » au sein desquels se distinguait – déjà - un certain Jean Pierre Cassel, l’un des meilleurs et sympathiques danseurs du groupe. Sans oublier chaque soir la présence assidue d’un personnage hors du commun. Notre copain à tous l’"Indispensable » ,  the one and only  :  « Mackak » !   « Mackak » , l’excellent et puissant batteur gitan pour qui le swing était une véritable religion et qui fréquemment, supervisait l’orchestre chargé d’éventuellement soutenir et accompagner les musiciens U.S de passage.  
En fait, ce personnage hors du commun tenait avec un égal bonheur le rôle d’animateur- présentateur. Avec en particulier, l’art et la manière de provoquer de multiples Jam Sessions soit-disant « improvisées » quand une « grande pointure » se trouvait dans la salle ! 

Octobre 1949 -Cet automne 49, nous jouons chez « Carrère », le night club de la rive droite le plus recherché du « tout Paris » du moment. C’est là, chez Maurice Carrère, qu’en compagnie de Robert Capa le grand reporter américain, du déjà remarquable arrangeur Quincy Jones (qui étudiait alors la composition avec Nadia Boulanger), d’Errol Garner, des Peter Sisters, et de l’internationalement réputé couple de danse acrobatique Arambol et Ben Tyber,  que se retrouvent chaque soir les personnalités du spectacle, de l’actualité, de la presse ou du monde des affaires. Soit pour prendre un verre après le spectacle, soit pour dîner, danser  et ensuite, finir la nuit rive gauche. De son côté, l’orchestre Aimé Barelli accède doucement mais sûrement au vedettariat confirmé.  Un succès à mettre au compte (mis à part sa spécialisation « orchestre de danse élégant ») au style très « variétés » de son répertoire de scène, à la régularité de ses ventes de disques et tout particulièrement, ses fréquentes tournées en première partie de Lucienne Delyle. Une des vedette confirmée de la chanson d’avant guerre dont le répertoire perpétuait   le style « chanson française traditionnelle » à l’instar de grandes interprètes  comme la Môme Piaf ou Jacqueline Boyer .. En outre, pour en revenir à l’orchestre Barelli,  Aimé bénéficiera d’un atout supplémentaire  important  :  Le style et la diversité des options musicales choisies pour sa formation touchent aussi bien le public dit « populaire »  qu’une clientèle plus cosmopolite, friande de night-clubs servant de la Society Music à la carte. L’expression « Musique à la carte » signifiant que nous composions notre répertoire surtout en fonction des chansons suggérées par les dîneurs. L’indispensable étant surtout d’accompagner chaque début de soirée par une  ambiance musicale feutrée et souriante. Un genre musical que nous appelions entre nous, de la « musique pour caniches » ou « dog music ». Ce sirop musical étant distillé jusqu’en fin de dîner, pour aboutir à une série de standards. Pas trop rapides cependant (Society music oblige), car destinés à inciter le public à la danse ! Puis venait le spectacle et ensuite … re-danse jusqu’à une heure avancée de la nuit . 
La réputation grandissante de l’orchestre auprès du plus grand nombre ainsi que l’opportunité qui me fut donnée de sillonner la France et l’Afrique du nord  à l’occasion de nombreuses représentations  en province, devaient avoir  par la suite, une indéniable influence sur le jeune et fringuant « crooner » des années 50 !  Jo Bartel,  la Mascotte et chanteur soliste de la formation s’était soudain transformé en une sorte de petite vedette en son genre ! Toutefois, 
force est de constater que s’agissant d’inoubliables créations ayant pour titres « José le caravanier »- « Le petit télégraphiste » ou bien « Rosita » - chanson extraite de notre seul et unique film musical Les Joyeux Pèlerins - mon humble contribution au rayonnement de la culture française ne semble pas avoir laissé de traces notables dans les annales du show-bizz !


José Bartel chante "Rosita" pour l'orchestre d'Aimé Barelli

(extrait des Joyeux pèlerins (1951))

***

Bien qu’Aimé lui-même soit un grand  trompettiste et jazzman français, il faut bien admettre  qu’en dépit de la présence au sein l’orchestre de quelques lascars pas tristes comme Bobby  Jaspar, Maurice Vander, Pierre Michelot,  André Jourdan, Sadi, Roger Guérin ou Martial Solal –  qui  d’ailleurs ne  faisaient que passer comme des météores -  nous étions assez loin du Jazz pur et dur ! 

Et pourtant – ce qui semble assez  paradoxal pour un musicien étiqueté comme «commercial» dans le métier -  une distinction inattendue me fut accordée durant cette même période.  Un honneur ayant un rapport direct avec une profession qui m’a constamment apporté le bonheur  mais qui déjà à l’époque, n’assurerait  pas toujours le quotidien de ceux qui avaient fait le choix difficile d’être « seulement musiciens ». C’est-à-dire d’avoir le choix d’aimer leur métier et si possible, de gagner leur vie en partageant  leur passion …  
Quoiqu’il en soit - peut-être en raison  de la possible qualité de prestations effectuées au cours de Concerts ou  Jam Sessions auxquels je participais parallèlement à mon activité de musicien professionnel, j'eu l’émotion et la fierté de me voir attribuer le Prix du meilleur chanteur de Jazz dans le classement Jazz Hot 1951 !            

Au terme de chaque saison estivale, le plus souvent passée à Deauville, Biarritz, Cannes ou Monte Carlo, nous retournions à Paris pour le reste de l’année.. Ce qui me permettait de reprendre mes escapades au Quartier sans toutefois négliger les nouveaux Jazz Clubs de la Rive droite.
Chez « Ben » par exemple - un américain de Paris.- Ou au « Mars Bar » rue Marboeuf si je me souviens bien. Pratiquement tous, le public passionné de Jazz et les « musicos », s’y retrouvaient pour écouter les pianistes Aaron Bridges, Art Simons et quelques fois même, 
Errol Garner venu « faire le bœuf ».On y entendait aussi de magnifiques « vocalistes » pour ne citer qu’Annie Ross, Blossom Dearie,  Nancy Holloway, Nicole Croisille ou Simone Ginibre .. 
Sur les deux ou trois heures du matin, c’était bien sûr aux Halles ou dans l’un de nos petits zincs favoris qu’avec les copains, j’allais me  caler l’entrecôte maison ou une divine soupe à l’oignon. Avant de regagner (de plus en plus tard ) la rive gauche et l’hôtel du Grand Balcon où  je m’endormais comme un bébé. Une bonne vitesse de croisière, non ? 
Si ce n’est que les joies toutes simples et les espoirs de la Libération s’étant  totalement dissipés, l’Indochine, la Guerre froide, la Corée et la peur atomique  commençaient déjà à faire frissonner le Monde … 


Partie 1 (enfance, Marseille), Partie 2 (débuts avec Aimé Barelli, caves de jazz à Saint-Germain-des-Prés), Suite à venir...

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Raoul Curet : rencontre au soleil

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A bientôt 96 ans, Raoul Curet fait partie des doyens du cinéma, de la chanson et du doublage. Je l’ai interviewé l’été dernier à côté d’Aix-en-Provence où il est retiré avec son épouse depuis quelques années.  Rencontre avec un très sympathique comédien aux souvenirs vifs, qui fut la voix française de Glenn Ford et le soliste principal et arrangeur du quatuor Les Quat’ Jeudis…

« Je suis né en 1920. La Deuxième Guerre Mondiale a touché de plein fouet ma génération». Fils d’avocat, Raoul Curet habite à Manosque chez ses parents. Il se passionne pour le théâtre. « Les dernières années de collège, j’avais  en permanence dans mon sous-main le supplément théâtral de La Petite Illustration ou des bouquins comme les lettres de Musset, les pièces de théâtre en un acte de Guitry, etc. Je rêvais de monter un spectacle, ce que j’ai fini par faire avec les copains. »
Il joue alors en amateur l’un des grands succès de l’époque, Les Jours Heureux de Claude-André Puget, en reprenant le rôle créé par François Périer.  « Cette pièce avait un avantage : tous les rôles étaient faits pour des gens de notre âge ».

Il commence une carrière d’officier pilote dans l’Armée de l’air, avant de la quitter. « L’aviation était une passion, mais pas l’armée ». Menacé d’intégrer le STO et de partir pour l’Allemagne, il passe sur les conseils du grand résistant Max Juvenal, ami de son père, le concours pour être moniteur de culture physique pour des chantiers de jeunes travailleurs.
« Affecté au camp de bûcheronnage des Sauvas (Hautes-Alpes), un jour je vois arriver deux taxis avec des garçons qui ont pratiquement mon âge. Ils me disent qu’ils sont une équipe de cinéma appartenant au Centre artistique et technique des jeunes du cinéma (Nice) et qu’ils recherchent des décors pour tourner un film qui s’appelle « On demande des hommes ». Je leur fais visiter le camp, ils le trouvent à leur goût, et me proposent de tourner mon propre rôle, sous réserve d’être disponible pour aller à Nice tourner les raccords en studio. C’est ce qui s’est produit. Cette équipe était formée d’un jeune metteur en scène, René Clément, qui est devenu brillant, de Henri Alekan, grand directeur de la photographie  qui révolutionnait l’éclairage du cinéma par ses recherches, la façon d’utiliser les projecteurs, etc. et de Claude Renoir à la caméra. »
Après ce tournage, Raoul Curet laisse tomber le bûcheronnage et s’inscrit au Centre artistique et technique des jeunes du cinéma, où il se retrouve en classe avec le jeune Gérard Philipe.«Gérard Philipe était doué d’un talent et d’un charme immédiats, insolents. Il était comme il me l’a dédicacé sur une photo « mon meilleur ami de théâtre » ». 

Glenn Ford
Bien que retourné dans l’aviation après la guerre, une amie à lui, Catherine Dotoro, devenue adaptatrice de dialogues pour les doublages de la Columbia, lui propose de passer des essais pour du doublage.
« Je suis allé à Gennevilliers en uniforme d’aviateur pour passer le test, j’ai été accueilli par Serge Plaute qui était un homme charmant, responsable des doublages de la Columbia.
Il me demande « Avez-vous déjà fait de la synchro ? » et au culot je réponds « Oui » (rires). Je voyais sur l’écran défiler un acteur, Glenn Ford, que je voyais pour la première fois et sur lequel on essayait les voix de tous les comédiens présents ici, dont certains étaient parmi les voix les plus connues de l’époque. Toute la fleur des jeunes premiers était là. Après avoir passé plusieurs boucles où nous étions de moins en moins de comédiens présents, il me dit « J’ai une bonne nouvelle pour vous, c’est vous qui êtes choisi », je lui demande « -Je tourne quel jour ?» « -Comment, quel jour ? C’est toute la semaine !» ». C’est ainsi que mon premier doublage a été le western « Les Desperados ». Et Serge Plaute n’a pas attendu de voir « Les Desperados » monté pour me confier un autre Glenn Ford, « Gilda » (1946).  J’entrais par la porte royale dans la synchro, qui était un milieu très fermé. »

A part quelques autres films avec Glenn Ford, et une poignée d’autres acteurs intéressants (dont Martin Balsam dans Le Crime de l’Orient-Express (1974), Richard Attenborough dans Brannigan(1975), etc.), Raoul Curet n’aura en doublage principalement que des petits rôles. Parmi ses bons souvenirs, le doublage de My fair lady (1964) où avec Jacques Balutin il doublait en texte et en chansons l’un des copains du père d’Eliza (doublé par Jean Clarieux).
« Moi qui suis méridional avec « la pointe d’ail » comme disait Plaute, je m’étais fait une spécialité des voix à accents. Je doublais les indiens, mexicains, tout ce genre de personnages. J’en ai fait à la pelle. C’était plutôt du tout-venant, alimentaire, mais ça m’amusait et ça me permettait de rester dans le milieu et de fréquenter de bons comédiens dans leur genre ».

Contrairement à la plupart de ses camarades qui ont commencé le métier par le théâtre avant de passer par la synchro, c’est donc l’inverse qui s’est produit pour Raoul Curet. « Grâce à la synchro, j’ai rencontré de nombreux comédiens qui m’ont fait passer des auditions pour le théâtre et le cinéma. C’est en intégrant la Compagnie théâtrale Grenier Hussenot que j’ai rencontré mon vieux Carel. Je n’ai pas beaucoup de grands amis parmi les comédiens. Parmi ceux qui comptent, Roger a probablement été le plus proche. Il a découvert très jeune sa faculté à imiter, à faire des voix. Il en a fait sa spécialité, mais il est en dehors de ça un grand comédien »

Chez Grenier Hussenot, Raoul Curet reprend pour Les Gaîtés de l’Escadron le rôle tenu au cinéma par Fernandel. Il se marie en 1952,  son épouse est toujours à ses côtés après plus de soixante ans de mariage. « Nous nous sommes mariés un jour de relâche des "Gaîtés de l’Escadron". Tous les copains, Georges Wilson, Roger Carel, etc. nous ont fait la surprise de nous attendre sur le parvis de l’Eglise Saint-Roch dans les costumes du spectacle. Nous avons fait la une de France Soir le lendemain ! ».

Les Gaîtés de l’Escadron sont à l’origine d’un autre tournant décisif dans la vie de Raoul : « Trois fois pendant le spectacle il y avait des changements de décors, un taps tombait sur l’avant-scène, on changeait le décor derrière, et pendant ce temps, devant le taps les Frères Jacques chantaient une chanson. »
Les Frères Jacques connaissent alors un énorme succès. Très demandés par les maisons de la culture et diverses salles, ils finissent par quitter le spectacle. Un jour Jean-Pierre Grenier demande quatre volontaires pour les remplacer. « Moi qui rêvais alors de comédies musicales, je lève la main. Nous nous réunissons avec les trois autres, et Grenier nous dit « On vous donne les partitions et les textes, vous vous démerdez ». J’étais le seul à avoir appris le piano et le violon. Et c’est sur mon violon, dans ma chambre de bonne, que j’ai écrit les arrangements, qui étaient différents de ceux des Jacques. »

Ce quatuor prend pour nom « Les Quat’ Jeudis ». « Nous avons fait une carrière relativement importante dans le music-hall, au détriment pour moi de ma carrière de comédien. Les onze ans que j’ai passés avec Les Quat’ jeudis, si je les avais passés à faire Raoul Curet, je serais certainement sensiblement plus haut que là où je suis resté. »
Le quatuor est constitué de Raoul Curet, André Fuma, George Denis et Henri Labussière, remplacé un an et demi plus tard par Roger Lagier, qui leur avait été recommandé par Odette Laure.

Les Quat’ Jeudis enregistrent quelques inédits mais aussi pas mal de reprises, comme « Les Croquants » et « La Marine » de Georges Brassens,  qui était un ami et voisin. « Ma femme et moi habitions rue Didot, voisins de la « Jeanne » de Brassens, et Brassens habitait pas loin, impasse Florimont. Il était adorable, et m’a aidé à acheter ma première voiture, avec laquelle nous avons fait la première tournée des Quat’ Jeudis. »

Autre titre, « Alors raconte » de Bécaud. « Quand j’ai entendu la version de Bécaud et celle des Compagnons de la Chanson, j’ai trouvé que tous deux étaient passés à côté de la chanson, qui est un sketch qu’il faut traiter comme un sketch, en rajoutant des paroles sur des fins de phrase. Nous avons fait notre version qu’on a traînée pendant onze ans. »


Les Quat' Jeudis (soliste: Raoul Curet) chantent "Alors raconte" (1956)

Les Quat’ Jeudis reçoivent un grand prix du disque de l’Académie Charles Cros pour Les Chantefables, poèmes de Robert Denos mis en musique par Jean Wiener et arrangés par Raoul, illustration de Jean Effel et présentation de Jean Cocteau. « Nous avons eu ce prix mais c’était très spécial car ça s’adressait à un public particulier et nous n’avons pas eu le succès qu’on aurait pu avoir. Par la suite nous avons enregistré Les Chantefleurs qui est d’ailleurs musicalement plus réussi que le premier. »

Les Quat’ Jeudis continuent le théâtre et sont même engagés… aux Etats-Unis ! « Nous avons fait une carrière internationale car nous avons terminé par « Show Girl », une comédie musicale qu’on a jouée pendant trois ans aux Etats-Unis, d’abord au Eugene O’Neill Theatre de New York, puis dans quarante-cinq villes réparties en trente-sept états américains. La vedette du spectacle était Carol Channing qui était une énorme star de Broadway. C’est elle qui avait créé Lorelei dans « Les hommes préfèrent les blondes ». Elle ne faisait pas beaucoup de cinéma car elle avait un regard globuleux, on l’appelait "Popeye".  C’était une superbe vedette. »

Considérés plus comme des comédiens que comme des chanteurs (ils sont surnommés « Les Comédiens de la Chanson ») au grand regret de Raoul pour qui l’aspect musical prend une grande place, Raoul dissout le groupe en rentrant des Etats-Unis, convaincu que c’est le moment ou jamais de revenir au théâtre, n’étant pas encore oublié dans le métier.
C’est grâce aux amis du doublage qu’il reprend du service peu à peu dans le théâtre et le cinéma.

Puisque nous parlons ensemble de comédie musicale et de doublage, je lui demande s’il ne serait pas par hasard la voix chantée (non-créditée) d’Aubin, le garagiste des Parapluies de Cherbourg (1964). A cette question, il chantonne, comme s’il l’avait enregistrée la veille « Ah le petit con depuis qu’il a quitté l’armée, il se conduit comme le dernier des voyous ».
« Je connaissais Michel Legrand et je trouvais son travail fantastique. La comédie musicale n’était pas la tasse de thé des français, alors que j’en rêvais, je me voyais en Gene Kelly ! J’étais aussi un ami intime de Claire Leclerc (voix de Tante Elise). Ah, « la voix claire de Claire Leclerc »... Mais c’est surtout Jacques Demy que je connaissais et qui m’aimait beaucoup. Il m’avait même engagé pour une publicité pour les shampoings Dop, j’avais mis une perruque car je perdais déjà mes cheveux (rires). »

Pour la télévision, on peut voir Raoul Curet dans tous les grands feuilletons de l’époque : Rocambole, Le temps des copains, L’homme de Picardie, Le chevalier de Maison Rouge, etc.

Avec Les Quat’ Jeudis, Raoul Curet tourne dans Nous irons à Monte-Carlo (1951) avec Ray Ventura. « On jouait dans les scènes, on chantait, et je jouais du violon avec l’orchestre. Ray Ventura était adorable. Il avait l’élégance d’un grand homme d’affaires. C’est à cette époque que j’ai fait connaissance de son neveu, Sacha Distel, qui est devenu une relation amicale. »


Raoul Curet (chant/saxophone) aux côtés de Max Elloy, Henri Genès, Philippe Lemaire, etc. 
dans Nous irons à Monte-Carlo (1951)


Raoul Curet dans "Rocambole"
Il joue « en solo » dans pas mal de films pour Chabrol, Deville, Molinaro. Quelques rôles marquants : le projectionniste du Viager (1971) de Pierre Tchernia, Monsieur Vincent dans La Gloire de mon père et Le Château de ma mère (1989) d’Yves Robert (qui lui avait proposé initialement le rôle du curé), le commissaire dans L’homme à la Buick (1968) de Gilles Grangier, avec Fernandel. A propos, de l’acteur, il se souvient : «  Avec moi, Fernandel était charmant. Je l’ai fréquenté semaine après semaine pendant des mois car il faisait partie d’une émission de radio patronnée par Ricard, « Les contes de Provence » sur Radio Luxembourg. Toutes les semaines il jouait dans un conte de Provence sélectionné ou dans ses souvenirs personnels réécrits par Yvan Audouard. Quand on distribuait les rôles au début de chaque séance, il demandait « -Qui joue ce personnage ? –Raoul, - Vé, le comique ! ».  L’émission était parrainée par Ricard, mais comme il n’aimait que le Pernod il avait son verre de Pernod et la bouteille de Ricard à côté. »
A propos des rôles « méridionaux » dans lesquels il a souvent été « casé », comment ne pas évoquer un autre spécialiste du genre, l’acteur Marco Perrin. « Marco était un très bon copain. Quand je pense que je suis allé le chercher sur un tabouret de bar pour lui proposer de  faire de la radio avec moi. Je l’avais vu la veille dans une télé dans laquelle il était très bon ».


Raoul Curet et votre serviteur
Parmi les derniers films dans lesquels il a joués, L’enquête corse (2004) et le téléfilm Les filles du calendrier sur scène (2004) : « Je jouais un très vieux monsieur sur un fauteuil roulant. Ils ont tourné ici… »

Il coule depuis une retraite bien méritée, dans la région qui l'a vu naître...


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Mémoires de José Bartel (Partie 3)

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Musicien, chef d'orchestre, directeur artistique, comédien, chanteur, etc. José Bartel (voix de Guy dans Les Parapluies de Cherbourg et du Roi Louie dans Le Livre de la Jungle) était un artiste à multiples facettes. 
Quelques mois avant sa disparition en 2010, il avait fini d'écrire ses souvenirs (intitulés: Faire comme si... Ou l'enrichissante mais peu lucrative balade d'un mec qui avait les dents trop courtes), que je vous propose de découvrir ici en exclusivité sous la forme d'un "feuilleton", publié avec l'aimable autorisation de sa veuve, Norma, et de son fils, David.

Dans le précédent épisode (Partie 2), José raconte ses débuts à 14 ans dans l'orchestre d'Aimé Barelli...


MONTE CARLO… MON PREMIER ORCHESTRE !


Octobre 1954, Aimé Barelli me fait un cadeau  inoubliable. Cette année-là, le cha-cha et la  bossa nova pointant de plus en plus le nez sur les pistes de danse, Aimé me propose de monter pour la saison d’hiver à Monaco, une petite formation destinée à assurer le répertoire typique en alternance avec le grand orchestre.  
Je suis abasourdi, bouleversé et particulièrement ému car n’étant pas par nature, rongé par l’obsession de la réussite sociale, je suis parfaitement heureux d’exercer un métier  qui me permet de baigner dans la musique sans pour autant avoir les responsabilités d’un chef d’entreprise  Jamais,  je n’aurais osé imaginer ce qui m’arrive.  A 22 ans, pour les Fêtes de fin d’année puis les six mois que durent les saisons d’hiver au Casino de Monte Carlo,  je vais diriger mon premier orchestre! Une fois encore, l’imagination et le « faire comme si » semblent me protéger...  Si tout se passe bien je pourrai même, avec la bénédiction d’Aimé envisager de pousser l’expérience jusqu’à en faire, mon activité professionnelle permanente dans le futur.  Et c’est bien ce qui arriva … 
Mes précédents séjours en Principauté comme jeune chanteur d’orchestre m’ont toujours donné l’impression d’être en ballade dans une sorte de cité magique. Un lieu d’exception, peuplé de personnages ne faisant que jouer un rôle conventionnel. Des personnages qui impérativement, devaient correspondre au cinéma que se faisait dans sa petite tête le « Parigot » de la rue Foyatier, le «Gone » de la Guillotière , ou le « Niston marseillais » 
Ce film, bien entendu, n’excluant aucun cliché : à/ A Monte Carlo le milliardaire « milliarde »  b/  Le joueur devient  (peut être) riche.  c/  l’Hôtel ne peut être que « de Paris ». d/ Le businessman est forcément grec, italien ou américain. e/  Le danseur mondain russe blanc, espagnol ou plus prosaïquement, lyonnais. Quant aux superbes Monte Carlo Girls elles sont, elles, censées succomber au charme du très modeste mais avouons-le, irrésistible ( ?) chanteur de l’orchestre ! … Voilà pour mon cinéma !

En réalité, mes toutes nouvelles responsabilités se chargeront de rapidement remettre tout ça en ordre. Du moins pour quelques temps...En attendant, pour en revenir à 1954 et aux quelques jours  précédant les débuts de mon premier orchestre à  Monte Carlo : Nous sommes fin prêts… et morts de trac ! Cette grande trouille s’expliquant  par le fait qu’après avoir pris conscience de la chance qui m’était offerte, je m’étais trouvé dans l’obligation absolue de relever le challenge et créer en moins de trois mois,  un « Combo » de style sud-américain qui tienne la route ! 
C’est dire s’il m’a fallu ramer comme un dératé  pour régler d’urgence et en priorité, les quelques « menus problèmes » qui se posaient sur le plan pratique et artistique afin d’être le plus « en place » possible au moment du départ pour la Principauté.  
Ces « menus problèmes » ?
Constituer puis apprendre un répertoire cubain / brésilien valable et de qualité. Ensuite, écrire les arrangements et trouver les musiciens adéquats  (pianiste, guitariste, contrebassiste, ténor sax, trombone ou trompette plus un batteur/percussionniste.) afin de rapidement établir un planning de répétitions le plus efficace possible  
Enfin, commander au tailleur habituel de l’orchestre Barelli - mais cette fois à mes frais  -  deux jeux de costumes pour les membres du groupe et votre serviteur. Vous voyez la galère ?    
Dieu merci, notre « Première » à  Monaco c’est super-bien passée et la qualité du groupe s’étant confirmée tout au long du contrat,  le ré-engagement  pour l’été au Monte Carlo Sporting Club a suivi… Avec en prime, des  propositions pour les saisons automne / hiver et printemps /été de l’année suivante !
En conséquence, avec la  perspective d’engagements à Monte Carlo pour les années à venir, il m’apparut alors logique – bien que toujours basé à Paris – d’organiser mon installation à Monaco de façon plus rationnelle. Ne serait-ce que dans le but de mettre à profit une certaine stabilité  due à la régularité de mes contrats pour reprendre ce qui avait pour une grande part, motivé mes tentatives infructueuses d’entrée au Conservatoire. A savoir : Une étude plus  approfondie de la composition musicale me permettant d’accéder sans préjugés, à l’univers  coloré de la création musicale tous azimuts. Qu’elle soit d’inspiration populaire, jazz, sud américaine et aussi, pourquoi pas, classique  .
Cette stabilité temporaire favorisera-t-elle la matérialisation de ce vœu en dépit de mon mince bagage académique ?   Une rencontre heureuse va bientôt favoriser ce début de mutation …

***

Un soir au  Cabaret du Casino,  notre série vient de s’achever et la grande formation sur le point d’enchaîner.  Je m’apprête donc à prendre une trentaine de minutes de pause lorsqu’un des maîtres d’hôtel s’approche pour me dire que des clients m’invitent à prendre un verre à leur table. Il s’agit en fait de Charles et Lillan Matton, un jeune couple d’habitués avec lesquels j’ai déjà eu le plaisir de sympathiser au cours de précédentes rencontres chez des amis communs. 
Il faut bien dire que ce Charles Matton est un jeune homme assez  surprenant et particulièrement original. D’une rare courtoisie, ce fils de parisiens réfugiés à Monaco pendant la guerre, loge en permanence à l’hôtel Excelsior  géré par son incorrigible joueur de père. Comme de coutume, Charles joue avec ravissement de son aspect Lord Byron, Debussy et aussi, de son côté Scott Fitzgerald mais qu’on ne s’y trompe pas . Ce « fils de famille » soit-disant désoeuvré et à l’abri du besoin est en réalité, un bourreau de travail qui  entamera (en attendant  la consécration)  une très fertile carrière de peintre et de sculpteur. C’est évident. Il n’y pas un instant de vie à perdre pour ce faux Dandy de 18 ans amateur de grosses vestes de velours, de casquettes 1920, de chaînes de montre avec gousset,  de cannes à pommeau d’argent, de manteaux  assortis d’un col de fourrure et parfois même, de Bentleys d’occasion !

Et puis bientôt, pour Charles, ce sera l’imprévu : La rencontre avec une jeune suédoise (de « bonne famille » comme il se doit )  et dans la foulée,  la demande en mariage.  La dynamique Lillan  abandonnera sans hésitations sa condition de  touriste scandinave pour le statut d’épouse de « Génie-peintre- résident- monégasque » et en moins de temps qu’il ne faudra à la famille pour le réaliser, donnera  naissance à leur petit Yann... Bien qu’étant pratiquement du même âge mais de milieux et de tempéraments diamétralement  opposés, le courant est vite passé entre Charles et moi.  Avec toutefois, un certain « plus » pour moi car étant donné la faiblesse de mon éducation et de mes connaissances en Art pictural, je me suis indéniablement enrichi culturellement a son contact.  A maintes reprises, au fil de nuits durant lesquelles nous refaisions le monde en compagnie de quelques copains,  nous étions quelques fois rejoints par César, (le sculpteur) venu « en voisin » de Marseille et qui à l’occasion, acceptait d’aborder avec nous ce sujet de la plus haute gravité ! 
Pour redevenir sérieux, c’est bien au cours de ces rencontres impromptues  que   l’opportunité me fut offerte de compléter une partie appréciable des lacunes résultant d’une scolarité assez chaotique … C’est aussi grâce à ces discussions sans fin que j’ appris à « ouvrir les yeux » et ressentir le besoin quasi instinctif à présent, de découvrir ce qui se trouve plus loin dans le Monde … où  peut-être,  de l’autre côté de la rue. 
Quoi qu’il en soit, cette partie de ma jeunesse passée en si bonne compagnie me permit d’en apprendre un peu plus sur l’Art et la diversité de ses formes d’expression. Qu’elles soient  littéraires, musicales, plastiques, picturales. 
Enfin, je pense être en mesure à présent de réaliser l’importance de l’humilité chaque fois que le privilège me sera donné d’apprécier le talent de ceux qui dans le passé comme de nos jours, ont su imaginer un langage capable d’émouvoir le plus grand nombre.  

La création artistique… Cette tendre et perpétuelle tentative d’évasion trop souvent mise au placard par de soit-disant experts. Ces froids et pontifiants détenteurs de La Vérité qui lorsqu’ils sont priés de définir en termes simples et généreux ce qu’ils pensent avoir compris d’une création, demeurent tout aussi rébarbatifs. Ce manque d’humilité me rend perplexe.   
C’est une évidence paraît-il : La Culture est ouverte à tous. J’ai  cependant la pénible impression que celle-ci ne soit généralement accessible qu’à ces fameux experts.
Ceux-là même qui bien que n’étant pas spécialement attirés par la création artistique, sont par contre gratifiés d’une excellente mémoire. Ce qui en soi, ne pose pas grand problème. Par contre, l’agaçant c’est que la mémoire, ce précieux avantage, soit plutôt l’apanage de « penseurs » qui, c’est bien dommage,  ne pensent pas vraiment nécessaire d’aller à la rencontre de l’imaginaire. Persuadés qu’ils sont d’avoir hérité du Savoir par naissance !
La Culture ? En fait,  j’avoue qu ’aujourd’hui,  le mot continue de me faire un peu peur. Alors que j’aimerai tant lui sourire … 
N’étant pas linguiste et encore moins philosophe, force m’est de constater que je n’ai toujours pas trouvé de réponse satisfaisante permettant d’expliquer ma gêne, ma méfiance et probablement mes complexes, chaque fois qu’il m’arrive d’échanger des propos avec d’heureux élus considérés comme spécialistes patentés.  Mais laissons tomber mes pseudo philosophiques et « emmerdatoires » dissertations. Ne serait-ce que pour parler plutôt, de la naissance et des conséquences positives d’une grande et durable amitié... 

***

Il semblerait que pour Matton comme pour moi,  ce fut la découverte progressive de nombreux points communs qui dans un premier temps, favorisa  le développement de notre amitié. Ensuite, je pense que ce seront l’estime et une affection quasi fraternelle qui dès le début de notre  travail en commun déclencheront notre enthousiasme et notre ambition. Le souvenir de cette association fait  partie de mes souvenirs les plus chers car  il correspond   aux moments heureux et productifs qu’apporte  la jeunesse. Tout cela ajouté au plaisir de travailler en parfaite osmose à la conception de projets apparemment hors de portée !  Comme par exemple « Le Jeune Homme et la Mort », un ballet dont Charles avait imaginé l’argument, dessiné les décors ainsi que les costumes  et pour lequel j’avais écrit la  musique. Parmi les Etoiles se produisant alors sur la scène de l’Opéra de Monte Carlo, Ethery Pagava et André Eglevsky étaient de ceux auxquels nous rêvions pour interpréter notre petit chef-d’œuvre (!) mais hélas, ce rêve ne se concrétisa jamais.   

Par contre, entre 49 et 50, d’autres projets verront tout de même vu le jour, avec comme point de départ, la sortie en salle d’un court métrage :  « La Pomme »,  notre première expérience cinématographique. Puis en 70 sortit le fruit notre deuxième collaboration : Un véritable film long métrage intitulé :  L’Italien des Roses avec pour acteurs principaux : Richard Borhinger et Isabelle Mercanton. Accompagnée pour le générique, de la voix, le piano, et le talent d’Eddy Louiss, cette production sera d’ailleurs nominée pour la Mostra de Venise. 
Il y eut  plus tard un autre film : Spermula. Une création commune que bien sûr,  je ne renie pas. Mais … 

De part mes engagements répétés en Principauté  j’eu ainsi le rare privilège pendant près de quatre ans, de vivre une partie de l’année un pied à Monte Carlo et l’autre à Paris, dans mon repaire favori :  La Pension Sainte Marie ! 
Tenu par André Mahard  (un copain russe blanc) et sa Maman, l’Hôtel Pension Sainte Marie se  distinguait par son côté « havre de paix, d’amitié » mais surtout et presque toujours, source de franche rigolade. Un refuge principalement fréquenté par des musiciens, des comédiens, des chanteurs, des paroliers etc. A point  qu’il était facile de l’imaginer, à deux pas des Batignolles,  comme un bout du Montparnasse des années 20 ayant émigré rive droite.
 La bohème quoi !  Pour preuve, s’y croisaient dans les étages ou dans la grande salle à manger donnant sur un petit parc intérieur, des habitués aussi divers que Michel Legrand, les comédiens Bernard Noël et Claire Maurier, le pianiste Raymond le Sénéchal, le guitariste Marcel Bianchi, le sociétaire de la Comédie française Robert Hirsch, l’humoriste Francis Blanche ou l’architecte Pouillon. Autre félicité, chaque soir, immédiatement après mon travail avec l’orchestre, venait le moment d’entamer mon indispensable circuit nocturne avec en tout premier lieu, Saint Germain des Prés. Ensuite, venaient les boîtes «chicos » dites  « dans le vent » comme l’Epis Club, Régine, le club Princesse chez Castel etc …  Dans ces discos pour  « Happy few » (Lire « People » !) où le Disco s’était irrémédiablement installé, on était certains de retrouver aux heures les plus tardives, la plupart  des incorrigibles oiseaux de nuit du moment ! 
Par exemple chez Castel. Dans le désordre mais toujours au bar :  Marc Doelnitz,  les frères Deffes,  Sacha (Distel), Serge Gainsbourg, Philippe Lavil,  Jean Castel évidemment et avec mention spéciale, mon ami Ben. L’irremplaçable et merveilleux Ben, roi du Cha-cha-cha à Paris et chef d’orchestre du Lido …Hélas tout cela devait pourtant bien prendre fin un jour. Ce qui fut le cas lorsqu’à l’ automne 1957, je me suis trouvé dans l’obligation d’arrêter toute activité professionnelle et de cesser mes allers et retours entre Monte Carlo et Paris.  La raison de ce bouleversement ? 

Mon départ imminent pour le service militaire (alors obligatoire) avec pour conséquence, en tout premier lieu, l’éloignement d’avec Maman, suivi d’une perte totale de contact avec le métier. Sans négliger les problèmes d’argent qui forcément, ne peuvent que s’accentuer au cours d’une absence forcée de 24 ou qui sait, de 29 mois peut-être. Une perspective d’avenir inquiétante parmi tant d’autres qui pour Mamele et moi,  n’était pas des plus réjouissante à considérer.


Partie 1 (enfance, Marseille), Partie 2 (débuts avec Aimé Barelli, caves de jazz à Saint-Germain-des-Prés), Partie 3 (Monte-Carlo)...

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Le procès du doublage

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Après la Libération les débats pro et anti-doublage enflammaient déjà les médias. 
Mardi 10 juin 1947, l'émission La Tribune de Paris proposait un débat sur le doublage enregistré la veille, avec pour intervenants:
-Paul Guimard (présentateur)
-Pierre Laroche (au "ministère public")
-Georges Sadoul (à "la défense")
-Jacques Becker (réalisateur)
-Carlo Rim (scénariste)
-Roger Bourgeon (comédien)
-Edouard Gross (Gaumont)
-Jean Laurence (Warner Bros)

Les arguments sont parfois creux et de mauvaise foi, le ton assez péremptoire, les intervenants pas à leur place (Qui est ce Roger Bourgeon qui se dit comédien en "doubling"? Aucune voxographie, ni film ou pièce de théâtre référencés sur IMDB ou Les Archives du Spectacle), le doublage bien mal défendu par ses représentants, mais cette émission que je vous propose en exclusivité sur "Dans l'ombre des studios" est un vrai document historique. 




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Décès d'Anne Germain

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J'ai l'immense tristesse de vous faire part du décès ce matin de mon amie Anne Germain à l'âge de 81 ans... 

Chanteuse du générique de "L'île aux enfants", voix chantée de Catherine Deneuve dans "Les Demoiselles de Rochefort" et "Peau d'âne", de Duchesse dans "Les Aristochats", de Rita Hayworth dans "La Blonde ou la Rousse", membre fondatrice des Swingle Singers, choriste (pour Gilbert Bécaud, Léo Ferré, Hugues Aufray, Claude François, Michel Legrand, Georges Delerue, Vladimir Cosma, etc.), Anne était avec Christiane Legrand, Danielle Licari et Janine de Waleyne l'une des figures les plus marquantes des studios d'enregistrement parisiens des années 60/70.
Ses qualités d'interprète dans tous ses enregistrements étaient exceptionnelles. D'une musicalité et d'une technique parfaites, elle était également capable de se fondre vocalement dans tous les styles, d'imiter la voix des actrices qu'elle doublait (comme dans le "Popeye" de Robert Altman) ou des chanteuses dont elle faisait les "covers" (à réécouter: la B.O. de "Tout le monde il est beau tout le monde il est gentil" où elle pastiche Sylvie Vartan, France Gall, Gloria Lasso, etc.). 
"Quand j'ai débarqué à Paris, j'ai fait un remplacement comme pianiste dans l'orchestre de Claude Germain. Et j'ai trouvé que la chanteuse avait beaucoup de talent. Quand je suis devenu chef d'orchestre, Anne Germain est devenue ma choriste préférée avec Christiane Legrand. Je suis triste d'apprendre qu'elle nous a quittés" témoigne le grand arrangeur Jean Claudric.
Femme discrète, fuyant les honneurs, Anne était une musicienne passionnée par son métier, par la musique et le cinéma, elle avait une mémoire extraordinaire et m'avait permis d'avancer considérablement dans mes recherches sur les voix de choristes.
(Notre interview, en six parties: http://danslombredesstudios.blogspot.fr/2014/05/anne-germain-chanter-la-vie-chanter-les.html)
En avril dernier, elle avait gentiment accepté d'enregistrer un petit message vocal pour le public de ma soirée "Dans l'ombre des studios fête son non-anniversaire".
Son sourire lumineux et nos coups de fil réguliers où nous discutions "studio" mais aussi de l'actualité, du cinéma, etc. vont énormément me manquer.
Tendres et affectueuses pensées à Isabelle, Victoria et toute la famille...


Petit montage que j'ai réalisé à partir d'extraits de ses apparitions TV (soliste ou choriste) et de ses musiques de films et doublages

J'ai tenté de constituer un petit CV d'Anne Germain (à partir de mes recherches et de ses témoignages), qui ne représente peut-être qu'un centième de sa carrière mais qui permet de recenser quelques uns de ses enregistrements importants:

Musiques de films:

Le Gendarme de Saint-Tropez (1964), musique Raymond Lefebvre, choeurs "Douliou-douliou Saint-Tropez"
Les Demoiselles de Rochefort (1967), musique Michel Legrand, voix chantée de Catherine Deneuve (Delphine), scat solo et choeurs
Le dernier homme (1967), musique Paul Misraki, soliste "Chanson en langue inconnue" (attribuée à tort à D. Licari)
Astérix et Cléopâtre (1968), musique Gérard Calvi, choeurs "Le lion de Cléopâtre"
Madly (1969), musique Francis Lai, soliste générique (duo avec Danielle Licari)
Peau d'âne (1970), musique Michel Legrand, voix chantée de Catherine Deneuve (Peau d'âne) 
L'homme orchestre (1970), musique François de Roubaix, voix chantée de Noëlle Adam (Françoise)
Cannabis (1970), musique Serge Gainsbourg, soliste "I want to feel crazy"
Tout le monde il est beau tout le monde il est gentil (1970), musique Michel Magne, soliste de la plupart des chansons du film
Les mariés de l'an II (1971), musique Michel Legrand, voix chantée de Laura Antonelli (Pauline)
Mais ne nous délivrez pas du mal (1971), musique Claude Germain, soliste
Lucky Luke : Daisy Town (1971), musique Claude Bolling, maquette "I'm a poor lonesome cowboy"
Les malheurs d'Alfred (1972), musique Vladimir Cosma, choeurs
Chobizenesse (1975), musique Jean Yanne et Claude Germain, soliste "Pauvre Bach" et choeurs
Moonraker (1979), musique John Barry, choeurs
Les uns et les autres (1981), musique Michel Legrand, maquette "Les uns et les autres"
Une chambre en ville (1982), musique Michel Colombier, choeurs
Et de nombreuses musiques de films pour Georges Delerue, Vladimir Cosma, Michel Legrand, Claude Bolling, etc.

Musiques pour la télévision:

Anna (1967), musique Serge Gainsbourg, choeurs
Les Saintes Chéries (1970), musique Jean Leccia, soliste générique (duo avec Jean Stout)
Arsène Lupin, épisode "L'écharpe de soie rouge" (1973), musique Claude Bolling, voix chantée de Prudence Harrington (Jenny)
L'île aux enfants (1974), musique Roger Pouly, soliste générique
Les visiteurs du mercredi (1975), musique Roger Pouly, soliste générique
Le loup blanc (1977), musique Vladimir Cosma, choeurs
Les Folies Offenbach (1977), musique Offenbach et Laurent Petitgirard, voix chantées diverses et choeurs
Et de nombreux génériques TV, publicités, etc.

Doublages:

La blonde ou la rousse (1957), voix chantée de Rita Hayworth (Vera)
Les Girls (1957), voix chantée de Tania Elg (Angèle)
Mary Poppins (1964), trio des brebis et des oies, choeurs
My Fair Lady (1964), choeurs
L'extravagant Dr Dolittle (1967), voix chantée de Samantha Eggar (Emma Fairfax)
Oliver! (1968), choeurs
Les Aristochats (1970), voix chantée de Duchesse
Un violon sur le toit (1971), voix chantée de Neva Small (Chava)
L'apprentie sorcière (1971), voix chantée d'une marchande et choeurs
Robin des bois (1973), choeurs
Alice au pays des merveilles (1951, redoublage de 1974), choeurs
Bonjour Sésame (1974), voix diverses
Les aventures de Bernard et Bianca (1977), voix chantée de Bianca (chanson "SOS Société")
Bambi (1942, redoublage de 1978), choeurs
Popeye (1980), voix chantée de Shelley Duvall (Olive)
La Belle au Bois dormant (1959, redoublage de 1981), choeurs
Annie (1982), voix parlée et chantée d'Ann Reinking (Grace)
Fraggle Rock (1983), voix diverses et choeurs

Sur scène:

Le Bourgeois Gentilhomme (1972-1975) à la Comédie-Française, petit solo et choeurs
Les Choéphores (1979) au Cloître des Célestins (Avignon)
Choeurs pour Léo Ferré (Alhambra 1961), Gilbert Bécaud, Charles Trénet, Tino Rossi, Zizi Jeanmaire, Enrico Macias, Johnny Hallyday, etc.
Représentations internationales avec les Swingle Singers (Maison Blanche, Carnegie Hall, etc.)
Chanteuse d'orchestre (Armand Migiani, Ben, les Trombone Paraders, etc.)

A l'écran:

Chobizenesse (1975), choriste du ballet "L'acier"
Le Gendarme et les Extra-terrestres (1978), une soeur (scène du "Salve Regina")
Tendre poulet (1978), une choriste
Télé-Folies, tous en chaîne (1982), la sociologue du débat télévisé
Chant solo (en playback) deux fois pour "L'île aux enfants"
Groupe vocal "Les Stardust" pour accompagner les "Thé dansant" de Jacques Martin (orchestre: Bob Quibel)
Passages TV des Swingle Singers, des Barclay et des Angels dans diverses émissions
Choeurs pour des émissions de variétés ("Le Palmarès des Chansons", "Chansons et champions", "Podium", "Top à...", etc.) pour Gilbert Bécaud, Jean Sablon, Charles Trénet, Nicoletta, Sheila, Joe Dassin, etc.

Discographie variétés:

Duo "Maître Corbeau et Juliette Renard" avec Jean Gabin (versions française et anglaise)
Duo "La jeune fille et le commissaire" avec Hugues Aufray
Enregistrement en soliste de disque de reprises (Sylvie Vartan, Françoise Hardy, etc.)
Choeurs studio pour Andy Williams, Barbara ("L'aigle noir"), Maurice Chevalier, Claude François ("Belle belle belle", "Le jouet extraordinaire", "Marche tout droit", etc.), Léo Ferré ("L'affiche rouge"), Gilbert Bécaud ("Les cerisiers sont blancs", "Charlie t'iras pas au paradis"), Sheila, John William, Charles Aznavour, Johnny Hallyday, Alan Stivell, Jean-Roger Caussimon, Régine, Mireille Mathieu, Sylvie Vartan, Henri Salvador, Jacques Brel, etc.

Discographie orchestres et groupes vocaux:

Trois premiers disques des Swingle Singers (Jazz Sebastian Bach, Going Baroque, Swinging Mozart), lauréats de plusieurs Grammy Awards
Titre "Fascinating rythm" (suraigus) pour les Double Six
Groupes Les Masques, Les Barclay, Les Angels, Les Riff, The Jumping Jacques, etc.
Chanteuse d'orchestre soliste pour Armand Migiani, Jean Leccia, Bernard Gérard et les Trombone Paraders (Benny Vasseur/André Paquinet)
Voix de soutien pour Les Parisiennes et Les Surfs

Discographie comédies musicales:

Paris Populi (1974), petits soli et choeurs
La Fugue (1978), choeurs (et enregistrements en soliste des maquettes, piano Alexis Weissenberg)

Discographie jeunesse:

Disques de reprises Disney (Adès, Disneyland, Le petit ménestrel): Merlin l'Enchanteur (voix chantée de Mme Mim), Alice au Pays des Merveilles (voix du lapin blanc dans le medley, et choriste dans le disque avec Jeanine Forney), Le Livre de la Jungle (voix chantée de Mowgli), Suzy le petit coupé bleu (soliste)...

Musiques d'attractions:

Chansons pour divers grands cabarets parisiens.
Choeurs pour Disneyland Paris

Radio:

Les cinglés du music-hall (de Jean-Claude Averty): duos avec Sacha Briquet, Bob Martin, etc.

Ecriture de chansons:

Chansons composées et écrites avec Claude Germain, interprétées par divers groupes vocaux (Les Souingue, Charlatan Transfer, etc.)


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Mémoires de José Bartel (Partie 4)

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Musicien, chef d'orchestre, directeur artistique, comédien, chanteur, etc. José Bartel (voix de Guy dans Les Parapluies de Cherbourg et du Roi Louie dans Le Livre de la Jungle) était un artiste à multiples facettes. 
Quelques mois avant sa disparition en 2010, il avait fini d'écrire ses souvenirs (intitulés: Faire comme si... Ou l'enrichissante mais peu lucrative balade d'un mec qui avait les dents trop courtes), que je vous propose de découvrir ici en exclusivité sous la forme d'un "feuilleton", publié avec l'aimable autorisation de sa veuve, Norma, et de son fils, David.

Dans le précédent épisode (Partie 3), José raconte ses débuts de chef d'orchestre au Casino de Monte-Carlo, activité brusquement interrompue par son service militaire...


L’ALGERIE … 

Il est deux heures du matin. Avec pour seule compagnie un fusil mitrailleur - ce qui comme chacun sait, est loin d’égaler un transistor quand le temps se fait long - je me languis dans un petit bunker à quelques dizaines de mètres des barbelés entourant notre cantonnement. C’est l’hiver 1958 au « Rocher noir » tout près de Ménerville dans l’Algérois, et si vous voulez bien me passer l’expression... je m’les gèle! Quand je pense qu’il y a seulement un an (c’est-à-dire un siècle ) je faisais le Joli Coeur à Paris ! 

Les choses s’étaient pourtant bien passées après les classes et mon affectation au Service Presse du Bataillon de Joinville, cette unité étant alors chargée d’incorporer les jeunes athlètes de haut niveau sans pour autant compromettre leur carrière par manque de suivi dans leur entraînement ou leur absence de compétitions internationales. Une initiative originale ayant pour mission d’équilibrer les obligations du service militaire et le maintien en forme de futurs grands champions. Par exemple,  Rivière (cyclisme), Michel Jazy (1500 m.), les frères Cambérabéro (rugby), Darmon (tennis), Tylinsky, Mekloufi ou les Wisnievsky pour le football ont tous, à une période ou une autre, représenté leur discipline au Bataillon de Joinville.   
Pour ce qui me concerne, la « planque en or » qu’était alors le Service Presse des Armées à Paris, offrait entre autres avantages, la commodité de dormir en ville pratiquement chaque soir.  Quand je n’étais pas à Wiesbaden, Bruxelles ou Berlin pour « couvrir » comme reporter-interprète – encore merci à ma connaissance de l’anglais - une manifestation sportive Inter-Armées.  Petit inconvénient pourtant. Mes compétences tant sur le plan journalistique que sportif, étaient des plus superficielles ! Par chance,  les rudiments de base charitablement inculqués par mes collègues du département  Presse (des appelés comme moi mais eux, de véritables journalistes de métier dans le civil) me furent des plus précieux pour acquérir le vernis nécessaire et me permettre de naviguer à vue dans une profession qui en principe,  ne serait pour moi que temporaire de toute façon. Partant de là, il ne restait plus qu’a attendre la Quille et la fin des 18 mois de service réglementaires. Du moins c’est ce que je croyais.

Les « événements d’Algérie » s’aggravant  de jour en jour, le Général de Gaulle accepte de revenir aux affaires. Ce qui par conséquent, rend moins difficile pour les autorités du moment, de sérieusement parler de « probable nécessité d’augmenter les éléments du contingent contribuant au maintien de l’ordre en Algérie dans le but de fournir aux forces militaires déjà engagées, les moyens indispensables au contrôle d’une situation devenue  insurrectionnelle ». En clair : Il faut s’attendre à ce que sous peu, s’opéreront les changements  traduisant cette nuance dans les termes !
Ce qui n’a pas tardé. Le service obligatoire passe de dix huit à vingt neuf mois et « Joli cœur » se retrouve maintenu pour quelque temps avec les éléments du Bataillon de Joinville détachés en A.F.N. ! D’où ma présence dans cette niche de béton par une froide nuit de 1958. Eh oui, me voilà de garde à présent. Attendant avec impatience, emmitouflé dans une couverture douteuse, qu’un de mes petits camarades vienne me relever …       

Mais il n’y avait pas que le crapahutage, les tours de garde ou les corvées au programme. Il y avait aussi les précieuses « perms » exceptionnelles de 24 heures passées à Alger avec mon pote Deman. Pour l’occasion, on se mettait « propres sur nous » et après s’être chacun glissé un Mauser dans la ceinture sous le blouson (ce qui était strictement interdit) nous faisions du stop jusqu’à Ménerville pour y prendre le train. Direction : Alger et deux jours de fête !  Bien qu’une fois rendus dans la grande ville, notre périple restait désespérément  toujours le même : l’après-midi,  les bals populaires où avec l’autorisation de leur grand frère ou de leur cousin, de jolies petites pieds-noirs acceptaient de danser avec nous. Mais attention. Pas touche... 
Le soir, c’était « The gueuleton » au Coq Hardi  suivi de la traditionnelle chasse à la P.F.A.T. ( Personnel Féminin de l’Armée de Terre). Une chasse qui vous l’avez deviné se terminait la plupart du temps par un retour solitaire à l’hôtel, une poignée d’heures de sommeil… et la course au train du retour  !        

Traditionnellement, qu’est-ce qu’on attend d’un « deuxième pompe »  dans l’Armée ? 
Qu’il ferme sa gueule, obéisse aux ordres, et bien entendu, soit capable de dormir en section sans être importuné par les odeurs de pieds, les ronflements et très important, suffoquer de rire à ces fameuses « louffes » (odorantes ou pas, sonores ou pas ) qui font le charme de la vie à vingt dans le même local.  Aussi traditionnellement, dans l’Armée,  que fait (si possible) un appelé deuxième pompe ayant atteint l’âge canonique de 27 ans lorsqu’en embuscade de nuit, un petit con du contingent tout fraîchement nommé sergent, se prend subitement pour John Wayne ? Réponse : Le vieux deuxième pompe fait celui qui n’a pas entendu et ne s’aventure pas (comme le petit con le lui demande) en plein milieu d’un champs éclairé par la lune comme en plein jour, pour voir s’il y a du « fellouze » de l’autre côté !!   
De retour au camp,  l’héroïque baroudeur amateur a bien entendu rédigé un rapport qui restera sans suite, mais on me change évidemment de section dans la semaine qui suit. Avec à présent  un problème supplémentaire à assumer : le stéréotype du genre « Artiste-musicien dans le civil donc branleur », apparaît comme étant douloureusement justifié ! D’autant plus que ce nouvel incident vient s’ajouter à une péripétie précédente au cours de laquelle, pour garer un camion   - vide, heureusement - j’ai raté mon créneau et « légèrement » endommagé le véhicule en reculant droit dans le fossé ! Est-il vraiment nécessaire de parler aussi d’autres broutilles sans réel intérêt pour préciser que mon image « chanteur-vedette-des-scènes-parisiennes-resté-très-simple» en a pris un grand coup ? Sur le plan militaire et pour les John Wayne en puissance de la compagnie, il ne fait plus aucun doute maintenant que  je représente un danger potentiel suffisant pour justifier d’urgence, une affectation plus en rapport avec mes réelles capacités. Par exemple, le mess des officiers ? 
Hélas, mon séjour inespéré dans ce havre de paix devait lui aussi être contrarié par un incident pour le moins fâcheux. Il s’agit en l’occurrence du bref mais impressionnant mitraillage du plafond du mess par un calme après-midi d’été. Une « étourderie »  particulièrement stupide qui par miracle n’a pas tourné au drame. Voilà donc les faits : Ce jour là,  revenant de patrouille, j’ai,  après avoir nettoyé mon P.M,  tiré en l’air le coup de sécurité destiné à vérifier s’il ne restait pas de balle engagée dans le canon. Mal m’en a pris.  Cette manœuvre ne devant s’effectuer que si le logement du chargeur est bien rabattu, la malchance a voulu que mon chargeur et son logement soient toujours engagés. Alors ….. la rafale est partie !  
Une « maladresse » qui par chance, n’eût d’autre conséquences qu’un solide coup de gnôle supplémentaire pour les pauvres sous-offs qui faisaient leur sieste au premier étage, un solide replâtrage du plafond et pour moi, quelques jours de cellule. Ce qui me paraît parfaitement normal car je dois avouer que rétrospectivement, j’en ai encore des sueurs froides. Je ne trouve plus ce mauvais gag à la « Mack Sennett »  aussi marrant que le soir même lorsque avec les copains, on en pleurait de rire dans la chambrée. 
Le rappel de ces péripéties me donne à présent,  une meilleure idée du soulagement qu’ont dû ressentir les officiers, sous-officiers et soldats de la compagnie lorsque fin décembre 59 l’heure de « La Quille » étant arrivée, j’ai grimpé dans le camion pour Alger. A peine rendu dans la Ville Blanche (comme on dit pour faire joli),  me suis retrouvé à bord du « Mers-el-Khébir ». Destination : Marseille. Ensuite ?  Le train pour Paris et enfin : les joies oubliées de la Vie Civile ! 

S’agissant de la minceur de mon dossier militaire,  ma seule frustration sera d’avoir peut-être, là-haut, fait froncer les sourcils à Quintin Bandéras, mon Général de grand-père .
Je m’explique : Ancien esclave et guérillero redouté des espagnols pendant la guerre d’indépendance de Cuba, l’autodidacte Quintin Bandéras a commandé les insurgés de la province d’Oriente et de par sa remarquable efficacité au combat, accédé au grade de Général de Brigade. Bénéficiant à juste titre, de l’incontestable estime du peuple cubain ainsi que de la considération de grandes figures de la Révolution comme Antonio Macéo et José Marti.  
En revanche, durant le siècle s’ensuivit, force est de constater que les prestations martiales de son descendant français furent des plus modestes et loin d’être à la hauteur de ce qu’on aurait pu attendre d’un petit-fils de grand militaire. 
J’espère  que tu ne m’en voudras pas grand-père, mais n’étant pas algérien,  je ne me trouvais pas en la circonstance, dans le camp des insurgés.  

Ce qui est certain par contre,  c’est qu’il m’est apparu comme allant de soi de payer - peut être sans prestige particulier mais le mieux possible- mon tribut à une communauté qui m’a accepté dès la naissance. Je sais que cela peut paraître naïf ou même  franchement ridicule de par sa disproportion, mais je tenais à le dire. Comme je le pense.  

Des « spetzeles » (sorte de « gnocchi alsaciens »), un rôti de porc, un gâteau de chez Bourdaloue le Maître pâtissier installé prés de Notre Dame de Lorette. Le tout, arrosé de vin d’Alsace comme il se doit.  Voilà comment, avec Mamele, nous avons fêté mon retour d’Algérie !  Quel bonheur de la serrer à nouveau très fort sur mon cœur, étant à présent devenu, un civil ayant un peu mûri ! Capable de mieux comprendre comme un presque adulte, les messages qu’elle tentait si souvent de faire passer … Quel bonheur encore,  de revoir son tendre et lumineux sourire de petite fille. C’est certainement ça, qu’on appelle la sérénité …    

La Quille ? Tu t’aperçois que Paris vient d’être « repeint »…  Que l’ex « petit garçon » des voisins a terriblement grandi.  Au point de se demander, avant d’enfourcher sa « Mob » pour en parler aux copains, à quelle espèce  d’humanoïdes tu peux bien appartenir. Par la même occasion, la question se pose de savoir s’il ne serait peut être pas plus avisé de raser les murs jusqu’à ce que tes cheveux soient suffisamment longs pour avoir l’air dans le coup … Ou bien,  paniqué à l’extrême, tu te demandes si quelqu’un ne va pas prendre l’initiative désastreuse de révéler à la Galaxie stupéfaite,  que sur le plan musical tu es nul. Sinon, comment pourrais-tu ignorer combien de semaines Bill Haley est resté No1 du Hit Parade US avec son « Rock around the clock » ?
Voilà ce qui t’attend après deux siècles – dont une bonne partie passée en Afrique du Nord - chez les mecs en tenue camouflée. Ton retour à la vie civile en Métropole? C’est en quelque sorte, comme un passage radical des « youyous » aux « yéyés ». Oui je sais, c’est consternant. Un jeu de mots de très mauvais goût mais je n’ai pas pu résister. Excuse-moi !




José Bartel chante "Vous qui passez sans me voir" pour la télévision (1961)

Va falloir s’accrocher…

Début 60, les conditions de mise sur le marché  d’un chanteur d’orchestre à la recherche d’un job ne se présentent plus terriblement bien. Ce n’est qu’après  avoir « cachetonné » dans d’innombrables « balloches du samedi soir » avec l’orchestre Pierre Spiers et parallèlement,  participé comme choriste à de nombreuses  séances d’enregistrement, qu’enfin se présente l’occasion de remonter ma formation .    
Un nouveau départ rendu possible grâce à la mise en route rue Arsène Houssay près des Champs Elysées, d’un projet de cabaret-spectacle inédit à Paris, pour lequel il était question de monter un ensemble musical spécialement adapté au style de la boîte. Un orchestre non seulement destiné à faire danser le public mais aussi, susceptible  d’animer scéniquement la salle avant et après chaque  présentation du spectacle. Le nom du club : « Le Soho ». Son promoteur ? Alain Bernardin. L’exceptionnel et indéniable inventeur  du  concept Crazy Horse Saloon. Une formule très singulière et originale - bientôt copiée dans le Monde entier -  alliant numéros visuels et strip tease, musique vivante et musique enregistrée. Le tout,  valorisé par  une chorégraphie particulièrement raffinée et soulignée par d’astucieux éclairages scéniques. 
Au passage, une précision amusante relative à la composition de l’orchestre du « Soho » : Le profil inattendu d’un des membre du groupe (un certain Jean-Claude, notre batteur) qui de jour, étudiait d’arrache pied en classe de percussions au Conservatoire National de Musique de Paris, tout en préparant également la Direction d’Orchestre. La nuit par contre, notre studieux et sympathique percussionniste se faufilait dans les coulisses, entre les créatures de rêve pratiquement nues constituant l’attraction  principale du « Crazy Horse ». Une « pénible obligation », vous en conviendrez, mais il lui fallait bien prendre sur lui pour être en mesure de prendre place dans l’orchestre et arrondir ses fins de mois !  
Bien du temps s’est écoulé depuis, et chacun de nous a bien entendu continué sa route. Jean Claude, quant à lui, a cessé d’être étudiant et se distingue particulièrement comme membre de ce que l’on peut désigner comme l’élite musicale. Je ne serais cependant pas surpris d’apprendre qu’occasionnellement, il lui arrive encore de « faire le bœuf » à la batterie mais pour le plaisir cette fois car l’amusant dans l’histoire, c’est qu’il soit effectivement  question du même et talentueux  Jean-Claude Casadesus : celui qui  aujourd’hui, dirige (entre autres)  le superbe Orchestre Philharmonique de Lille! 
Pour ce qui me concerne, tant sur le plan professionnel que personnel, l’épisode « Soho » aura j’en ai la certitude,  contribué de façon décisive au franchissement d’une étape très importante de ma vie. Une période durant laquelle j’apprendrai à maîtriser mes déceptions, mes peines, et aussi, grâce à Dieu, les réussites et les moments de joie et de bonheur. Comme par exemple, mon mariage et la naissance de mon fils David …

***

Bien que travaillant pour Bernardin, Lola n’évoluait pas sur la scène du Crazy Horse Saloon à l’instar de  « l’Ange Bleu », si cher à Marlène Dietrich !  Non.  Lola, elle, c’était plutôt sur les bureaux qu’elle régnait puisque pratiquement tout ce qui avait  trait à l’administratif ou au secrétariat de la maison mère - Le Crazy Horse Saloon- passait obligatoirement par cette séduisante mais très énergique jeune femme. 

De par sa fonction, « Lola » Moreau était tenue de passer la soirée au « Soho »  une fois par semaine afin de remettre la paie de l’orchestre.  Elle nous rendait parfois d’autres visites. Impromptues celles-là. Qui avaient pour but de tenir le boss informé de la bonne marche de la boîte ainsi que de la réaction du public face à cette nouvelle forme de cabaret-spectacle. C’est donc au « Soho » que Lola et moi nous sommes rencontrés pour la première fois et que dès le début , quelque chose a « cliqué » entre nous. Alors... nous nous sommes revus ! 
Au Club tout d’abord et par la suite, de plus en plus souvent, dans le petit bistro de nuit  où avec les musiciens, nous allions après le travail, prendre un verre et se faire une soupe à l’oignon  ou des tripes à la mode de Caen. Romantique, non ?  Il est facile d’imaginer la suite. Niant l’évidence et en dépit de nos caractères déjà un peu trop opposés (pour ne pour ne pas dire explosifs ) Lola et moi avons décidé de faire un bout de vie ensemble.


José Bartel double Don Francks dans La Vallée du Bonheur (1968)

Istamboul, le Shadirvan… et tout le bazar.

« Shadirvan », le superbe restaurant dansant de l’Istanbul Hilton Hôtel. Cette immense salle avec vue magnifique sur le Bosphore sera notre lieu de travail pour les six mois à venir. Après le « Soho» et les rigueurs de l’hiver parisien, nous voici à présent en Turquie sous le soleil d’avril  Enfin pas tout a fait car pour l’instant, le Bosphore est plutôt balayé par un vent constant et glacial. Mais qu’importe. En dehors de ce phénomène passager, tout baigne ! L’été approche et nous sommes avec l’orchestre, traités comme des princes. Le fait que le directeur de l’hôtel soit français pourrait y être pour quelque chose. Qui sait ? 
Comme il est d’usage pour un contrat d’aussi longue durée (d’avril à la fin septembre 61) et passés les habituels premiers jours de rodage, les éléments du groupe accompagnés de leurs épouses, se sont mis à la recherche d’appartements à louer en ville. Quant à moi, Lola étant restée à Paris en raison de son job, je compte m’installer à l’Hôtel pour la durée de l’engagement. Un engagement qui par la suite, s’avérera des plus agréable. Jugez plutôt : Le jour : la piscine, le Bazar,  ou plage sur la mer de Marmara. Et le soir ? Les dîners dansants qui s’achèvent à une heure du matin. Ce qui est une aubaine car le touriste, d’où qu’il vienne, se lève tôt pour ne pas rater une miette de l’excursion prévue le lendemain. A savoir : La découverte d’Istamboul !
Quelques mots sur ces fameuses excursions.  Une visite guidée impitoyablement parfaite et chronométrée durant laquelle il est tout juste permis aux  aventuriers d’un jour, d’acheter au prix fort l’incontournable souvenir local. Mais attention , uniquement à l’occasion  des rares moments de temps libre. D’autre part,  il lui est fortement conseillé pour « des raisons d’hygiène » et surtout si le touriste est anglo-saxon, de ne rien consommer d’indigène et d’attendre le retour à l’hôtel pour y déguster son « good old steak », arrosé de soda ou de café au lait. Il faut croire que pour un nombre assez conséquent de voyageurs, le fait de se trouver en Turquie pour la première et probablement dernière fois de leur vie, ne justifie tout de même pas l’expérimentation de la cuisine autochtone ! Aussi authentique et soignée soit-elle. 

Pauvre touriste… Bien qu’il paraisse raisonnable de penser - le turc moyen s’approvisionnant chaque jour en eau potable par bonbonnes au marché local - que le spectre du choléra a depuis des lustres, cessé de hanter le sommeil des nombreux riverains du Bosphore. 
A nous donc les galettes, le Donner kebab, le poisson de la mer noire, les huîtres frites et autres énormes pots de savoureux yaourts. Il y a bien aussi les confiseries, bien que ce ne soit pas tout à fait ma tasse de thé ...  
Mais trêve d’élucubrations orientalo-culinaires car de toute façon,  il va me falloir garder une ligne acceptable. Ce pénible effort étant devenu incontournable de par la proximité d’un événement  capital pour la civilisation occidentale : Lola et moi allons pousser plus avant notre tumultueuse mais passionnée aventure et nous marier le 9 novembre suivant in Bagneux City,  (France) à mon retour de Turquie... Les six mois d’engagement de l’orchestre à Istanbul vont bientôt arriver à leur terme et nous nous préparons, via Paris,  au départ pour notre prochaine étape : « La Luciola » et la «Casina della Rosa» à Rome.  

Fort heureusement, il est réconfortant de constater qu’en 1961/62, la demande d’orchestres de danse spécialisés dans l’animation de clubs, casinos ou grands hôtels internationaux reste toujours assez forte. Ce qui nous permet d’envisager la signature de suffisamment  de contrats susceptibles de nous assurer un futur raisonnable pour quelques temps encore. 
C’est du moins ce que nous pensions jusqu’à l’apparition sur le marché, de nombreux  groupes philippins qui bien que se faisant exploiter pour des cachets rachitiques, ont le culot d’être excellents dans pratiquement tous les styles de musique ! Ils ont par exemple été - grâce aux nouvelles consoles et sonos italiennes ou japonaises - les premiers à reproduire note pour note le top des hit parades  mondiaux. Pour les servir tout chauds au public en un temps record. Se manifestent aussi, dans la foulée, les premiers symptômes de la disparition progressive de ce qu’il est convenu d’appeler « la musique vivante » dans les boîtes, et l‘apparition  de clubs privés accompagnés de leur discutable mais implacable stratégie commerciale basée sur : Le Disque. L’objectif  étant de diminuer les frais de gestion et d’augmenter le chiffre d’affaires en assurant l’animation du club et de la piste de danse  par l’utilisation de 100 % de musique enregistrée, l’approvisionnement en nouveautés (singles ou albums) étant bien entendu assuré gratis par le service promotion des maisons de disques ! 
Il n’est par donc pas difficile d’imaginer que les conséquences de cette approche commerciale - cynique mais financièrement efficace -  ne se feront pas attendre !  

Toutes considérations artistiques ou sociales ne devant surtout pas interférer dans la gestion de ces véritables pompes à fric,  la « musique en boîte » finira par éjecter peu à peu, un sacré nombre de petites formations de la plupart des podiums. Aujourd’hui encore,  peu de salles utilisent régulièrement la formule « live music » pour animer leurs soirées. 
En fait,  à l’exception des Rock groups, des accompagnateurs de vedettes ou des musiciens appartenant aux orchestres conventionnés (Théâtres nationaux, Télévision etc..) , seuls les pianistes de bar, armés de leur connaissance encyclopédique des « standards » internationaux (classiques ou Jazz) peuvent espérer décrocher suffisamment d’emplois réguliers pour survivre. 
La raison étant qu’ils contribuent efficacement - grâce à leur répertoire constamment adapté - à maintenir l’ambiance euphorique et feutrée typique du piano bar américain traditionnel.  
L’euphorie ou le blues. Des états d’âme qui, traités par une musique appropriée, sont presque toujours générateurs de recettes. Pour preuve, dans un   « piano bar américain » certains clients habitués, qu’ils soient euphoriques ou mélancoliques, s’inventeront toujours une bonne raison de renouveler leur verre. Soit pour célébrer un joyeux événement, soit pour noyer leur tristesse! Pour les orchestres constitués, dits « de variété », c’est plutôt le blues qui domine et aucun whiskey ne fera oublier l’approche de la fin d’une époque bénie. Celle où chaque soir, les musiciens se trouvaient en contact avec public et presque toujours, faisaient également partie de la fête.
Mais nous entrons dans les années 60 et tenant compte des circonstances et des prévisibles bouleversements auxquels je vais devoir faire face dans un avenir proche, il m’apparaît prudent une fois encore, d’envisager au plus tôt, une diversification radicale de mes sources de revenus. La nécessité d’une reprise rapide de contact avec les branches les plus diversifiées du métier s’avère donc vitale. Tant sur le plan économique que professionnel .  
Par chance, mes efforts porteront leurs fruits et au bout de quelques semaines de démarches j’étais en droit d’espérer que même si se tarissait ma principale source de revenus - c’est à dire les engagements de l’orchestre à l’étranger -  je serais tout de même en mesure d’assurer la matérielle. D’autant plus que le fait de séjourner à Paris de façon maintenant quasi permanente,  allait me permettre de développer des capacités insoupçonnées  dans les domaines artistiques les plus variés. Pour ne pas dire hétéroclites !  
Par exemple et dans le désordre : Choriste pour séances d’enregistrement, compositeur de « jingles » publicitaires, arrangeur, orchestrateur, chanteur d’orchestre en province, co-animateur d’une émission avec Hubert sur Europe1, invité par le Jack Diéval Jazz Quartet pour une série de concerts radiodiffusés. 
Sans oublier d’occasionnels cachets comme piano bar et surtout, de multiples post-synchronisations de films  tels que le Livre de la Jungle, Le Shérif est en prison, L'Extravagant Docteur Dolittle, etc…

Pour les fêtes de fin d’année ou bien durant la période généralement creuse comprise entre Mai et début Septembre  il m’arrivait aussi, d’être en mesure de reconstituer mon orchestre le temps d’une saison d’été. En France ou à l’étranger. Comme on peut le voir, de précieux emplois intermittents . Sans oublier toutefois mon « cacheton suprême »,  ma cerise sur le gâteau : La Comédie-Française !!!  


Partie 1 (enfance, Marseille), Partie 2 (débuts avec Aimé Barelli, caves de jazz à Saint-Germain-des-Prés), Partie 3 (Monte-Carlo), Partie 4 (Algérie, retour à Paris, Istamboul)... (A suivre)

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13ème Salon des Séries et du Doublage (samedi 26 novembre 2016)

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Le 13ème Salon des Séries et du Doublage (co-organisé par mon confrère François Justamand de "La Gazette du Doublage") se tiendra samedi 26 novembre 2016 de 10h à 18h (Maison des Mines, 270 rue Saint-Jacques, 75005 Paris). Je ne participe plus à l'organisation mais serai présent comme spectateur.

Programme des rencontres:

Hommage à Claude Boissol (11h-12h30) en présence de son fils Marc, de son ami (et spécialiste des séries) Jean-Jacques Jelot-Blanc, des comédiennes Grace de Capitani et Danièle Evenou et du comédien Edward Meeks.

Carte blanche à Laura Préjean : autour du doublage de NCIS (11h-12h30) avec les comédiennes Laura Préjean, Barbara Beretta et Anne Dolan, et les comédiens Michel Le Royer, Serge Faliu et Hervé Jolly.

Les séries d’aventures françaises : entre tradition et modernité (14h-15h30) avec le comédien Bernard Tiphaine, le spécialiste d’Alexandre Dumas Claude Schopp et Philippe Charlier, fils du scénariste Jean-Michel Charlier.

Les grandes voix du doublage (14h-15h30) avec les comédiennes Régine Blaess et Sylvie Feit, et le comédien Michel Paulin.

Une époque formidable : la victoire du vaudeville ? (16h-17h30) avec la comédienne Cécile Caillaud et les comédiens Bernard Le Coq et Alexandre Thibault.

Le doublage des séries populaires (16h-17h30) avec les comédiennes Nadine Delanoë, Dominique Mac Avoy, Danièle Douet et Véronique Picciotto, et les comédiens Georges Caudron et Marc Saez.


Prix: 3,50€ par rencontre
Invités présents sous réserve. Accès aux rencontres dans la limite des places disponibles.
Les rencontres sont animées par Vincent Chenille (Sérialement Vôtre) et François Justamand (La Gazette du Doublage).
Chaque rencontre sera suivie d’une séance de dédicaces d’une vingtaine de minutes pour tout détenteur de ticket de débat.


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Décès de Raoul Curet

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C'est avec une grande tristesse que je viens d'apprendre par sa famille la disparition dans la nuit de mercredi à jeudi de Raoul Curet, qui faisait à 96 ans partie des derniers grands doyens du cinéma français.

Pilier du groupe vocal Les Quat' Jeudis, voix française de Glenn Ford, et comédien habitué du petit et du grand écran, Raoul Curet était aussi un homme très sympathique que j'avais eu le plaisir d'interviewer il y a un an et demi chez lui, à côté d'Aix-en-Provence.

En hommage, je vous invite à redécouvrir mon article, que j'ai publié l'été dernier:
http://danslombredesstudios.blogspot.fr/2016/07/raoul-curet-rencontre-au-soleil.html

Toutes mes pensées vont à sa famille.


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Bob Smart : Un Américain à Paris

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Ancien choriste de Frank Sinatra, Elvis Presley et Doris Day, Bob Smart fait partie des quelques chanteurs et musiciens américains à avoir tenté leur chance à Paris pendant la grande époque des studios d’enregistrement (années 60), où il a intégré les mythiques Double Six. Rentré aux Etats-Unis au début des années 70 et actuellement retiré à Long Beach (Californie), c’est avec beaucoup d’humour et de modestie qu’il a répondu par téléphone à mes questions. Portrait d’un choriste atypique.

Entretien réalisé le 30/10/2015
Remerciements à Jean-Claude Briodin et Claudine Meunier


« Je vais répondre à tes questions en français. J’ai commencé à étudier le français à l’université UCLA (Los Angeles, Californie) où je suivais des études musicales. Mon père était chanteur d’opéra dans sa jeunesse, mais sa carrière a été interrompue à cause de la Grande Dépression. Ma mère chantait aussi, mais elle n’a jamais été professionnelle. Tous deux sont devenus professeurs. Comme l'été ils ne travaillaient pas, on voyageait beaucoup et je chantais tout le temps dans la voiture. Toute ma vie j’ai aimé chanter. »

Adolescent, Bob fait partie de la prestigieuse Roger Wagner Chorale (groupe de seize à vingt-quatre chanteurs). C’est avec cet ensemble vocal qu’il part pour une grande tournée en Europe à 17 ans (Londres, Pays-Bas), découvre Paris, et débute une carrière de choriste pour des musiques de films à Hollywood : The Silver Chalice(1954, chœur studio), Li’l Abner(1959, quatuor vocal studio et à l’image), How the West was won (1962, chœur studio), State Fair (1962, en soliste studio et à l’image), etc.
Jeune homme, il a pour professeur de chant à Hollywood Gene Byram, qui enseigne entre autres à Judy Garland et à sa jeune fille Liza Minnelli (qu’il croise souvent avant ou après ses cours), à Rock Hudson et aux Hi-Lo’s. « Judy Garland avait toujours le trac, donc quand elle avait des représentations à Las Vegas, Gene partait avec elle. Comme il fallait que les leçons continuent pendant ses déplacements, il m’a demandé d’être son remplaçant  alors que je n’avais que vingt ans. »

Pour gagner de l’argent, il chante dans les églises catholiques chaque dimanche et à la synagogue juive tous les vendredis soirs. A l’église, il rencontre la secrétaire du grand chef d’orchestre et arrangeur de jazz Stan Kenton, qui devient l’une de ses grandes amies, et le présente à Kenton. Bob Smart a l’idée de lui proposer de monter un groupe vocal avec trois anciens amis de son chœur de jeunes et ils enregistrent à ses côtés l’album Kenton with voices (1957). « Je faisais le premier ténor. Kenton qui écrivait les arrangements me demandait à chaque fois de faire des voix plus aigues, jusqu’au sol -en haut du do aigu-, qui étaient presque des cris. Lui qui était un musicien exceptionnel mais ne pouvait pas chanter, m’a dit un jour « de tous les musiciens avec qui j’ai travaillés, tu es le meilleur ». J’ai été frappé, car c’était mon idole. C’était flatteur mais ridicule car je n’étais pas un très bon musicien, je ne déchiffrais pas bien à cette époque. Lui faisait des choses très difficiles. »
Après la sortie du disque, la destinée de ce groupe, The Modern Men, sera écourtée car jugée trop proche par Capitol (la maison de disque) des Four Freshmen, autre groupe maison, pour lequel Bob a par ailleurs beaucoup d'admiration.


Stan Kenton and The Modern Men : Sophisticated Lady

Bob Smart se lance alors dans le monde des choristes studio en Californie : « Je travaillais beaucoup mais je n’étais pas non plus dans les premiers rangs. Les principaux choristes faisaient partie d’un cercle très fermé ».
Il accompagne en studio, shows télé ou concerts Frank Sinatra, Nat King Cole, Doris Day, Dinah Shore (il fait partie de son groupe de choristes, les « Skylarks », et l’accompagne notamment sur les publicités Chevrolet), Jerry Lewis, Burl Ives, Betty Hutton (à Las Vegas et à Londres), Don Williams (frère du crooner Andy Williams) mais aussi Jayne Mansfield (six semaines à l’Hôtel Tropicana). 
Jayne Mansfield
Il se souvient de cette dernière et de son extravagance: « Dans son show je jouais plusieurs rôles, et notamment un psychanalyste qui l’interrogeait. Je crois l’avoir vue dans toutes les positions possibles et imaginables, avec ou sans vêtements. Jayne Mansfield faisait son entrée dans une belle robe couleur or, traînant une grande fourrure blanche. Un soir elle entre enveloppée dans sa fourrure, car la fermeture à crémaillère de sa robe s'était cassée. La fourrure ne recouvrait que le devant, et elle avait oublié que nous, ses choristes, étions derrière elle. »
Il enregistre les chœurs d’Elvis Presley pour deux de ses films : G.I. Blues (1960) et Girls ! Girls ! Girls (1962) sur lesquels il touche encore des royalties. « Elvis Presley chantait dans un style différent du mien, moi je chantais plutôt comme Andy Williams, très crooner. C’était l’époque où tout était yéyé,  j’ai vu que j’étais dépassé et que je n’aurais pas l’occasion d’être vedette. J’ai eu l’idée d’aller en France, je savais que j’aurais peut-être la possibilité de travailler. »

Bob arrive à Paris en 1963, avec l’appui de Donn Arden, chorégraphe du Lido avec qui il avait travaillé à l’Hotel Hilton de Los Angeles comme chanteur principal de sa revue. « Donn m’avait dit qu’il chercherait des gens pour chanter au Lido au mois d’octobre. Je suis arrivé à Paris avec 1000 dollars… et l’intention de rester jusqu’à ce que je n’aie plus d’argent. J’ai été engagé dans le groupe des six choristes du Lido car j’avais une voix de premier ténor qui était difficile à trouver à cette époque-là. J’avais une voix sur quatre octaves et c’était très rare. »
Les Double Six (J.-C. Briodin, M. Perrin,
B. Smart, C. Meunier, L. et M. Aldebert)
Un soir, Jean-Claude Briodin, saxophoniste et choriste, membre fondateur des Double Six et des Swingle Singers, passe au Lido pour voir des amis qui travaillent dans l’orchestre. Eddy Louiss souhaite quitter les Double Six, ils cherchent quelqu’un pour le remplacer, Jean-Claude en parle à Bob.
« Je lui ai donné l’album que j'avais fait avec Stan Kenton, il l’a apporté à une réunion des Double Six, ils l’ont écouté et ont aimé ». Bob est engagé après quelques essais, il part alors en Italie répéter auprès de Mimi Perrin et de son jeune fils Gilles. « C’était incroyable, je me demande encore comment j'ai pu faire ça ? Ils étaient fous de m’engager ! Je venais juste d’arriver en France, je parlais Français un petit peu mais avec des fautes comme quand je te parle maintenant, or les textes des Double Six sont parfois prononcés très vite, et en argot. En plus j’étais un petit choriste quelconque, je chantais très juste mais je n’étais pas un très bon lecteur, j’apprenais toutes mes parties au piano note par note, alors qu’eux étaient à la fois des lecteurs et improvisateurs extraordinaires : Mimi Perrin, Jean-Claude Briodin et Louis Aldebert jouaient tous d’un instrument en plus du chant, Claudine Meunier et Monique Aldebert chantaient merveilleusement le jazz. Et moi en arrivant dans le groupe je n’avais pas l’habitude de chanter les harmonies, j’étais jusqu’à présent plutôt soliste ou choriste avec la mélodie. Bref, je me demande ce qu’ils pensaient de moi à l’époque et s’ils n’ont pas regretté de m’avoir pris. Tu demanderas à Jean-Claude et Claudine (rires) ! Même encore maintenant, une fois par mois, je fais un cauchemar où je me retrouve sur scène sans savoir les paroles».
Bob est bien trop modeste, car sa prestation au sein du groupe est très réussie et appréciée, et dans ce milieu de "requins de studio" extrêmement concurrentiel il n’aurait jamais été retenu s’il y avait eu le moindre doute. Il enregistre deux albums des Double Six, et chante en tournée avec eux à Barcelone, au Canada, aux Etats-Unis, à Monte-Carlo, etc. où il partage les chambres d'hôtel avec Jean-Claude, qui devient l'un de ses meilleurs amis.
Le groupe répète énormément dans l’appartement de Mimi, qui préfère le travail de répétition plutôt que d’être sur scène. Ce sera l’une des raisons de l’éclatement du groupe.

Les Double Six en répétition : Prends ton baryton (1965)

Parallèlement aux Double Six, Jean-Claude Briodin propose à Bob Smart de faire partie d’un nouveau groupe au répertoire folk, inspiré de Peter, Paul & Mary. Ce seront Les Troubadours. Presque tous les jours, Pierre Urban, guitariste principal du groupe, donne une formation accélérée de guitare à Bob. « J’avais les mains dans un état, c’était épouvantable. Mes pauvres doigts ! (rires) ».
Bob enregistre les deux premiers disques du groupe (La route et Marie tu dis oui, tu dis non), mais comme ceux-ci marchent bien, Les Troubadours sont demandés sur scène. Bob arrive à donner l’impression sur scène qu’il maîtrise bien la guitare, notamment lors d’une semaine de concerts à L’Arsenal, mais ses lacunes dans cet instrument sont trop grandes et il préfère quitter le groupe, remplacé par le canadien Don Burke.

Les Troubadours : C'est la fin de l'hiver (1965)
(Jean-Claude Briodin, Bob Smart, Franca Di Rienzo et Pierre Urban)

C’est encore grâce à Jean-Claude Briodin (dont le timbre de voix est proche et forme avec le sien une unité de son, à l'instar de l'association Anne Germain-Danielle Licari) qu’il est introduit dans le milieu des choristes studio parisiens. Il accompagne la plupart des chanteurs français du moment comme Joe Dassin (« Aux Champs-Elysées »), Sheila, Dalida, John William, Françoise Hardy, etc. ou des vedettes internationales comme Marlene Dietrich, Nana Mouskouri, Petula Clark ou Melina Mercouri… « Avec Melina Mercouri nous avons enregistré un album de chansons grecques révolutionnaires et elle nous a frappé dans le ventre pour qu’on soit plus agressifs ».

« Je crois que ma deuxième séance je l’ai faite pour Fernandel. Quand j’étais adolescent aux Etats-Unis, j’étais fan de Fernandel, je l’ai vu au cinéma dans "L’auberge rouge" et dans les "Don Camillo". Et là j’arrive en studio où comme d’habitude on ne savait pas pour qui on allait chanter, et je vois débarquer mon idole. C’est en français, sur un tempo très rapide, et en plus Fernandel nous demande de prendre l’accent du midi, alors que je ne savais même pas ce que c’était. On répète vite fait, Fernandel vient près de nous, nous demande si nous sommes à l’aise avec l’accent du midi et une fille, je crois Jeanette Baucomont, dit « -Oui ça va, même pour Bob », Fernandel répond « -Pourquoi vous dites « même pour Bob » ? », « -Parce qu’il est Américain ». Alors le reste de la séance il est resté à côté de moi pour m’écouter. Mon idole écoutait chacun de mes mots, tu imagines l’angoisse. Avec son visage fantastique, extraordinaire. Quel personnage… »

Bob travaille aussi pour d’autres grands anciens comme Bourvil ou Maurice Chevalier avec qui il a la chance lors d'une pause de discuter pendant un quart d’heure de sa carrière américaine.

Il suit régulièrement en studio ou en concert Gilbert Bécaud : « Il était l’un des artistes les plus talentueux que j’ai connus dans ma vie, tellement vivant et "vibrant", passionné par tous les aspects de son métier, avec beaucoup de respect pour ses musiciens et choristes. Nous avons eu de longues discussions tous les deux, on parlait notamment des Etats-Unis ».
Même si Bob ne peut me le confirmer à 100%, il se peut qu'il soit l'une des voix solistes de la version studio de "L'orange" ("Y avait comme du sang sur tes doigts, quand l'orange coulait!" et "Y avait longtemps qu'on te guettait, t'auras la corde au cou!").

Gilbert Bécaud et Juanita-Marie Franklin : répétition de "Charlie t'iras pas au paradis" (1970)
1er rang: Jean-Claude Briodin et Jacques Hendrix
2ème rang: Michel Richez et Jean Stout (basse profonde)
3ème rang: Bob Smart, Henry Tallourd, Claude Germain et Vincent Munro
4ème rang (1ère séquence): Michelle Dornay, Christiane Cour, Alice Herald et Annick Rippe
5ème rang (1ère séquence): Annie Vassiliu, Danièle Bartolletti, Nicole Darde, et, visibles dans la 2ème séquence: Janine de Waleyne et Anne Germain

Autre personnalité, Henri Salvador : « Je ne me souvenais plus du tout de la chanson "Count Basie" que j'ai retrouvée dans ton interview d'Anne Germain. Par contre je me souviens qu'avec Henri Salvador on a dîné à la brasserie Lipp tous ensemble et on est allé plusieurs fois à son appartement, qui était juste en face de celui de sa femme Jacqueline, séparé par un couloir. Ils étaient très gentils. Jacqueline avait une personnalité tellement forte et impressionnante, elle retenait toute l’attention. Quand il y a quelques années j’ai fait visiter Paris à mon fils, nous sommes allés au Père Lachaise et je suis allé me recueillir auprès de leur tombe. »

En studio et pour des émissions de télévision, il accompagne souvent Claude François. « J’ai beaucoup aimé « Comme d’habitude » dès sa sortie, à tel point que pendant des vacances à Los Angeles, je l’ai fait écouter à Don Williams (frère d’Andy) et à d’autres chanteurs qui m’ont tous dit « C’est pas mal, mais ce n’est pas dans le style du moment, ça ne marchera pas ». Finalement, grâce à Paul Anka, Frank Sinatra en a fait un immense tube avec « My way ». J’ai toujours été un peu agacé qu’en interview Paul Anka ne mentionne pas Jacques Revaux et Claude François en parlant de cette chanson. »

Henri Salvador et les Angels chantent "Count Basie" (1966)
(Jean-Claude Briodin, Louis Aldebert, Anne Germain, Henri Salvador, Danielle Licari, Bob Smart, Jacques Hendrix)


Autre personnalité incontournable de la variété de l’époque : Mireille Mathieu. Lors d’une séance de chœurs, Johnny Stark, imprésario de la chanteuse avignonnaise, demande à Bob s’il accepte d’être prof d’anglais de Mireille, en étant payé au même tarif que pour des séances de choeur. Bob lui donne des cours trois fois par semaine dans sa maison de Neuilly pendant plus d’un an. « Elle était très gentille, très consciencieuse, et avait une grande facilité pour s’imprégner rapidement d’un accent.». Il l’accompagne partout en tournée. « Je me souviens d’un vol pour Berlin, nous étions installés en première classe, elle était entre Johnny Stark et moi. C’était son baptême de l’air et elle était terrorisée, agrippait nos mains, à tel point qu’elle et Johnny sont descendus à l’escale de Hambourg pour prendre une limousine et j’ai continué le vol seul jusqu’à Berlin avec les valises. »
Autre souvenir, Londres. « On était superbement logés, en face du Savoy. Un jour, un journaliste de France Soir me téléphone à l’hôtel et me dit « On aimerait vous interviewer à propos de votre travail avec Mireille Mathieu, Johnny Stark nous a donné son accord ». Je donne une interview à l’hôtel, ne me doutant de rien, et quelques jours après France Soir titre « Un Américain est fou amoureux de Mireille Mathieu, il lui envoie une douzaine de roses par jour, etc. », bref, du grand n’importe quoi. Quitte à raconter des bêtises, ils auraient au moins pu mentionner mon nom, ça m’aurait fait de la publicité, mais même pas ! (rires) ».

Raymond Lefebvre et son orchestre : Oh happy day! (1969)
(Choeur: Claude Germain, Henry Tallourd, Bob Smart, Danielle Licari, Anne Germain et Jackye Castan)

Bob Smart enregistre les chœurs des musiques de films de tous les grands compositeurs du moment,  Georges Delerue (Viva Maria !), Claude Bolling, Michel Colombier ou bien encore Michel Legrand pour qui il participe à la plupart de ses séances de 1963 (peu après Les Parapluies de Cherbourg) à 1968. « Je me souviens être passé chez lui un jour. Pour le plaisir, il m’a accompagné au piano pendant une heure. Il a toujours été très gentil avec moi. Lors de l’une de mes dernières vacances à Paris, ça n’a pas pu se faire car il était à l’étranger, mais je voulais que mon fils le rencontre car pour moi c’était comme lui faire rencontrer Mozart. Des grands maîtres comme lui, Burt Bacharach ou Michel Colombier il n’y en a plus dans la musique d’aujourd’hui. »
Il enregistre peu de publicités chantées ("à part Boursin, le fromage fin") certainement à cause de son accent, mais participe comme acteur à quelques films comme Les Vainqueurs (1963, Carl Foreman) tourné en Italie ou Du rififi à Paname (1966, Denys de La Patellière) avec Jean Gabin.

En soliste, il enregistre quelques disques de covers en français et en anglais (labels Gala des Variétés, Gala International et RCA) principalement avec l'arrangeur Jean Claudric, puis retrouve le Lido en 1968, mais cette fois-là comme chanteur principal (quelques années après avoir quitté les chœurs du Lido pour faire les Double Six et les séances studio). Il y rencontre et épouse une show girl italienne. A ce moment-là, la vedette du Lido était mariée à un compositeur argentin de renom qui écrit à Bob des chansons en espagnol.  Ce dernier lui propose qu’il les enregistre à Madrid avec un grand musicien de jazz. Arrivé sur place, tout ne se passe pas comme prévu. « L’arrangeur de jazz fantastique s’était disputé avec la maison de disques espagnole et avait quitté son posté. Pour le remplacer ils ont engagé un arrangeur très vieux jeu. C’était presque des arrangements de mariachis : épouvantables, démodés. J’ai fait ce disque, il est sorti, j’ai été régulièrement interviewé à la télévision et à la radio, en espagnol car je parlais couramment cinq langues  dont l’espagnol… et j’ai dû vendre deux exemplaires, ce n’était pas une réussite. Je me souviens d'une interview assez traumatisante: le journaliste m'avait demandé de chanter quelque chose en français comme ça, a cappella. Je n'y étais pas préparé, il y a eu un gros blanc et je me suis mis à chantonner les trois mots de "Michelle, ma belle" sans pouvoir me souvenir du reste" (rires)»

Bob Smart : Michelle (cover RCA de 1966)

Après trois mois en Espagne qui ont abouti à ce cuisant échec, il revient à Paris et est surpris par la gentillesse et la fidélité de ses camarades de métier, qui lui proposent à nouveau du boulot. « Jean-Claude Briodin et d’autres comme Anne Germain, Claudine Meunier ou Janine de Waleyne ont été fantastiques, ils ne m'ont pas considéré comme un traître pour avoir quitté la France quelques mois et m’ont intégré dans leurs équipes de chœurs. J’ai beaucoup d’admiration et d’amitié pour eux.»

Quelques mois après, il reçoit un appel de Frederic Apcar qui lui propose de rejoindre l’équipe de choristes de l’arrangeur Jean Leccia au Casino Dunes de Las Vegas pendant six mois.
« J’ai accepté. Je me suis senti un peu lâche de laisser de nouveau tomber mes amis de Paris, mais c’est grâce à cet engagement que j’ai eu la carrière la plus importante de ma vie. Il y avait au Dunes une affiche indiquant que les croisières Princess Cruises, qui étaient les croisières les plus célèbres du monde sur lesquelles était tournée "La croisière s’amuse", cherchaient des chanteurs. J’ai passé un entretien en italien, je leur ai montré le programme du Lido dans lequel il y avait ma photo comme chanteur principal. »
En rentrant en France en 1972 pour finaliser un divorce compliqué dont la procédure aura duré quatre ans, plus grand monde ne l’appelle. Les méthodes d'enregistrement ont changé : les synthétiseurs, bien sûr, et la technique du re-recording qui fait qu’on n’a pas besoin d’autant de choristes que dans les années 60, époque où les chœurs étaient enregistrés en même temps que l’orchestre. Il reçoit un contrat pour être chanteur sur le bateau de croisière Princess Italia, quitte définitivement Paris et prend l’avion pour Los Angeles.
« J’embarque à San Francisco, pensant arriver comme une vedette avec mes smokings et là le directeur de croisière me dit qu’ils sont en surbooking, que ma cabine a été attribuée à un passager et que je dois être logé dans l’hôpital du bateau. J'accepte... Puis un passager est mort donc à une escale on m’a proposé de prendre sa chambre. Et à l’escale suivante comme il y avait encore trop de passagers je suis revenu à l’hôpital. Heureusement je n’étais pas prétentieux, je ne me suis pas plaint. D’autres chanteurs auraient fait un scandale. »

Alors que les chanteurs sur les bateaux de croisières se comportent habituellement en touristes, passant leur journée au bar ou à la piscine, Bob discute avec les musiciens, passagers et hôtesses, et propose son aide pour les excursions, aidant les dames à sortir des autocars, etc.
Son directeur de croisières quittant son poste quelques mois plus tard, il recommande à Princess Cruises Bob pour le remplacer. Alors qu’il faut normalement plusieurs années de pratique pour avoir ce poste, Bob est engagé comme directeur de croisières et parcourt le monde pendant treize ans sur treize bateaux (pour Princess Cruises, Royal Viking Line, Carras Line et Costa Line), en faisant deux tours du monde et en visitant cent six pays, tout en continuant à chanter sur les bateaux. « Dans ma carrière, l’argent ne m’a jamais intéressé, l’important était de voyager. Je ne demandais pas quel était mon salaire je demandais « où on va ? » ».
La chose la plus importante de sa vie pendant cette période est l'adoption d'un orphelin mexicain qui est légalement aveugle, mais qui voit suffisamment bien d'un oeil pour pouvoir voyager avec lui dans quatre-vingt six pays. Bob est le premier américain non-marié et vivant seul à recevoir la permission du gouvernement mexicain d'adopter un orphelin de ce pays. Après avoir fait beaucoup de croisières ensemble, Bob prend sa retraite à l'âge de cinquante et un ans pour élever son fils. Celui-ci est maintenant marié, parle les cinq langues parlées par son père, joue du piano et a une ceinture noire en karaté qui lui permet d'enseigner à une classe de trente-cinq élèves à l'Institut Braille.

A sa retraite de directeur de croisières, un directeur musical avec qui Bob avait travaillé pour Disney à Hollywood le convoque pour une séance d’enregistrement. « C’était un gros groupe, vingt-quatre chanteurs. Je n’avais pas chanté depuis des années, même dans des églises ou à Las Vegas. J’étais avec deux autres premiers ténors, tout se passait bien et tout à coup je commençais à perdre mes notes aigues, je commençais à avoir mal à la gorge, je ne savais pas si c’était à cause du vieillissement de ma voix, du manque d’entraînement ou des tic tac que j’avais mangés avant le début de la séance. Je bougeais mes lèvres en faisant semblant de chanter sur les notes aigues mais je me sentais bizarre, donc j’ai vu le chef, je lui ai dit que je perdais mes aigus. Peut-être que j’aurais dû rien dire, il ne l’aurait jamais su car nous étions très bien – ce sont les seconds ténors à qui il a fait refaire des choses après la séance- mais c’était honnête. »

Sheila : Sheila la la (1969)
(Choeur: Bob Smart, Jean Stout, Claude Germain, Alice Herald, Anne Germain et Françoise Walle)

Pendant notre conversation, mon amie Anne Germain (qui nous a malheureusement quittés depuis) me téléphone sur mon portable. Je décroche et lui dis que je suis en train de parler à Bob sur l’autre ligne. J’ai l’idée de les faire converser tous les deux alors qu’ils ne s’étaient pas parlés depuis quarante ans, haut-parleur de mon portable contre haut-parleur de mon fixe, ce qui donne une scène à la fois surréaliste et émouvante. Anne témoigne : « Bob, tu es l’une des personnes les plus droites et honnêtes que j’aie connues dans ce métier. Je me souviendrai toujours quand en tournée aux Etats-Unis avec les Swingle Singers tu nous avais amenés à Disneyland, tu t’étais occupé de nous comme un frère. »

Le mot de la fin revient à Bob : « J'ai eu une vie merveilleuse, et les années à Paris ont été fantastiques, grâce à mes amis fidèles et surtout à Jean-Claude Briodin, qui m'a donné ma carrière en France. J'adore la France et les Français. Vive la France! Et merci à toi pour cette interview qui a été la plus agréable de ma vie grâce à ta gentillesse, ton efficacité et ta patience.»


Les Double Six : Rat Race (1964)

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Hommage à Paulette Rollin

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Une bien triste nouvelle, j'ai appris par sa famille le décès de mon amie Paulette Rollin ce matin à l'âge de 96 ans. Elle était la voix chantée de Cendrillon dans le premier doublage du mythique film d'animation Disney, et l'une des plus belles chanteuses des années 50. Avec mon confrère et ami Gilles Hané, nous l'avions interviewée par téléphone fin 2012, puis nous lui avions rendu visite au cours de l'été 2014 dans sa maison de repos du côté de Royan.

Nous sommes en 2012. En faisant des recherches sur internet sur Paulette Rollin (dont on ne trouve aucune photo ou trace d'activité depuis le début des années 60) je trouve, grâce à Google Images, le profil Facebook d'une coquette octo- ou nonagénaire ressemblant à ce que pourrait être Paulette aujourd'hui si elle était encore parmi nous. Comme le nom de sa ville est précisé, je trouve ses coordonnées dans l'annuaire et l'appelle au culot. Par chance, il s'agit bien de "notre" Paulette, qui a alors 92 ans, et répond à mes questions avec beaucoup d'humour.

"Vous avez vu? Sur internet, ils demandent notre date de naissance partout. Parfois je mets 1940, 1950... Mais c'est ridicule de tricher, car quand on est vieille, on est vieille! (rires)". Paulette Rollin naît le 23 mars 1920. "Mon père, Louis Rollin, était un très bon chanteur et comique. Il a fait beaucoup de films de l’époque, en noir et blanc bien sûr."
A ce moment, Louis Rollin a pour danseuse Bagatelle, dont la jeune fille, Jackie, dix-huit ans, les accompagne en tournée. Paulette, qui n'en a que dix-sept, et elle deviennent très amies.
"Mon père qui était un chaud lapin, est parti avec Jackie sans se soucier de son âge. A son retour à Paris, la mère de Jackie lui a ordonné de ne plus voir mon père, et l'a menacée de l'envoyer en maison de correction -ça se faisait encore à l'époque! Jackie s’est jetée de la fenêtre du sixième étage, a atterri sur une verrière, et a gardé toute sa vie des séquelles physiques de cette tentative de suicide". Jackie prendra, en souvenir de Louis Rollin, le nom de scène de Jackie Rollin puis, à la mort de son mari Fernand Sardou, le nom de Jackie Sardou.

Mannequin dans une grande maison de couture (Madame Grès), Paulette chante pour le plaisir mais ne pense pas forcément à faire carrière."J’étais mariée à un monsieur qui possédait un bar américain rue Vignon, à la Madeleine. Tous les mannequins venaient y déjeuner à midi. Des Américains m'apportaient régulièrement des disques et des partitions, que je reprenais au piano, et j'apprenais l'anglais avec eux. Un jour, ils m'ont embarqué au club du Ranelagh où jouait l'orchestre de jazz d'Hubert Rostaing. C'était un clarinettiste extraordinaire, meilleur encore que Benny Goodman. Il était beaucoup plus chaud dans l'aigu. Hubert Rostaing cherchait une chanteuse d'orchestre, mes amis lui ont parlé de moi et il m'a engagée. J'ai divorcé de mon mari, et j'ai suivi Hubert pendant sept ans comme chanteuse vedette... et dans sa vie . De magnifiques tournées au Brésil, au Liban, en Israël, etc. Et des enregistrements de disques. Quand on enregistrait, c'était en direct. Maintenant il faut je ne sais pas combien de prises pour faire un disque, c’est incroyable… A chaque fois que je finissais de chanter on me disait « On va essayer de faire un double au cas où mais on ne s’en servira pas car la prise est très bonne » et les musiciens m’applaudissaient, alors là je n’étais pas peu fière !"

Repérée pour des doublages de film, elle prête sa voix aux chansons de la harpe enchantée dans Coquin de printemps (1950) et à celles de Cendrillon (doublée pour les dialogues par Paule Marsay) dans Cendrillon (1950). "A ce moment, la France était en grève. Disney a retardé le doublage car ils voulaient vraiment avoir ma voix pour Cendrillon. Ce film est superbe. Je me souviens de la scène où Cendrillon lave le sol alors que le chat salit tout au fur et à mesure, et qu'elle chante "Chante, doux rossignol". J'avais enregistré en re-recording toutes les autres voix de Cendrillon, à la tierce, la quinte, etc. J’ai fait aussi la voix chantée de l’une des souris, c’est là où je me suis amusée le plus. C’était avec le mari de Micheline Dax, Jacques Bodoin. Qu’est-ce que c’était joli, ces souris. On enregistrait avec un rythme normal puis c’était ensuite passé en vitesse accélérée". Quand je lui demande si elle a reçu à l'époque un cadeau de Disney comme d'autres en ont reçu plus tard dans les années 60: "Non, ils m’ont payé mon cachet et c’est tout. C’était vraiment mal payé à l’époque."
Le film sera redoublé au début des années 90.


Paulette Rollin chante "Chante, doux rossignol" de Cendrillon (1950)

Eddie Barclay la félicite pour Cendrillon; "Dans le bar de mon premier mari j’avais pour pianistes Eddie Barclay et Louis de Funès. J'étais leur patronne (rires). Louis était vendeur dans un magasin de chaussures. Eddie et lui aimaient la musique mais jouaient plutôt d'oreille. Et puis Eddie a commencé à monter sa maison de disques. Grâce à Cendrillon, il m'a fait signer un contrat."

Paulette Rollin enregistre alors, dans les années 50, beaucoup de disques chez Mercury et Barclay. Sa belle voix chaude est très moderne pour l'époque, car sans "effets de voix".
"Moi je chantais de façon naturelle, comme beaucoup d’italiens, car mon père était napolitain. Je n'étais pas très travailleuse. Quand on allait dans une ville je chantais sans avoir répété. J’ai retrouvé des critiques notamment une qui dit « voilà une chanteuse qui sait chanter ». Ca me fait plaisir. Il fait froid alors je me réchauffe un peu (rires)."


Paulette Rollin chante "Prenez l'amour qui vient" (1958)

Elle fait partie des premières interprètes de Charles Aznavour, enregistre des duos avec Eddie Constantine, et reçoit un Grand Prix de la Chanson à Deauville, le même jour qu'Annie Cordy.
Quand on évoque notre amie Lucie Dolène: "Son mari, Jean Constantin, était venu chez moi à Paris et m’avait fait écouter « Mon manège à moi » qu'il était en train de composer. Je lui ai dit que ce n'était pas mon style. Et finalement, c'est Edith Piaf qui l'a chantée".

Paulette enregistre "Le loup, la biche et le chevalier" (plus connue sous le nom d'"Une chanson douce"). "J'ai été interviewé récemment pour une radio locale. On m'a fait une surprise en me faisant parler en direct par téléphone avec Maurice Pon qui a écrit « Une chanson douce » et d’autres chansons que j’ai enregistrées. Il a plusieurs belles villas. Il a bien gagné sa vie grâce à ses succès. Moi ça ne m’a jamais intéressé l’argent, c’est bête hein ? Je suis toujours bien où je me trouve !"


Paulette Rollin chante "Une chanson douce"

Parmi ses chansons préférées: « Où vont les étoiles ? » et « Tous les matins quand je m’éveille ». Tous ces titres sont réédités chez Marianne Mélodie. "C’est meilleur comme ça. Avant, en analogique, c’était affreux. Le numérique a amélioré le son de ces anciens disques, même si ça n'égale pas la qualité des enregistrements qu’on fait aujourd’hui."

Paulette Rollin se spécialise aussi dans les chansons pour enfants (elle enregistre entre autres plusieurs livres-disques pour Disney), les chants de Noël, etc. "Je reçois des mails comme ça : "il n’y a pas un Noël où on ne passe pas vos disques chez nous". C’est gentil !"

Elle joue dans le film La Fille de l'ambassadeur (1956) le rôle d'une chanteuse de cabaret (faisant danser sur "L'âme des poètes" Olivia de Havilland), et continue le doublage de chansons: Danielle Godet dans Nous irons à Monte-Carlo (1951), Lana Turner dans Voyage au-delà des vivants (1954), Julie Newmar dans Les Sept femmes de Barbe-Rousse (1954), etc.

Puis après une tentative de duo avec la chanteuse Denise Varene (sous les pseudonymes de "Betty et Suzy"), la vague yéyé met un terme à sa carrière. "Je n’étais plus dans le coup avec mes chansonnettes. Maintenant elles chantent, elles dansent, elles font tout. On ne comprend pas toujours ce qu’elles disent mais enfin, ça c’est autre chose !"

Elle se reconvertit en tenant une discothèque à Eze dans une somptueuse propriété. "J’avais une cinquantaine d’années, je dansais tous les rocks avec les italiens qui venaient tous les samedis soirs. J'étais heureuse dans le sud de la France. Je faisais de la gymnastique avec le Prince Albert qui devait avoir une quinzaine d’années."

Les dernières années de sa vie, Paulette se retire auprès de sa fille, d'abord dans le Var puis à Saujon, dans la région de Royan, où elle avait chanté au casino pendant sa jeunesse. « A Saujon il y a plein de centenaires. Ce doit être une bonne ville pour vivre une retraite tranquille ».

Femme indépendante et ouverte d'esprit depuis toujours, à 90 ans passés elle est sensible à l'écologie, défend le droit au mariage pour tous, et s'inscrit toute seule sur Facebook. "Je reçois une notification, "trois hommes ont flashé sur votre photo", c'est super drôle!"

Son rire et son franc-parler vont nous manquer. Je pense bien affectueusement à sa fille, Chantal, et à toute sa famille.

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Mémoires de José Bartel (Partie 5)

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Musicien, chef d'orchestre, directeur artistique, comédien, chanteur, etc. José Bartel (voix de Guy dans Les Parapluies de Cherbourg et du Roi Louie dans Le Livre de la Jungle) était un artiste à multiples facettes. 
Quelques mois avant sa disparition en 2010, il avait fini d'écrire ses souvenirs (intitulés: Faire comme si... Ou l'enrichissante mais peu lucrative balade d'un mec qui avait les dents trop courtes), que je vous propose de découvrir ici en exclusivité sous la forme d'un "feuilleton", publié avec l'aimable autorisation de sa veuve, Norma, et de son fils, David.

Dans le précédent épisode (Partie 4), José raconte la guerre d'Algérie et son retour à Paris où le métier est en plein bouleversement...


PAPY S’EN VA … 

Au placard le saxophone alto, la clarinette, la flûte et le bandonéon. Après avoir longtemps dirigé l’orchestre de la « Cabane Cubaine » rue Fontaine, mon père a quitté le métier, si mes souvenirs sont bons, en 1947. Tant de nouvelles modes musicales s’étant succédé depuis la Libération, il y avait de moins en moins de place dans le métier de la danse pour un musicien de sa génération. De toute évidence, le temps était venu de se recycler s’il ne voulait pas terminer sa carrière à Pigalle comme hélas beaucoup de ses copains, à la pêche à l’hypothétique « cacheton ». La place Pigalle de l’époque, était alors le rendez-vous traditionnel et quotidien des employeurs occasionnels, des chefs d’orchestres ou d’organisateurs de spectacles. Ceux-ci, dans le but de choisir des éléments susceptibles d’animer pour un soir une salle de spectacles ou une réception privée, déambulaient parmi les musiciens ou les artistes de variété au chômage, un peu comme un marché aux « musicos » avec comme étals, les bistrots et terrasses entourant la fontaine. Des stands où aucun marchandage n’était admis. Quant aux salaires : à prendre ou à laisser. Les charges sociales ?  Non mais tu rigoles ! 
Bien que le cliché « artiste ou musicien, c’est pas un vrai métier ça ! » ait la vie dure, cette humiliante Bourse trottoir du travail pour artistes sans emploi n’existe plus de nos jours mais avec le recul, du respect et un petit coup de chapeau semblent de mise pour ces authentiques intermittents du spectacle avant la lettre. 

Par chance, la reconversion de Papy s’est heureusement effectuée dans les meilleures conditions possibles.  En grande partie je pense,  grâce à  Coco sa compagne, qui en authentique « parigote » pleine d’idées et de ressources, se souvient de son ancien métier de « petite main » dans la haute couture. Elle se met donc au travail sur le champ et dans le feu de l’action, initie papa à la confection de tabliers et linge de table !  
D’après Coco il y a beaucoup de demande pour ces articles sur les marchés et à sa grande surprise, le projet se développe encore mieux qu’espéré. C’est ainsi que fort bien  acceptés par leur nouveaux amis forains, Papy et Coco se retrouveront  « sur la route » malgré leur manque d’expérience. Ecumant tous les marchés d’Ile de France !  En fait, et toutes proportions gardées, ce fut une réussite indiscutable. Du moins jusqu’à ce que cette vilaine grosseur à la base du cou de papa ne vienne tout foutre en l’air. 
Ce qui n’était au départ qu’une petite boule, une légère gêne, se développera au point de nécessiter un examen clinique plus approfondi qui confirmera ce dont Papy se doutait depuis le début : une tumeur. Le diagnostic des médecins ayant démontré  la nécessité  d’une urgente et vitale intervention chirurgicale, l’hospitalisation fut immédiate mais hélas, il était déjà trop tard. Malgré le succès de l’opération, papa ne survécut pas à l’épreuve.  
Voilà, c’est ainsi que par une triste journée,  je viens de perdre Papy. Un père que même de loin,  j’ai toujours admiré et pour qui je ressentais une immense tendresse. 
J’aurais tant aimé qu’on se voie plus souvent lorsque j’étais enfant, « ado » et maintenant, presque adulte… 

1963 déjà… Bien que nos séjours à Paris soient à présent de plus en plus prolongés, nos balades en Europe avec l’orchestre occasionnel se poursuivent. Avec dans certains cas, des rencontres imprévisibles qui se sont finalement transformées en véritables amitiés. Ainsi, c’est durant une saison d’été à Monte Carlo que grâce à Marcel et Liliane – un couple de copains propriétaires d’un restaurant à Nice - l’opportunité me fut donnée de faire la connaissance de ceux qu’on appelait alors : le « Gang des Niçois » ! A savoir : Raymond Moretti, Louis Nucéra, André Asséo, Ralf Gatti .. sans oublier bien sûr leur « Gourou »,  patriarche et ami  Jeff Kessel…  Est-il besoin de préciser que chacun de ces déjeuners était loin d’être triste ? 
Moins rigolo par contre ce qui devait nous arriver à Lola et moi par un bel un après-midi de février 63 . 
Alors que nous roulions tranquillement sur la Croisette, à Cannes, une lourde voiture anglaise (allant de toute évidence beaucoup trop vite pour s’arrêter au feu rouge) vint s’emplâtrer   dans l’arrière de notre petite Dauphine et nous expédier après un vol plané spectaculaire, contre le tronc d’un des palmiers placés sur l’allée centrale. 
Or, comme chacun sait, le palmier ayant une consistance plus proche du granit que de celle du flexible bambou, la barre de direction choisit de se planter dans le plafond de la voiture, à quelques centimètres à peine de la tête de Lola. Fort heureusement pour moi - les Dauphines ayant le moteur placé à l’arrière - le coffre avant et la roue de secours se contentèrent plutôt de se plier sur ma jambe gauche histoire de m’expédier à l’Hôpital. Alors qu’avec l’orchestre, nous devions le soir même jouer au Cabaret du Casino de Cannes,  me voilà fraîchement opéré et maintenu aux urgences ! 
Contrat ou pas, il sera donc hors de question pour moi de chanter ou animer quoique ce soit pendant un certain temps. Du moins jusqu’ après le plâtrage, l’accoutumance aux béquilles, et  une récupération que j’espère rapide !
En la conséquence, les copains musiciens ont été formidables et très efficacement  pris la situation en main. C’est-à-dire qu’après avoir ré-adapté le répertoire, ils ont - sans chanteur soliste - brillamment assuré les soirées du « Brummel » jusqu’à mon retour. Confirmant ainsi la sagesse de ce (stupide) dicton : « Personne n'est indispensable ». Bravo et merci les mecs ! N’empêche que pour mon ego, ça reste quand même foutrement vexant…    

      
LES PARAPLUIES DE CHERBOURG 

« Mon amour je t’aimerai toute ma vie... Ne me quitte pas, ne pars pas j’en mourrais… Guy je t’aime... Ne me quitte pas... ».  Sur le quai de la gare de Cherbourg , Geneviève chante un adieu désespéré à son grand amour sur le point de partir pour la guerre d’Algérie. A son tour, celui-ci, s’apprête à répondre lui aussi en musique, quand sur un signe de Michel Legrand, la bande magnétique d’accompagnement orchestral s’arrête dans nos casques.  Jacques Demy le créateur et réalisateur du film « Les Parapluies de Cherbourg » et Michel - qui en a écrit la musique - souhaiteraient apporter quelques modifications à la scène. 
Il faut vous dire que nous sommes toujours en 1963 et que cet après-midi de printemps,  je suis de nouveau à Paris en train d’enregistrer en studio, le rôle chanté de Guy (Nino Castelnuovo) le jeune premier. Le personnage de Geneviève (Catherine Deneuve) étant vocalement interprété par l’excellente Danielle Licari.  
Concernant les conditions d’enregistrement du rôle de Guy, joué à l’écran par le partenaire de Catherine dans cette belle histoire, je souhaiterais au passage, rapidement  évoquer un détail qui je trouve assez cocasse ! 
C’est tout simple : suite à mon récent accident de voiture sur la Croisette, il s’est avéré inconfortable et relativement embarrassant d’avoir à clamer mon amour à celle que j’aime passionnément.  Alors que je suis installé devant le micro dans en fauteuil, avec une jambe dans le plâtre ! Mais passons. Cette épreuve ayant malgré tout été surmontée avec succès, je ne puis qu’être fier d’avoir participé à l’aventure !
D’autant plus qu’il semble que c’était la toute première fois qu’un metteur en scène dirigeait l’interprétation de chanteurs comme s’il s’agissait de véritables acteurs et non comme je le pensais, seulement compléter et guider vocalement le travail d’interprétation effectué à l’image par les comédiens pendant le tournage.

Qu'importe, pour nous tous, chanteurs et musiciens,  je crois pouvoir dire que l’enregistrement  des « Parapluies » s’est révélé comme un challenge  très excitant, original, et particulièrement  magique. Une aventure qui dans la vraie vie, sera couronnée  à juste titre de la Palme d’Or du Festival de Cannes  ainsi que du Prix Louis Delluc !  
Un léger bémol toutefois, dû à l’attitude des Officiels lors de la remise de la Palme d’Or sur la scène du Palais des Festivals. En effet, (et c'est tout à l’honneur de Jacques Demy l’auteur et réalisateur du film) ce n’est qu’en raison des véhémentes protestations de Jacques que le Jury acceptera la venue sur scène de Michel Legrand, compositeur de la musique de cette comédie (tout de même) musicale. Afin que celui-ci puisse recevoir, conjointement avec l’auteur réalisateur,  la Palme D’or consacrant la haute qualité de leur création.  
Je présume que pour ces professionnels du cinéma, Michel n’était après tout, « que » l’auteur de la partition... 

Extrait des Parapluies de Cherbourg 
avec les voix de Danielle Licari (Geneviève) et José Bartel (Guy)


ADIEU MAMELE…

"- Mr Bartel ? 
- Yes, speaking .
- A call for you from Paris   
- Allo, c’est José ? 
- Oui
- Ici c’est Madame Mauzeret. Votre maman est à l’hôpital. Elle est très mal… elle vous réclame.  Pourriez-vous venir au plus vite ?"
Ce mois de novembre 63, avec l’orchestre,  nous sommes à Malmö (Suède). Le standard de l’hôtel Arkaden où nous jouons, vient de me passer l’appel et je réalise tout-à- coup que peut être, il va me falloir faire face à l’épreuve que chacun de nous voudrait ne jamais avoir à subir: la terreur de devoir dire Adieu. Je suis littéralement pétrifié. A deux pas d’une porte d’où s’échappent des rires, des conversations et de la musique. J’ai peur et j’ai froid... J’ai aussi l’impression qu’une tenaille géante me compresse au point d’être redevenu un tout petit « Josele » (Terme affectueux alsacien pour « petit José ») haut comme trois pommes, sur le point d’éclater en larmes. Je pense à toi Mamele … très fort. 
Avec l’accord de la Direction de l’Hôtel Arkaden où nous jouons à Malmö,  je prends le lendemain matin le premier avion pour Paris. Les formalités de Douane passées, je me rue vers un taxi qui à toute vitesse, me conduit à l’Hôpital Bichat. Il était temps.  
Dans cette grande salle, Mamele est là. Pâle, trop pâle… Elle ne me voit pas arriver. Ce qui me permet de l’observer pendant les quelques secondes qui nous séparent encore,  sans risquer de l’embarrasser par mon regard. Son calme, son courage, une sorte de dignité dans  la souffrance m’impressionnent.  Puis elle m’aperçoit. Son sourire de petite fille réapparaît et on s’embrasse, à s’étouffer. Rendez vous compte, tout redevient comme avant ! Comme quand on rigolait d’une blague idiote, comme quand Mamele me consolait lorsque j’avais du chagrin, comme quand il n’y avait pas d’hépatite, comme quand sa vie n’était pas en danger. Deux jours plus tard, alors qu’hébété de chagrin et d’inquiétude,  j’empruntais le couloir menant à la sortie de l’hôpital et au taxi qui devait me ramener à l’aéroport,  une laide et sournoise certitude s’incrustait déjà dans mon esprit au point de m’en donner la nausée. Je savais que Mamele et moi, on ne se verrai jamais plus.
Je le savais. En dépit du réconfort apporté par une de ses « copines infirmières » tentant de m’expliquer le pronostic plutôt réservé des médecins : « Rendez vous compte, c’est presque un miracle monsieur, on a jamais vu ça. Elle vous attendait. Pour preuve, depuis votre arrivée son état s’est amélioré au point qu’il nous est permis d’espérer un fragile mais possible rétablissement ».. Je ne saurai probablement jamais si ma venue a réellement  contribué pour quoi que ce soit au retour à la vie de ma maman mais pour ce si charitable mensonge, merci de tout coeur, Madame. Ce dont je suis persuadé par contre, c’est que sans la compétence et le soutien affectueux du personnel soignant de Bichat, Mamele n’aurait jamais gardé le moral et continué de se battre jusqu’à ce 21 décembre 1963 ou fatiguée et lasse d’être seule, elle s’est laissée partir.  
Adieu, Mamele ….

***

Les douze coups de minuit, Bonne Année,  Happy New Year,  cotillons, farandole et l’inévitable « Ce n’est qu’un au-revoir » étaient bien sûr de rigueur quant au milieu de la nuit, nous sommes passé en fanfare de 63 à l’année 1964.  C’était au « Brummel », le night club discothèque du Casino municipal de Cannes où avec l’orchestre, nous devions jouer jusqu’au début Mai. 
Tout au long de cette interminable nuit de Réveillon, mes pensées allaient toutes vers Mamele. Et pourtant, même si mon état d’esprit ne m’inclinait certainement pas à la fête, il a bien fallu « faire comme si ». 
Loin de moi l’intention d’émouvoir afin d’ajouter une touche « bouleversante » à ma petite histoire ou de provoquer une sortie de mouchoirs en mentionnant des détails qui au fond, sont ou peuvent paraître un peu gnan-gnan.  Non, c’est plutôt ma façon (qui en vaut une autre) de  rappeler que le métier d’artiste ou de musicien n’est pas, conformément aux clichés habituels, synonymes de strass et de paillettes.  Ce métier demande également après un long et ingrat travail de formation, non seulement un indéniable besoin de partager son plaisir professionnel mais aussi,  une certaine conscience de ses responsabilités vis à vis du public et de ceux qui nous emploient  
C’est ainsi qu’à mon sens, il est peut être bon de rappeler que pour les artistes comme pour toute autre profession, cœur gros ou pas, un contrat est toujours  resté un contrat .


PLANETE SHOW BIZZ …

1964 - Je viens de signer mon premier contrat d’enregistrement chez « Bel Air » (Label distribué par Barclay) et aussitôt, commence la recherche du matériel approprié. Ce single m’aidera-t-il  à trouver une nouvelle voie « en solo »  et me positionner dans une profession évoluant de plus en plus vers la variété, le disque et la télévision ?  Pas tout à fait. Et cela en raison d’une « légère » mais fatale erreur d’appréciation de ma part. 
Mon problème en l’occurrence, ayant été d’avoir voulu dans un premier temps, « pondre » une chanson réunissant tous les critères de « fabrication » du tube de l’été et d’avoir intitulé cette petite merveille : « Il y a toi et le reste du Monde » ! Ensuite, pour couronner le tout, il ne me restait plus qu’à aggraver mon cas en osant enregistrer cette platitude pour en faire le titre « A » du 45 tours !!  Résultat ?  Le disque est sorti mais pour « moi et le reste du monde »,  s’est royalement cassé la gueule.  Eh oui ! 
Leçon numéro un :  N’écrit pas un tube de l’été qui veut. Surtout si Hervé Vilard  (distribué par la même compagnie) ,  vous  sort simultanément un « Capri, c’est fini » dévastateur ! 
Leçon numéro deux : Ne jamais avoir la naïveté d’imaginer faire du commercial pour gagner beaucoup d’argent, d’abord afin d’être par la suite, en mesure d’imposer ce qu’on aime vraiment !

Heureusement, le choix de mon répertoire ayant sensiblement évolué au fil du temps, d’autres disques ont suivi . Des compositions sincères, authentiques et dénuées de calculs mais peut-être aussi, artistiquement inefficaces. Bien que s’agissant pour ainsi dire, de leur impact commercial , je suis certain que tenant compte de mon extrême pudeur et mon embarrassante modestie (?), vous comprendrez  ma discrétion pour tout ce qui touche à l’aspect « Ventes » de ma  carrière discographique Il m’est pourtant arrivé de m’entendre à la radio. Probablement des passages à l’antenne dus à l’amitié ou l’égarement suicidaire de certains programmateurs. Qui sait...
                                                                 
Grâce à une chanson,  j’eus tout de même la bonne fortune de faire une notable mais anonyme incursion dans les Hits Parades ! Cette apparition miracle dans le peloton de tête de la liste des succès étant due principalement à  «Back in the Sun » le titre phare du single d’un groupe anglais « bidon » : JUPITER SUNSET !  Le seul élément contrariant relatif à l’arrivée de « Back in the Sun »  sur le marché fut que bien qu’ayant effectivement chanté et participé (sous un nom d’emprunt) à l’enregistrement en anglais de ce tube, je n’en avais pas écrit une note !  Mais c’est promis, je me rattraperai sur les disques suivants. D’autant plus que très vite, vinrent l’étonnement et la curiosité provoqués par la découverte de JUPITER SUNSET. Cette toute nouvelle et mystérieuse formation anglaise. Quels étaient les musiciens membres du groupe ? Le producteur à l’origine de cette réussite ? …  Disons qu’à cette occasion, les circonstances ont voulu que ce qui au départ, n’était qu’un canular, finisse par échapper à tout contrôle et se transforme en pari réussi !

Il faut dire aussi qu’à l’origine, un chiffon rouge nous était constamment agité devant le nez par les faiseurs de modes du moment.  Et qu’en effet, pour bien des média, tout ce qui valait le coup de cidre dans la pop ou le rock « gentil » ne pouvait être qu’américain, anglais, ou à la rigueur, suédois, grec ou italien. La règle commune étant que pour ajouter le côté « international » à une production,  il était plutôt avisé de chanter  en anglais. Même s’il s’agissait de compositions originales comme celles de Demis Roussos et Aphrodite Child. Quant à  ceux qui,  passé leur  période dite « Yéyé » étaient devenus des vedettes confirmées suivies par un  nombre prévisible d’acheteurs inconditionnels,  la démarche était différente et  commercialement plus astucieuse. Jugez plutôt :  En fonction de l’image de l’artiste auprès de ses « fans » , les producteurs s’assuraient l’exclusivité d’un « cover » pour la France. C’est à dire qu’il faisaient enregistrer à leur chanteur ou chanteuse, la version française d’un tube international déjà confirmé, dont le style correspondait parfaitement à un public potentiel déjà disponible en France. Et là, pratiquement à chaque fois c’était le « tube » assuré, le Jackpot sans risques inutiles. Il n’y avait plus qu’à passer à la caisse ! 
C’est pourquoi, finalement plus qu’agacés par le chiffon rouge mentionné plus haut, nous avons finalement décidé avec quelques copains, d’égratigner à notre façon - et si possible avec humour- ce qu’il est convenu d’appeler le  « Show Biz system » !  

Tout d’abord, après nous être assurés du précieux concours d’un compositeur on ne peut plus français et d’un auteur capable d’écrire avec talent aussi bien en français qu’en anglais, nous nous sommes attelés au travail de préparation. Ensuite, tout en tenant compte bien sûr, de la nécessaire cohérence de style des chansons à enregistrer, nous avons (en anglais naturellement et sous des pseudonymes anglo- saxons ) enregistré et sorti le produit de nos sournoises cogitations sur label E.M.I. ! Détail important : Cette production étant censée représenter le single d’un tout nouveau groupe londonien (JUPITER SUNSET )  nous avons particulièrement veillé – pour les besoins de la cause bien entendu - à ce qu’aucune des informations d’usage nécessaires à la promotion du disque, ne soient fournies aux média. 

Et voilà qu’a notre grande stupéfaction, peu après sa sortie, «Back in the Sun», le titre « A » du single de Jupiter Sunset se trouve littéralement catapulté dans les Hit Parades !  Et ce, pour un temps suffisamment long pour qu’il nous soit demandé de produire d’urgence l’album 33 tours complémentaire. Mais il y a mieux !

Nous sommes en studio en  train de mettre en boîte les nouvelles compositions devant figurer dans l’album en question, lorsque de la cabine d’enregistrement, l’attachée de presse de la maison de disques nous communique d’étonnantes révélations : d’après « certains médias spécialisés » bien informés, « Jupiter Sunset »  serait composé de musiciens de studio anglais et le chanteur soliste mystère (votre serviteur) ne serait quant à lui, qu’un des nombreux musiciens américains vivant à Londres ( ?) .  
Le moment  serait-il venu de dévoiler le canular et rire de ces rumeurs ultra-confidentielles dont tout le métier ( nous en étions sûrs) apprécierait avec humour la volontaire flexibilité ? Le premier 33 T. de Jupiter étant finalement mis dans les bacs comme prévu, nous  eûmes la faiblesse de croire amusant de maintenant révéler le pot aux roses. Quelle erreur ! 

D’un seul coup d’un seul, les passages à l’antenne se raréfient et l’on n’écrit plus une ligne sur nous. Assez curieusement, il n’aura suffi que d’un passage à la Télévision et d’une ou deux « confidences clin d’œil » lâchées par le service promotion  pour que curieusement, « une certaine presse », « certaines radios » et une bonne partie du  « métier », cessent pratiquement du jour au lendemain, d’accorder le moindre intérêt aux prestations de Jupiter Sunset.  Comme pour s’assurer qu’après avoir pris un coup de pied au fesses pour mauvais esprit, nous n’ayons plus qu’à retourner dans un anonymat que de toute façon , nous n’aurions jamais dû quitter !

Ce lâchage traduit-il la frustration ressentie par les «Je sais tout » d’une partie de la critique réalisant qu’à maintes occasions,  pour palier au manque d’informations, il leur est arrivé de raconter n’importe quoi ? Ou peut-être, le manque d’humour était-il devenu une affliction indispensable pour paraître sérieux, important et surtout : « dans le vent »,  pour reprendre l’expression de l’époque. Enfin, il n’y a pas lieu d’être aigris car nous, on s’est quand même bien marrés...

Jupiter Sunset


Partie 1 (enfance, Marseille), Partie 2 (débuts avec Aimé Barelli, caves de jazz à Saint-Germain-des-Prés), Partie 3 (Monte-Carlo), Partie 4 (Algérie, retour à Paris, Istamboul), Partie 5 (Parapluies de Cherbourg, Jupiter Sunset)... (A suivre)

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Doublage de "La Belle et la Bête" (2017)

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Hier, le film La Belle et la Bête (2017) des studios Disney est sorti en salles dans toute la France. 
Doubler ce film musical en français était un vrai défi, que ce soit pour l'adaptation (respecter le texte des chansons du doublage du film d'animation de 1991 tout en le modifiant pour des raisons de synchronisme) ou la distribution des voix (trouver des interprètes pouvant aussi bien assurer les dialogues que le chant, ou des comédiens et chanteurs dont les voix raccordent parfaitement), occasionnant quelques rebondissements (plusieurs changements de distribution entre le début (fin novembre 2016) et la fin (courant janvier 2017) du doublage).
Pour ce qui est de la distribution artistique, le monde du théâtre musical a été mis à contribution, et je suis fier que parmi les artistes ayant passé les auditions et réussi les essais (dont Julien Mior, qui offre une interprétation chantée de Gaston pleine d'humour et de générosité) certains aient été repérés par Claude Lombard et Barbara Tissier grâce à mes soirées "Dans l'ombre des studios", auxquelles elles avaient assisté ou participé.
Notons la présence dans ce doublage de plusieurs chanteurs ayant joué le spectacle La Belle et la Bête au Théâtre Mogador (Yoni Amar, Julien Mior, Alexandre Faitrouni, Léovanie Raud, Olivier Podesta, Manon Taris, etc.), des deux acteurs français ayant participé au tournage (Alexis Loizon -également dans le spectacle de Mogador- et Rafaëlle Cohen) qui se doublent eux-mêmes, mais aussi de l'immense Daniel Beretta, voix de Lumière dans le film d'animation de 1991, qui ici fait partie des choeurs avec sa fille Barbara.

Ayant une douzaine d'amis impliqués dans ce doublage, et étant "fan" du film d'animation d'origine, j'ai suivi de très près cette version française et j'ai le plaisir de vous proposer en exclusivité une distribution vocale presque exhaustive (quelques petites précisions seront ajoutées ultérieurement).
Un grand bravo à tous les interprètes, ainsi qu'à Barbara Tissier, Claude Lombard, Philippe Videcoq et toute l'équipe technique.

LA BELLE ET LA BETE (2017)



Direction artistique: Barbara TISSIER
Direction musicale: Claude LOMBARD
Adaptation: Claude RIGAL-ANSOUS (chansons de 1991) et Philippe VIDECOQ (dialogues, nouvelles chansons et retouches des chansons de 1991)
Enregistrement dialogues: Nicolas POINTET
Enregistrement chansons: Estienne BOUSSUGE
Montage: Jean-François ANNE
Supervision: Boualem LAMHENE et Virginie COURGENAY
Studio d'enregistrement: DUBBING BROTHERS
Studio de mixage: SHEPPERTON INTERNATIONAL

Emma Watson... Belle... Leopoldine SERRE (Dialogues)
Emma Watson... Belle... Emmylou HOMS (Chant)
Dan Stevens... La Bête... Yoni AMAR
Luke Evans ... Gaston... Marc ARNAUD (Dialogues)
Luke Evans ... Gaston... Julien MIOR (Chant)
Josh Gad... LeFou... Alexandre FAITROUNI
Kevin Kline...Maurice... Bernard ALANE
Hattie Morahan... Agathe / L'Enchanteresse (narratrice)... Leovanie RAUD
Ewan McGregor... Lumière... Guillaume BEAUJOLAIS
Ian McKellen...Big Ben... Philippe CATOIRE
Emma Thompson... Mme Samovar... Sophie DELMAS
Nathan Mack... Zip... Aloïs AGAESSE-MAHIEU
Audra McDonald... Madame Garderobe... Frederique VARDA
Stanley Tucci... Maestro Cadenza... Xavier FAGNON
Gugu Mbatha-Raw... Plumette... Magali BONFILS
Clive Rowe... Cuisinier... Olivier PODESTA*
Haydn Gwynne...Clothilde... Martine IRZENSKI* (Dialogues)
Haydn Gwynne...Clothilde... Barbara BERETTA* (Chant)
Gerard Horan...Jean le potier / M. Samovar... Michel DODANE* (Dialogues)
Gerard Horan...Jean le potier / M. Samovar... Jean-Claude DONDA* (Chant)
Ray Fearon... Père Robert (bibliothécaire)... Jean-Baptiste ANOUMON*
Adrian Schiller... Monsieur D'arque... Arnaud LEONARD*
Adam Mitchell... Jeune Prince... Matisse JACQUEMIN-BONFILS*
Michael Jibson... Tavernier... Pierre VAL*
Jimmy Johnston... Tom (comparse de Gaston)... David KRUGER*
Dean Street... Dick (comparse de Gaston)... Olivier CONSTANTIN*
Alexis Loizon... Stanley (comparse de Gaston)... Alexis LOIZON*
Sophie Reid, Rafaëlle Cohen et Carla Nella... Les trois "groupies" de Gaston... Camille DONDA*, Rafaëlle COHEN* et Camille TIMMERMAN*
Obioma Ugoala... Paysan dragueur... Jean-Michel VAUBIEN *
Chris Andrew Mellon... Méchant instituteur... Arnaud LEONARD*
Leo Andrew... Apothicaire... Jean-Claude DONDA*
Vivien Parry... La mère des trois groupies ("Il faut avouer que son nom est fait pour elle, etc.")... Leovanie RAUD*
Skye Lucia Degruttola... La petite fille du lavoir... Pamela JOSSO*
Voix chantées diverses dans "Belle" (acteurs à identifier): Barbara BERETTA* ("Bonjour" solo 1, "Il m'faut, six oeufs, vous n'avez plus d'fèves?", "Une part", "J'vous d'mande pardon"), Richard ROSSIGNOL* ("Bonjour" solo 3), Jean-Claude DONDA* ("Bonjour" solo 4), Mery LANZAFAME* ("Bonjour, très bien, et votre femme?"), Magali BONFILS* ("Quelles jolies fleurs"), Olivier PODESTA* ("Je vous l'découpe"), Fily KEITA* ("Le pain est sec"), Daniel BERETTA* ("Mes soles sont vertes") et Olivier CONSTANTIN* ("Mettez vos lunettes")
Voix additionnelles: Virginie CAGLIARI, Agnès CIRASSE, François DELAIVE, Sébastien OSSARD et Richard LEROUSSEL
Leads choeurs divers: Manon TARIS* (soprano lead choeurs "C'est la fête"/"Final") et Arnaud LEONARD* (choeurs Big Ben) 
Choeur (ensemble vocal et leads)*: Magali BONFILS, Mery LANZAFAME, Fily KEITA, Barbara BERETTA, Olivier CONSTANTIN, Richard ROSSIGNOL, Olivier PODESTA et Daniel BERETTA
Choeur d'enfants/ados (ensemble vocal et leads)*: Coralie THUILIER, Anaëlle TAIEB, Rebecca BENHAMOUR, Jaynelia COADOU, Clara QUILICHINI, Matisse JACQUEMIN-BONFILS, Alban THUILIER, Simon FALIU, Léo RISTORTO et Ferhat BENMOUSSA 

Sources: Générique de fin, Rémi C. (Dans l'ombre des studios)*
(Remerciements à mes amis comédiens-chanteurs)



"Belle", introduction de La Belle et la Bête (2017)


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Fiches voxographiques Disney, 3ème partie: De Mélodie du sud à Danny le petit mouton noir

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Après une très longue interruption, voici la suite (mais pas la fin) de la synthèse des recherches sur les premiers doublages Disney que j'ai effectuées en collaboration avec François Justamand (La Gazette du Doublage), Olikos (Grands Classiques) et Greg Philip (Film perdu). 
Avec la participation des meilleures "oreilles" dans leur spécialité (dont Jean-Pierre Nord (voix masculines années 30-60), Bastoune (voix féminines années 30-80), David Gential (voix masculines et féminines années 70-90) et votre serviteur (voix de chanteurs)) et de plusieurs interprètes.
J'en ai par ailleurs profité pour mettre à jour mes deux anciens articles (De Blanche-Neige à Dumbo et De Bambi à La Boîte à Musique).


LODIE DU SUD (1946)

Premier doublage français (sortie française le 14 décembre 19491) :
Société : Léo et Max Kikoine RKO Films 2
Studio : CTM Gennevilliers 2
Direction artistique : Daniel Gilbert 2
Direction musicale : Georges Tzipine 2
Adaptation : Louis Sauvat 2
Supervision : Victor Szwarc 2
Enregistrement : Jacques Boutiron 2

Oncle Rémus: Habib Benglia (Dialogues)
Georges : René Bériard  3
Grand-Mère : Olga Nilza  3
Ginette : Mireille Gervais  3
Tante Sophie : Maya Noël  3  (Dialogues)
Sally : Marie Servane  4
Monsieur Renard : Camille Guérini 3
Frère Ours : Jo Charrier (Chant)
Monsieur Lapin : Zappy Max (Chant)
Grenouille : Jo Charrier 5

Redoublage français partiel de la version de 1949 (1991) :
Petit segment du film redoublé juste avant la dernière conversation entre Alice et Rémus :
Ginette : Barbara Tissier 1
Alice : Arlette Thomas 6
Remus : Robert Liensol  6
Remarque : Doublage exploité en VHS depuis 1991. Film inédit en DVD pour des raisons d’auto-censure.

Fiches voxographiques de Mélodie du sud réalisées par François Justamand (La Gazette du Doublage), Rémi Carémel (Dans l’ombre des studios), Greg Philip (Film perdu) et Olikos (Les Grands Classiques). Ces fiches ont été vérifiées par plusieurs spécialistes mais peuvent contenir des erreurs. Pour toute reprise de ces informations, veuillez noter en source ce lien. Mise à jour : 14 mai 2017.
Sources :
2Carton VHS/DVD/Blu Ray (merci à Marc-André),
6Arachnée / Planète Jeunesse.


COQUIN DE PRINTEMPS (1947)

Doublage français d'origine (sortie française le 29 mars 1950) :
Direction artistique : Daniel Gilbert 1

Jiminy Cricket : Camille Guerini 1 (Dialogues)
Jiminy Cricket : Jacques Bodoin 1 (Chant)
Edgar Bergen : René-Marc 1
Luana Patten : Mireille Gervais 1
Marionnette Ophélia : Maurice Nasil2
Marionnette Charlie McCarthy : Maurice Nasil ? 2
Marionnette Mortimer : Georges Hubert ?3
Narratrice « Bongo Roi du Cirque » : Geneviève Guitry 4 (Dialogues)
Narratrice « Bongo Roi du Cirque » : Germaine Sablon 1 (Chant)
Employé du cirque : Camille Guérini  2
Soliste quadrille des ours : Camille Guérini  5
Mickey Mouse : Jacques Bodoin 1
Donald Duck : Jacques Bodoin ? 1
Dingo: Jacques Bodoin ? 1
Willie le Géant : Pierre Morin ? 1 (Dialogues)
Harpe enchantée : Paulette Rollin 1
Choeur : Les Voix du Rythme 1
Remarques : - Doublage exploité en salles et sur certaines VHS de 1950 à 1996. Inédit en DVD « officiels ».
-En raison de la voix « multiforme » de Jacques Bodoin et du « forçage » des voix de plusieurs personnages, il est difficile d’être catégorique sur nos identifications de voix.

Second doublage français (enregistrement en juin 1997 4, sortie française en 1997) :
Société: Dubbing Brothers 6
Studio « Coquin de printemps » / « Mickey et le haricot magique »: Dubbing Brothers 6
Studio « Bongo »: Télétota 6
Direction artistique : Nathalie Raimbault  6
Direction musicale : Georges Costa  6
Adaptation dialogues et chansons « Coquin de printemps » : Claude Rigal-Ansous 6
Adaptation dialogues « Bongo » : Patrick Siniavine 6
Adaptation  chansons « Bongo » : Luc Aulivier 6
Adaptation dialogues et chansons « Mickey et le haricot magique » : Philippe Videcoq 6
Enregistrement : Frédéric Dray 6

Jiminy Cricket : Roger Carel 6
Edgar Bergen et ses marionnettes : Roger Carel 6
Luana Patten : Kelly Marot 6
Narratrice et soliste Bongo Roi du Cirque : Marie Ruggeri 6
Soliste quadrille des ours : Olivier Constantin2
Mickey Mouse : Jean-François Kopf 6
Donald Duck : Sylvain Caruso 6
Dingo : Gérard Rinaldi 6
Willie le Géant : Richard Darbois 6
Harpe enchantée : Bénédicte Lécroart 6
Remarque : Doublage exploité en VHS et DVD de 1997 à nos jours.

Fiches voxographiques de Coquin de printemps réalisées par François Justamand (La Gazette du Doublage), Rémi Carémel (Dans l’ombre des studios), Greg Philip (Film perdu) et Olikos (Les Grands Classiques). Ces fiches ont été vérifiées par plusieurs spécialistes mais peuvent contenir des erreurs. Pour toute reprise de ces informations, veuillez noter en source ce lien. Mise à jour : 21 mai 2017.
Sources :
1François Justamand / La Gazette du Doublage (Remerciements à Jacques Bodoin),
2Rémi Carémel / Dans l'ombre des studios (Remerciements à Marie Ruggeri),
6Carton VHS/DVD/Blu-Ray.



                   MÉLODIE COCKTAIL (1948)

Doublage français d'origine (enregistrement en 1950, sortie française le 28 février 1951) :
Société : Léo et Max Kikoine RKO Films 1
Studio : CTM Gennevilliers 1
Direction artistique : Daniel Gilbert 1
Direction musicale : Georges Tzipine 1
Adaptation : Louis Sauvat 1
Supervision : Victor Szwarc 1
Enregistrement : Jacques Boutiron 1

Introduction « Une chanson »
Chanteur soliste : Claude Robin 2
Narrateur : René-Marc 3
Chœur : Trio Jacqmain - Les voix du rythme 
N’aimez-vous donc pas décembre ?
Narrateur : René-Marc 3
Chanteuse principale : Renée Lebas 
Johnny-Pépin-de-Pomme
Narrateur : René-Marc 3 
Johnny : Jean Raphaël  (Chant)
Ange Gardien : Maurice Nasil 3 
Une pionnière : Mona Dol  4
Petit Toot
Narrateur : René-Marc 3
A la gloire d’un arbre
Narrateur : René-Marc 3
C'est la faute de la samba
Narrateur : René-Marc 3
Chœur : Trio Jacqmain - Les voix du rythme 1
La légende de Pecos Bill
Narrateur : René-Marc 3
Chanteur « Ombre bleue » : Jean Sablon 2
Luana Patten : Mireille Gervais 4
Cowboy 1 : Jean Berton3
Cowboy 2 : Marcel Painvin 3
Chanteur « Le cowboy du Texas » : Johnny Mesta 1
Cowboy moustachu : Jacques Beauchey 3
Chœur : Trio Jacqmain - Les voix du rythme 1
Remarque : Curieusement, Jean Sablon (qui était une « star » dans les années 30 et 40) n’était pas mentionné dans le dossier de presse d’époque. A-t-il enregistré « Ombre bleue » au dernier moment ? Où nous trompons-nous et s’agit-il d’un sosie vocal ?

Seconde version française (1998) :
Société : Dubbing Brothers 1
Studio « Le temps d’une chanson »/ « Bumble Boogie » / « Johnny-Pépin-de-Pommes » : Dubbing Brothers 1
Studio « C’est un souvenir de décembre » / « Petit Toot »: Télétota 1
Direction artistique : Colette Venhard 1
Direction musicale : Georges Costa 1
Adaptation « Le temps d’une chanson »/ « Bumble Boogie » / « Johnny-Pépin-de-Pommes »: Jean Chavot 1
Adaptation « C’est un souvenir de décembre » / « Petit Toot » : Luc Aulivier 1

Introduction « Le temps d’une chanson »
Chanteur soliste : Michel Barouille 1
Narrateur : Renaud Marx 1
C'est un souvenir de décembre
Narrateur : Georges Caudron 1
Chanteuse principale : Marie Myriam 1
Solistes : Dominique Poulain 5Georges Costa 5 et Jean Stout 5
Bumble Boogie
Narrateur : François Berland 1
Johnny-Pépin-de-Pomme
Narrateur: François Berland 1
Vieux Pionnier: Pierre Dourlens 1
Johnny: Hervé Rey 1
Ange Gardien: Bernard Alane 1
Une pionnière : Colette Venhard 6
Chanteur: Michel Costa 1
Petit Toot
Chanteuse : Graziella Madrigal  1
Chœur : Dominique Poulain 1, Martine Latorre 1 et Francine Chantereau 1
A la gloire d'un arbre
Narrateur : Pierre Laurent 1
C'est la faute de la samba
Narrateur: François Berland 1
La légende de Pecos Bill
Narrateur : François Berland 1
Chanteur « Ombre bleue » et « Le cowboy du Texas »: Olivier Constantin 1
Roger: Guy Chapelier 1
Cowboy 1: Bernard Métraux 1
Cowboy 2: Jean-Louis Faure 1
Cowboy 3: Pierre Laurent 1
Bobby Driscoll: Elliot Weill 1
Luana Patten: Manon Azem 1
Choeurs: Jean-Claude Briodin 1Francine Chantereau 1Olivier Constantin 1Georges Costa 1Michel Costa 1Martine Latorre 1Graziella Madrigal 1Dominique Poulain 1 et Jean Stout 1
Remarque : Dans certaines éditions VHS ou DVD, la séquence « Pecos Bill » est proposée en version non-censurée, avec le redoublage et en plein milieu un extrait du premier doublage (scène censurée qui n'a donc pas été redoublée en 1998).

Fiches voxographiques de Mélodie Cocktail réalisées par François Justamand (La Gazette du Doublage), Rémi Carémel (Dans l’ombre des studios), Greg Philip (Film perdu) et Olikos (Les Grands Classiques). Ces fiches ont été vérifiées par plusieurs spécialistes mais peuvent contenir des erreurs. Pour toute reprise de ces informations, veuillez noter en source ce lien. Mise à jour : 14 mai 2017.
Sources :
1Carton DVD/VHS/TV (Remerciements à Chrisis2001), 
6Mauser91 / Nouveau forum doublage francophone.



DANNY LE PETIT MOUTON NOIR (1948)

Doublage français d'origine (1998)
Société : Dubbing Brothers 1
Direction artistique : Michel Derain 1
Direction musicale : Georges Costa 1
Adaptation des dialogues : Liliane Talut 1
Adaptation des chansons : Luc Aulivier 1

Jeremiah "Jerry" Kincaid : Elliott Weill 1
Tildy : Manon Azem 1
Grand-mère Kincaid : Lily Baron 1
Oncle Hiram : Jean-Michel Farcy 1
Grundy : Georges Poujouly 1
Le Juge : Nicolas Vogel 1
Le Vieux Hibou : Gérard Rinaldi 1
Narrateur : Michel Papineschi 1
Mr Burns : Marc Alfos 2
Villageois : Pierre Baton 2
Voix-annonce "La joie des soldats" : Michel Derain 2
Soliste "Si cher à mon coeur" : Daniel Beretta 3
Le Boeuf : Jean Stout 3 (chanson "Tu dois faire avec tout ce que tu as")
Christophe Colomb : Jean Stout 3 (chanson "C'est la ténacité qui te fait triompher")
Robert Bruce : Daniel Beretta 3 (chanson "C'est la ténacité qui te fait triompher")
L'Araignée : Olivier Constantin 3 (chanson "C'est la ténacité qui te fait triompher")
Vigie : Olivier Constantin 3 (chanson "C'est la ténacité qui te fait triompher")
Remarque : Ce film n’a, à notre connaissance, pas connu de V.F. à l’époque de sa sortie.

Fiches voxographiques de Danny le petit mouton noir réalisées par François Justamand (La Gazette du Doublage), Rémi Carémel (Dans l’ombre des studios), Greg Philip (Film perdu) et Olikos (Les Grands Classiques). Ces fiches ont été vérifiées par plusieurs spécialistes mais peuvent contenir des erreurs. Pour toute reprise de ces informations, veuillez noter en source ce lien. Mise à jour : 14 mai 2017.
Sources : 
1Carton VHS/DVD/Blu-Ray, 


ET LA SUITE ? 
3) Mélodie du Sud / Coquin de printemps / Mélodie Cocktail / Danny le petit mouton noir

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